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François de France ou François d’Alençon

samedi 16 mars 2019

François de France ou François d’Alençon (1555-1584)

Duc d’Alençon-Duc d’Anjou, de Touraine-Duc de Brabant et Château-Thierry

Né au château de Fontainebleau [1], dernier fils de Henri II et de Catherine de Médicis.

Presque nain à la naissance, François fut pourtant baptisé Hercule et reçut pour parrains le cardinal Louis 1er de Lorraine et le connétable de France [2] Anne de Montmorency, et pour marraine, la duchesse de Ferrare [3] Anne d’Este . On le débarrassa ensuite de ce prénom après la mort de son frère aîné le roi François II en 1560. Il est le dernier né de la famille royale et souffre des grands égards qu’on porte à son frère aîné, le duc d’Anjou le futur Henri III.

François est un prince revêche, taciturne et ambitieux. Il jalouse à l’extrême son frère Henri, à l’ombre duquel il a grandi. Étant jeune, François a été gravement touché par la petite vérole et son visage en a été durement marqué. Tout l’oppose à son frère : la physionomie, l’allure et le caractère. François ne reçoit pas de sa mère Catherine de Médicis autant de responsabilité que le duc d’Anjou. Mais dès 1569, il est chargé du gouvernement de la ville de Paris en l’absence du roi. Toutefois la reine mère Catherine ne lui fait guère confiance, et François en conçoit du dépit.

Tout comme son frère le roi Henri III, il s’entoure de mignons dont le plus connu est Bussy d’Amboise , mais contrairement au roi, il n’était pas toujours fidèle en amitié et était prêt à trahir certains d’entre eux si le besoin s’en faisait sentir.

À la tête du parti des Malcontents [4], François joua un rôle politique particulièrement important dans la France des années 1570. Il provoqua des troubles à la cour de son frère Henri III et participa aux 6ème et 7ème guerres de religion.

En 1571, l’échec des négociations pour marier le duc d’Anjou avec la reine d’Angleterre Élisabeth pousse Catherine de Médicis à proposer son fils François, bien que celui-ci, âgé de 16 ans, soit de 22 ans le cadet de la souveraine britannique. C’est à cette époque que commence la carrière politique de François.

Après le massacre de la Saint-Barthélemy [5] en 1572, François devient le centre des mécontentements qui s’élèvent contre le renforcement de l’autorité royale. Il prend peu à peu conscience du rôle qu’il peut jouer dans la politique du royaume. Lors du siège de la Rochelle [6], François, 18 ans, marque son opposition au duc d’Anjou, 22 ans, qui conduit le siège et se lie d’amitié avec son beau-frère, le roi [Henri III de Navarre le futur Henri IV], époux de sa sœur Marguerite de Valois dite la Reine Margot.

Prétendant de la reine Élisabeth 1ère d’Angleterre de 1572 à sa mort, il ne se maria jamais.

Après le départ du duc d’Anjou pour la Pologne où il avait été élu roi, François espère succéder comme roi de France à Charles IX, 23 ans, dont la santé se détériore de jour en jour et qui n’a qu’une fille de son mariage avec Élisabeth d’Autriche . Avec Henri de Navarre, il met en place le complot dit des Malcontents, pour s’imposer comme successeur à la place de son frère Henri. Catherine de Médicis parvient à déjouer la conspiration et François est arrêté. Henri, devenu roi, lui pardonne, mais son jeune frère demeurera retenu à la cour sous surveillance.

En 1575, François continue d’être à la cour le chef du parti d’opposition. Il subit les brimades et les moqueries dont il fait l’objet de la part des mignons de son frère. Catherine de Médicis tente de calmer le jeu mais en vain car un soir de bal, François se fait directement insulter et prend la résolution de s’enfuir. Il s’échappe à travers un trou creusé dans les remparts de Paris.

Sa fuite crée la stupeur. Les mécontents de la politique royale et les protestants s’unissent derrière lui. En septembre, il est rejoint par le roi de Navarre qui est parvenu lui aussi à s’enfuir.

