Élie (927 av. jc- ?)
Prophète majeur dans les religions abrahamiques
Prophète d’Israël du 9ème siècle av. jc, son ministère a lieu dans le royaume d’Israël [1] après la mort de Salomon. Il est le prophète de YHWH [2], Dieu d’Israël, face au dieu des Cananéens [3], Baal , dont la reine d’Israël Jezabel s’est faite l’ardente missionnaire. Il réalise de nombreux prodiges avant de s’envoler aux cieux dans un tourbillon. Il est aussi, selon les prophètes bibliques, l’annonciateur du Messie à la fin des temps.
La tradition a rapporté qu’Élie aurait résidé en ermite, avec des disciples dans une grotte du mont Carmel [4]. Cette grotte est connue sous le nom de l’école des prophètes.
Élie serait né en 927 av.jc. Enlevé par un char céleste, il est vivant éternellement. L’histoire du prophète Élie est connue par ce que les exégètes [5] ont appelé le Cycle d’Élie.
Selon l’Ancien Testament, Élie était un habitant du pays de Galaad [6] et aussi un Tishbite [7]. La tradition l’a fait connaître comme ayant une grande foi en YHWH et lui a attribué de nombreux miracles, dont même ceux de ressusciter les morts et de faire descendre le feu du ciel.
Dans le Premier livre des Rois, Élie apparaît dans l’histoire pour avertir Achab , le roi d’Israël, de la survenue d’une sécheresse causée parce qu’il empêche la pluie de tomber.
Il part ensuite faire une retraite près d’un torrent affluent du Jourdain [8]. Il boit l’eau du torrent et est ravitaillé en nourriture par des corbeaux. Au bout d’un certain temps le torrent se tarit, puis Élie part vers Sidon [9] où une veuve de la ville de Sarepta [10] le reçoit et le nourrit. Un miracle a alors lieu, car les maigres provisions de la veuve ne s’épuisent pas jusqu’au retour de la pluie. Le fils de la veuve tombe malade et meurt, puis ressuscite sur une prière d’Élie.
La sécheresse annoncée par Élie devait durer plus de 3 ans. La troisième année de sécheresse, Dieu renvoie Élie auprès du roi Achab. Élie rencontre un serviteur du roi nommé Abdias et lui demande de l’annoncer. Abdias craint que cette annonce provoque son exécution si Élie disparaît à nouveau, et plaide en évoquant son passé, où il a protégé des prophètes de Dieu que la reine Jézabel voulait faire tuer. Élie lui assure qu’il se montrera à Achab et malgré ses craintes, Abdias prévient le roi qui vient à la rencontre d’Élie.
Élie réprimande le roi pour avoir sacrifié au dieu Baal et laissé son épouse Jézabel dîner avec 400 prophètes d’ Astarté Le roi convoque le peuple et tous les prophètes sur le mont Carmel. Élie est seul face à quatre cent cinquante prophètes de Baal. Chaque camp choisit des taureaux pour en faire offrande à son dieu, mais sans y mettre le feu. Les prêtres de Baal s’agitent mais en vain, le feu ne vient pas consumer leurs offrandes. Élie fait un autel et place les offrandes qu’il fait arroser d’eau par trois fois. Il fait alors une prière et le feu s’abat sur l’autel. Alors Élie donne l’ordre de se saisir des prêtres de Baal et il les égorge. Élie dit à Achab de retourner en char à Jizreel [11] avant que la pluie ne l’arrête, la pluie se met à tomber, tandis qu’Élie devance Achab en courant.
Informée par Achab, Jézabel menace Élie de lui faire subir le même sort qu’il a fait subir aux prêtres de Baal. Élie s’enfuit vers Beer-Sheva [12] dans le royaume de Juda [13] pour s’y réfugier. Élie, complètement découragé par ce qui lui arrive et souhaitant mourir, s’endort au pied d’un genêt. Un ange le réveille et lui offre à manger, il mange et se rendort. L’ange revient et Élie peut marcher ainsi pendant 40 jours.
Arrivé à la caverne du mont Horeb [14], Élie s’y réfugie.
