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L’histoire pour le plaisir

Eudocie Ingérina

vendredi 31 janvier 2020, par ljallamion

Eudocie Ingérina (vers 840-882/883)

Impératrice byzantine

L'Empire Byzantin en 867, à la fin du règne de Michel III.Femme de l’empereur Basile 1er le Macédonien.

Elle était la fille du Varègue [1] Inger, officier de la garde varangienne, et d’une Byzantine de la famille des Martinakioi.

Vers 855, elle devint la maîtresse du jeune empereur Michel III, qui voulait l’épouser. Mais l’impératrice mère Théodora et son ministre Théoctiste s’opposèrent à ce projet : organisant le traditionnel concours de sélection de la future impératrice, ils autorisèrent formellement Eudocie Ingérina à s’y présenter, mais imposèrent le choix de la vertueuse Eudocie Décapolitissa . Cet épisode contribua à la brouille du jeune empereur avec sa mère et le puissant ministre, et au meurtre de ce dernier exécuté par Bardas le 20 novembre 855.

Pendant le restant du règne de Michel III, Eudocie Décapolitissa fut l’impératrice en titre, mais elle semble avoir été complètement ignorée par son époux, qui poursuivit sa liaison avec Eudocie Ingérina.

Au début de l’année 866, cette dernière se révéla être enceinte ; l’empereur lui fit alors épouser son favori Basile le Macédonien, qui dut pour ce mariage divorcer de sa première femme Marie, et qui se vit en contrepartie accorder comme maîtresse Thècle, sœur aînée de Michel. En avril de cette année, dans un camp militaire près de Milet [2] d’où devait partir une expédition de reconquête de la Crète [3] sur les Arabes, Michel III fit assassiner son oncle et premier ministre Bardas par Basile. En mai, celui-ci fut promu césar, puis couronné coempereur.

Eudocie Ingérina, désormais impératrice, donna naissance à deux fils : Léon le futur empereur Léon VI, né en septembre 866, et Étienne futur patriarche Étienne 1er, né en novembre 867. Officiellement fils de Basile, ils étaient très vraisemblablement ceux de Michel. En septembre 867, craignant apparemment de perdre la faveur de Michel, Basile l’assassina au cours d’une beuverie, et il devint seul empereur.

Basile et Eudocie Ingérina eurent ensuite un fils, Alexandre , né en 870, et trois filles. Mais dès janvier 868, Basile associa au trône Constantin, fils qu’il avait eu de sa première femme Marie, et qu’il destinait de toute évidence à sa succession. Léon fut également associé vers 870, mais il fut toujours rejeté par Basile, qui visiblement ne le tenait pas pour son fils.

Constantin étant mort prématurément en septembre 879, au grand désespoir de son père, Alexandre fut à son tour associé au trône. Quant à Étienne, il avait été châtré et voué à une carrière ecclésiastique.

En 882, Eudocie Ingérina organisa le mariage de Léon : bien que celui-ci fût épris de Zoé Tzaoutzina , fille de l’officier arménien Stylianos Tzaoutzès , elle lui imposa d’épouser la très pieuse Théophano Martinakia , qui était sa parente du côté maternel. Eudocie mourut peu de temps après ce mariage.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du VIe au IXe siècle, 2006

Notes

[1] La garde varangienne ou garde varègue formait un corps d’élite de l’armée byzantine. Les Varègues apparurent dans le monde byzantin en 839 quand l’empereur Théophile négocia avec eux pour obtenir quelques mercenaires pour son armée. Bien que les Rus’ eussent le plus souvent des relations pacifiques avec les Byzantins, les raids varègues depuis le nord n’étaient pas rares. Ces attaques eurent lieu en 860, 907, 911, 941, 945, 971 et finalement en 1043. Ces raids n’eurent d’autre succès qu’une renégociation des traités de commerce ; militairement, les Varègues étaient toujours vaincus par l’armée de Constantinople, qui utilisait le feu grégeois. La classe gouvernante des deux villes-États puissantes de Novgorod et Kiev finit par devenir varègue, et les Byzantins purent bientôt acheter les services d’une force mercenaire officielle, qui devint la garde varègue. Ceci advint en 988, quand le prince de Kiev, Vladimir 1er se convertit à l’orthodoxie. En échange de la main de la sœur de Basile II, Anne, Vladimir donna 6 000 Varègues comme garde personnelle. Cette unité, s’ajoutant à la liste des tagmata, fut l’un des éléments les plus efficaces et loyaux de l’armée byzantine, comme le rapporte la chronique d’Anne Comnène pendant le règne de son père Alexis 1er.

[2] Milet est une ancienne cité grecque ionienne. Le site archéologique est situé sur la côte sud-ouest de la Turquie, à quelques kilomètres au nord de l’agglomération de Balat, qui a été une des capitales du beylicat de Menteşe au 14ème siècle. Le site de Milet est actuellement à plus de cinq kilomètres à l’intérieur des terres à cause du comblement de la baie par les alluvions apportés par le Méandre.

[3] La Crète, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce