- Carte du Croissant fertile par James Henry Breasted, 1916.
Tout change vers 12.500 ans av. jc. Le Moyen-Orient se couvre de graminées [1] et l’« on a pu calculer qu’une personne pouvait récolter en deux semaines assez d’engrain sauvage pour nourrir une famille de 4 personnes pendant un an ».
Entre l’an 12.500 et l’an 7.500 av. jc, de petites communautés humaines commencent de se grouper dans des villages permanents.
Au Proche-Orient, dans la région du Jourdain [2], certaines communautés profitent de cette nourriture abondante à portée de main pour habiter à plusieurs familles dans un village permanent plutôt que de se déplacer sans cesse et de dormir dans des abris de fortune. Ils choisissent de vivre groupés mais sans rien changer à leur pratique de chasseur-cueilleur.
La mise à jour près du Mont Carmel et sur le site de Ouadi en-Natouf [3] d’où l’appellation de Natoufiens donnée par les savants aux représentants de cette lointaine culture.
Dès 4 500 ans av. jc, les hommes du Levant s’aperçoivent qu’en faisant fondre certaines roches, ils obtiennent un matériau mou et malléable à chaud qui devient très dur et résistant en refroidissant. Quand il est bien modelé à chaud, ce matériau rend plus de services que la pierre taillée ou polie. Le premier métal qu’apprennent à travailler les hommes est le cuivre, produit à partir de la malachite [4].
Les hommes apprennent également à produire de l’étain à partir de la cassitérite [5] et, en mélangeant le cuivre et l’étain, obtiennent du bronze, un alliage aux vertus intéressantes, qui se prête à la fabrication d’armes et d’outils. C’est ainsi qu’après l’époque néolithique vient l’Âge des métaux.
Les paysans font appel à des artisans spécialisés pour leur fournir les outils et les vêtements dont ils ont besoin. Ces artisans tissent la laine du mouton ainsi que des fibres végétales comme le lin ou le chanvre, pour en faire des vêtements. D’autres fabriquent des poteries en terre cuite pour conserver les céréales et l’huile ainsi que pour cuire les aliments...
Puis elles développent l’agriculture en complément de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Elles pratiquent ensuite l’élevage et enfin cultivent les arts du feu, notamment la poterie et la métallurgie du bronze.
Pour travailler la terre, les paysans utilisent des outils de plus en plus spécialisés : houe, faucille... Ces outils sont en bois, en pierre polie, voire en bronze.
Au Moyen-Orient, au bout de quelques milliers d’années, les pluies se faisant plus rares, les populations d’agriculteurs se concentrent dans une région en forme de croissant que nous appelons pour cette raison Croissant fertile [6].
Dans ce Croissant fertile, de grands fleuves favorisent l’irrigation des champs et compensent la raréfaction des pluies. Ces fleuves sont le Nil [7], qui traverse l’Égypte, le Jourdain, qui baigne la Palestine et surtout le Tigre [8] et l’Euphrate [9] dont le bassin forme la Mésopotamie [10].
L’écriture, apparaît presque simultanément en Mésopotamie et en Chine, 3 à 4 000 ans avant notre ère et engendre les premiers États avec un embryon d’administration.
Ce changement est observé au Moyen-Orient et presque simultanément en Chine du nord, au Sahara et dans la Cordillère des Andes.
Des deux millénaires qui s’écoulent entre 9500 et 7500 avant notre ère, il nous reste des vestiges remarquables sur le site de Jéricho [11], la plus ancienne des villes actuelles, comme sur celui de Mureybet [12], au bord de l’Euphrate.