Environ 6 ans plus tard, il met en garde Achab et Jézabel d’un risque de mort violente après que Jézabel a manœuvré pour s’accaparer la vigne d’un certain Naboth dont elle provoqua la mort par lapidation en le livrant à la foule. Achab, roi d’Israël, et Josaphat , roi de Juda, s’allient pour faire la guerre contre Aram [15]. Au cours d’un combat, Achab est tué. Son fils Achazia lui succède et commet les mêmes fautes aux yeux d’Élie.
En effet, Achazia, qui tombe du balcon de ses appartements, veut consulter l’oracle de Baal sur sa guérison. Élie va à la rencontre des messagers du roi pour leur annoncer la mort prochaine du roi parce qu’il a préféré Baal au Dieu d’Israël. Par la volonté de Dieu, Élie brûle cent hommes d’Achazia venus le capturer, puis se laisse emmener pour réitérer sa funeste prédiction devant le roi. Celui-ci meurt peu après, et son fils Joram lui succède.
Le Siracide [16], un livre deutérocanonique [17], mentionne Élie parmi les grands personnages de l’histoire d’Israël et rappelle ses hauts faits. Le texte suggère qu’il y a une vie après la mort pour les croyants.
Élie est le prophète le plus fréquemment cité dans le Nouveau Testament. Dans l’Évangile de Jean, on rapporte que les pharisiens [18] demandent à Jean le Baptiste ceci : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ ni Élie, ni le prophète ?
Dans les épîtres, Élie est également mentionné comme modèle inspiration pour la prière. L’épître de Jacques fait aussi référence à Élie pour parler du pouvoir de la prière.
Les commentaires du Coran et les savants musulmans s’accordent pour considérer que le prophète Élie avait été envoyé par Dieu aux Hébreux qui vivaient dans la région du Cham [19]. Ils croient qu’Élie habitait dans la célèbre cité de Baalbek [20].
Notes
[1] Le royaume d’Israël est un royaume du Proche-Orient ancien établi par les Israélites dans le nord de la Palestine à l’âge du fer. Il existe pendant environ 200 ans, de la fin du 10ème au 8ème siècle av. jc. (environ 930-720 av. jc). Les historiens le nomment souvent royaume de Samarie ou royaume du Nord pour le différencier du royaume de Juda, au sud. Selon la Bible hébraïque, il succède au royaume uni d’Israël et de Juda.
[2] Yahweh
[3] Cananéen est l’adjectif se rapportant à la région de Canaan, l’ancien nom donné aux territoires, correspondant à peu près, actuellement à Israël
[4] Le mont Carmel, est une montagne côtière d’Israël surplombant la mer Méditerranée. La ville de Haïfa se trouve en partie sur le flanc du mont Carmel, ainsi que quelques petites villes, comme Nesher ou Tirat Carmel. Selon la Bible, le prophète Élie y résidait, d’où son autre nom de « mont Saint-Élie », en arabe, jabal Mar Elyas. C’est sur le mont Carmel, qu’affrontant les prêtres de Baal au nom du Dieu d’Israël, il accomplit les miracles destinés à prouver aux Israélites l’inanité de leurs croyances idolâtres ou syncrétistes. Après sa victoire, les prêtres de Baal ont été mis à mort.
[5] L’exégèse biblique est une exégèse, étude approfondie d’un texte et en particulier d’un texte sacré, appliquée à la Bible. On appelle exégète une personne qualifiée pour ce type de travail. Le Talmud, qui regroupe la Michna (les lois) et la Guemara (commentaires exégétiques) fait lui-même l’objet d’études et d’analyses, c’est-à-dire d’exégèse. L’exégèse juive ne s’arrête donc pas avec la rédaction du Talmud, mais continue pendant le Moyen Âge et la Renaissance.
[6] Dans la Bible, la chaîne de montagnes qui longe le Jourdain sur sa rive orientale depuis la vallée de la rivière Yarmouk au nord, marquant la frontière avec le pays de Bashan, jusqu’aux rives de la mer Morte au sud et la vallée de la rivière Arnon et le royaume de Moab, est appelée montagnes de Galaad.
[7] c’est-à-dire originaire de la ville de Tishbé, au nord de la rivière Yabboq dans le djebel adjloun (entre le Yarmouk et l’Arnon), un nom de même racine que le mot captivité en hébreu
[8] Le Jourdain est un fleuve du Moyen-Orient, qui a donné son nom à la Jordanie, à la Cisjordanie et à la ville de L’Isle-Jourdain en France. Du mont Hermon à la mer Morte, le Jourdain s’écoule sur 360 km et sa vallée est la plus basse du monde puisqu’il rejoint la mer Morte à l’altitude de - 421 m sous le niveau des océans.
