Il appartient à la dynastie des Oldenbourg [1], commencée par Christian 1er . Fils cadet de Christian IV, roi de Danemark et de Norvège, et d’Anne Catherine de Brandebourg, il succède à son père en 1648, son frère aîné étant mort en juin 1647.
Le 1er octobre 1643, il épouse à Glückstadt [2] Sophie-Amélie de Brunswick-Calenberg , fille du duc Georges de Brunswick-Calenberg et d’ Anne-Éléonore de Hesse-Darmstadt .
Sa position comme plus jeune fils de Christian IV a profondément influencé sa vie future. Pendant son enfance et son adolescence, il n’était pas l’héritier du trône et par conséquent, il devint l’instrument de son père dans son désir d’expansion en Allemagne.
Alors qu’il était encore jeune homme, il devint évêque de Brême-et-Verden [3], coadjuteur [4] d’Halberstadt [5]. À l’âge de dix-huit ans, il fut promu commandant en chef de la forteresse de Stade. Ainsi, dès son plus jeune âge, il acquit une considérable expérience comme administrateur. Il eut toujours un goût très prononcé pour les études littéraires et scientifiques.
Au cours de la guerre qui opposa le Danemark à la Suède en 1643/1645, Frédéric fut nommé commandant des duchés par son père et remporta peu de victoires, la cause principale incombant à des querelles qui l’opposèrent au maréchal Anders Bille , commandant en chef des forces danoises. Ce fut son premier affrontement avec la noblesse danoise qui considéra toujours Frédéric avec méfiance.
Son règne est marqué par des conflits internes et la lutte pour la suprématie en mer Baltique.
La mort de son frère aîné Christian, en juin 1647 lui ouvrit la perspective de devenir prince héritier. La question était encore en suspens lorsque Christian IV mourut le 28 février 1648. Jusqu’au 6 juillet 1648, les sujets du nouveau roi Frédéric III refusèrent de lui prêter hommage. Celui-ci eut lieu lorsque le roi signa une charte par laquelle il réduisait les prérogatives royales.
Frédéric III fut un prince réservé et énigmatique, riant rarement, parlant peu, écrivant encore moins, tout à l’inverse de son père Christian IV. Frédéric III n’avait pas les qualités impulsives et joviales de son père, mais possédait à un haut degré les vertus de la modération et de la maîtrise de soi. Il fut un fervent collectionneur et fonda la Bibliothèque royale de Copenhague [6] en 1648.
Les premières années de son règne furent marquées par une secrète résistance contre les deux hommes les plus puissants du royaume : Korfits Ulfeldt et Hannibal Sehested . Tous deux furent démis de leurs fonctions en 1651. Korfits Ulfeldt s’exila en Suède où il devint un traître et Hannibal Sehested fit un retour en faveur en 1660.
Frédéric III considéra à juste titre comme une source de danger pour son pays l’accession au trône de Charles X Gustave le 6 juin 1654. Il estimait que le tempérament et la politique de Charles X Gustave de Suède se conjuguaient pour stimuler l’agressivité suédoise. La seule incertitude était de savoir dans quelle direction se tourneraient les bras de Charles X Gustave de Suède en premier ?
Charles X Gustave envahit la Pologne en juillet 1654. Ce fut un soulagement pour les Danois, même si la guerre était pleine de dangers latents pour le Danemark. Le Risgsdag [7] se réunit le 23 février 1657 et accorda volontiers de considérables subventions pour la mobilisation et les dépenses militaires. Le 23 avril 1657, Frédéric III reçut l’avis de la majorité de la Rigsraad [8] pour attaquer les possessions suédoises en Allemagne. Début mai 1557, Frédéric III attendit la rupture des négociations et le 1er juillet 1657 il signa le manifeste justifiant la guerre. Ce conflit ne fut donc jamais officiellement déclaré.
Charles X Gustave déjoua tous les plans de ses ennemis en attaquant par le Jutland [9], en traversant en janvier et février 1658 les détroits danois [10] pris par les glaces, menaçant ainsi directement Copenhague et l’existence même du Danemark comme royaume indépendant. Devant cette écrasante défaite, Frédéric III dut capituler.
Cédant aux instances de ses alliés Français, le roi de Suède se contenta de mutiler, plutôt que d’anéantir, la couronne danoise. Frédéric III signa le 26 février 1658 le traité de Roskilde [11] par lequel il abandonnait à la Suède ses provinces au sud de la péninsule scandinave [12].
La conclusion de la paix fut suivie d’un épisode surprenant. En effet, le roi du Danemark exprima le désir de faire connaissance de son vainqueur. Charles X Gustave consentit à être l’invité du roi du Danemark pendant 3 jours. Il fut reçu au château de Frederiksborg [13] du 3 mars au 5 mars 1658. De splendides banquets eurent lieu jusque tard dans la nuit et des conversations privées se déroulèrent entre les deux souverains qui sortaient tout juste d’une lutte à mort.
Cependant Charles X Gustave de Suède insatiable de conquêtes et soupçonneux envers le Danemark envahit ce dernier sans motif raisonnable et sans déclaration de guerre, au mépris de toutes les lois internationales en vigueur à cette époque. Il débarqua ainsi à Korsør [14] sur l’île de Seeland [15] le 17 juillet 1658. Personne n’avait prévu la possibilité de cette soudaine et brutale attaque, personne n’ignorait au Danemark que la capitale danoise était très mal fortifiée et possédait une faible garnison.
Heureusement, Frédéric III ne perdit jamais courage. « Je vais mourir dans mon nid » tels furent les mots mémorables par lesquels il réprimanda les conseillers qui lui recommandaient la sécurité. Le 8 août 1658, les représentants de tous les ordres de la capitale exhortèrent à la nécessité d’une vigoureuse résistance et les habitants de Copenhague, dirigés par le bourgmestre [16] Hans Nansen protestèrent de leur inébranlable loyauté envers le roi et leur détermination à défendre Copenhague jusqu’à l’extrémité.
Les Danois furent alertés 3 jours avant l’approche du danger. Les vastes et vétustes lignes de défense comportaient seulement 2000 défenseurs. Mais le gouvernement et le peuple firent preuve d’une mémorable et exemplaire énergie sous la surveillance du roi, de la reine et du bourgmestre Nansen. Au début de septembre 1658, toutes les infrastructures furent réparées, les murs et les canons installés et 7000 hommes en armes furent disposés.
La ville fut si fortement fortifiée que Charles X Gustave de Suède renonça à lancer l’assaut sur Copenhague et commença le siège. Par la suite, il convertit le siège en blocus maritime, empêchant ainsi l’approvisionnement de la capitale par la flotte néerlandaise. La défaite navale de l’Øresund [17], le 29 octobre 1658, força Charles X Gustave à mettre fin au blocus de la capitale danoise et il finit par abandonner entièrement le siège. Le roi de Suède préparait pourtant une autre attaque contre le Danemark, lorsqu’il mourut en 1660. Les Néerlandais aidèrent ensuite à la libération des îles danoises en 1659. Ainsi Copenhague sauva la monarchie danoise.
Frédéric III profita de la défense des intérêts communs du pays et de la dynastie. La traditionnelle loyauté des Danois des classes moyennes se transforma en un enthousiasme débordant pour le roi et pendant une brève période, Frédéric III fut l’homme le plus populaire en son royaume. Il fit usage de sa popularité pour réaliser le rêve de sa vie en instaurant la monarchie absolue en 1660.
Sous le règne de Frédéric III le pouvoir absolu est donc établi au Danemark. Pendant la Guerre de Trente Ans [18], le pouvoir monarchique de Christian IV était devenu économiquement dépendant des grands négociants et financiers flamands par des prêts exorbitants. Il lui avait donc fallu s’allier politiquement avec les milieux des négociants, ce qui avait eu pour résultat que le pouvoir de la noblesse s’était affaibli aussi bien politiquement qu’économiquement.
Dans une assemblée des états à Copenhague en 1660, le roi Frédéric III et les grands négociants réussissent à prendre le pouvoir.
Le pouvoir absolu a demeuré jusqu’en 1849, date à laquelle, sous le règne du roi Frédéric VII , la constitution dite démocratique a été promulguée.
Pendant les dix dernières années de son règne, la popularité de Frédéric déclina. La monarchie une fois consolidée, il tenta de panser les plaies de la guerre. Il transforma l’administration et de nouveaux hommes accédèrent au gouvernement qui fut marqué par des rivalités entre ministres et conseillers, comme celle d’Hannibal Sehested et de Christopher Gabel . Au cours de cette période dite Kongelove [19], la constitution danoise de la monarchie absolue fut rédigée en 1665. Copenhague devint une ville de garnison et la défense du pays fut renforcée.
En 1665, Frédéric III eut l’occasion de rendre le service rendu par les Néerlandais en 1558 et 1559 en empêchant les Anglais de prendre la cargaison néerlandaise en provenance des Indes Orientales. La flotte des Pays-Bas trouva refuge en Norvège et les Anglais persuadèrent Frédéric III de partager la cargaison avec eux, mais avant que la flotte danoise n’eût atteint Bergen [20], le commandant de la forteresse avait déjà acheminé les navires anglais.
Le 2 août 1665 eut lieu la bataille de Vågen [21] qui vit la défaite des Anglais.
Frédéric III décéda le 9 février 1670 au château de Copenhague [22] et fut inhumé en la cathédrale de Roskilde [23].