[9] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’antiquité la capitale incontestée de la Phénicie. La ville était construite sur un promontoire s’avançant dans la mer. Ce fut le plus grand port de la Phénicie sous son roi Zimrida, au 18ème siècle.
[10] Sarepta, était une ville phénicienne fortifiée sur la côte méditerranéenne entre Sidon et Tyr, dont l’emplacement était situé juste au nord de l’actuelle ville de Sarafand.
[11] Jezraël, Jezrahel, Jezréel ou Jizréel est une ancienne ville située sur la frontière du domaine de la tribu d’Issacar, puis appartenant au royaume d’Israël. Son site archéologique se situe de nos jours au sud de la vallée de Jezreel, en Israël. La vue panoramique qu’offre le site vers le nord et l’est lui confère une importance stratégique au temps du royaume d’Israël, sur la route commerciale et militaire entre l’Égypte, la Syrie et la Mésopotamie. La forteresse de Jezraël est édifiée au cours du 9ème siècle av. jc, probablement sous le règne du roi Omri. Elle est active sous le règne du roi Achab et sa femme Jézabel, et celui de leur fils le roi Joram. Elle est détruite peu après, probablement par les Araméens, vers 840 av. jc.
[12] Beer-Sheva, est une ville du district sud d’Israël . D’après les vestiges mis au jour à Tel Beer Sheva, un site archéologique situé à quelques kilomètres au nord-est de la ville moderne, il est avéré que le site a été occupé par l’Homme depuis le 4ème millénaire av. jc. La cité a été plusieurs fois détruite et reconstruite au cours des siècles.
[13] Le royaume de Juda est un royaume du Proche-Orient ancien. Selon la tradition, il a existé à partir de 931 av.jc concomitamment avec le royaume d’Israël, et en rivalité avec lui. Sa disparition intervient en 587 av.jc lors d’une campagne menée par Nabuchodonosor II contre Jérusalem.
[14] Le mont Horeb est le lieu où le Deutéronome place l’épisode de la remise du Décalogue à Moïse par Dieu. Il est décrit dans deux passages (Exode, III, 1 et I Rois, XIX, 8) comme la « Montagne de Dieu ». C’est aussi le lieu de la rencontre d’Élie avec Dieu.
[15] Aram Damas était un État araméen du Proche-Orient ancien aux environs de Damas en Syrie, de la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc. Les informations concernant cet État viennent d’annales assyriennes, de textes araméens et de la Bible hébraïque.
[16] Le Siracide, appelé aussi l’Ecclésiastique ou encore La Sagesse de Ben Sira, est l’un des livres sapientiaux de l’Ancien Testament écrit vers 200 av. jc. Le Siracide tient son nom de son auteur, Jésus Ben Sira. Les juifs et les protestants considèrent ce livre comme apocryphe, et par conséquent non canonique ; les juifs alexandrins, les chrétiens orthodoxes et les catholiques le considèrent comme un livre saint.
[17] Les livres deutérocanoniques sont les livres de la Bible que l’Église catholique et les Églises orthodoxes incluent dans l’Ancien Testament et qui ne font pas partie de la Bible hébraïque. On décrit les livres de la Bible hébraïque comme protocanoniques, c’est-à-dire du premier canon, alors que les livres deutérocanoniques sont, selon l’Église catholique et les Églises orthodoxes, du second canon, d’après la langue grecque deuteros « secondaire ». Le protestantisme et le judaïsme ne voient pas ces livres comme inspirés et les considèrent donc comme apocryphes.
[18] Les pharisiens sont l’un des partis juifs en activité en Judée pendant la période du Second Temple (2ème siècle av.jc/1er siècle). Leur courant de pensée est appelé « pharisaïsme » ou « pharisianisme ». De nombreux enseignements des pharisiens sont incorporés à la tradition rabbinique. Ils se distinguent notamment par le recours à la Torah orale pour fixer la loi juive.
[19] regroupant la Syrie actuelle ainsi qu’une petite partie du Liban et tout le territoire actuel de la Jordanie et de la Palestine
[20] située dans l’est de l’actuel Liban, près de la frontière syrienne