La guerre qui s’ouvre est prometteuse pour François. Henri III doit baisser les armes. Le 6 mai 1576, est proclamé l’Édit de Beaulieu [7], surnommé « La paix de Monsieur ». Cet édit permet la liberté de culte pour les réformés dans tout le royaume de France. Dans chaque parlement provincial sont créées des chambres mi-parties. Enfin les victimes du Massacre de la Saint-Barthélemy sont réhabilitées.

François reçoit l’Anjou [8] en apanage et une indemnité extraordinaire. Il se réconcilie avec le roi et reprend triomphalement sa place à la Cour sous le titre de « Monsieur ».

Après avoir rompu avec Philippe II d’Espagne, les Pays-Bas se cherchent un nouveau prince. Leur regard se porte sur François d’Anjou. En 1579, il est invité par Guillaume d’Orange à devenir le souverain des provinces des Pays-Bas.

Le 29 septembre 1580, les provinces à l’exception de la Zélande [9] et de la Hollande [10] signent le traité de Plessis-lès-Tours [11] avec François qui prend le titre de protecteur de la liberté des Pays-Bas.

En 1581, des négociations continuent pour le mariage de François avec Élisabeth 1ère d’Angleterre. Élisabeth le surnomme sa grenouille. Leur rencontre est de bon augure mais nul ne sait ce qu’en pense réellement la reine. Le peuple anglais est particulièrement opposé à ce mariage, du fait que François est un prince français et aussi de religion catholique.

Puis François retourne aux Pays-Bas, où il est officiellement intronisé. Il reçoit le titre de duc de Brabant [12] en 1582, mais il commet l’erreur de décider sur un coup de tête de prendre Anvers [13] par la force. Le 18 janvier 1583, ses troupes sont repoussées. C’est la furie française d’Anvers.

L’échec du duc d’Anjou ne l’empêche pas de reprendre les négociations avec les provinces des Pays-Bas [14]. Mais il meurt de la tuberculose le 10 juin 1584 à Château-Thierry [15]. Ce décès a d’importantes répercussions politiques. Le roi Henri III demeurant toujours sans descendance à cette date, la disparition du duc d’Anjou permet au protestant Henri de Navarre le futur Henri IV de devenir l’héritier direct de la couronne de France.

La perspective d’un roi huguenot favorise dès lors un renouveau du radicalisme catholique et finit par déclencher la 8ème guerre de religion.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Laurent Bourquin, Les nobles, la ville et le roi. L’autorité nobiliaire en Anjou pendant les guerres de Religion, Belin, coll. « Histoire et Société - Essais d’Histoire Moderne », 2001 (chap. IV : « François d’Anjou, un autre roi René ? (1576-1584) » 

Notes

[1] Le château royal de Fontainebleau est un château de styles principalement Renaissance et classique, jouxtant le centre-ville de Fontainebleau (Seine-et-Marne), à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Paris. Haut lieu de l’histoire de France, le château de Fontainebleau a été l’une des demeures des souverains français depuis François 1er (qui en fit sa demeure favorite) jusqu’à Napoléon III.

[2] Le connétable de France était le chef des armées du roi.

[3] Marquis de Ferrare, et duc de Modène et Reggio depuis le 1er octobre 1450, Borso d’Este reçoit de l’Empereur Frédéric III la confirmation sur ses fiefs (car il était enfant illégitime) et le titre de duc le 18 mai 1452. Le 12 avril 1471, il est également anobli au titre de Duc de Ferrare par le pape Paul II dans la basilique Saint-Pierre.

[4] Les malcontents désignent deux partis dans les guerres de religion du 16ème siècle en France et dans les Flandres. Ils se caractérisent par une déception (« malcontentement ») face à la politique du souverain. Tous deux réclament une remise à plat du gouvernement royal, principalement marquée par une participation plus large des grands lignages au conseil du roi, sans pour autant se placer dans une attitude de révolte. Ils sont modérés sur le plan religieux.

[5] Le massacre de la Saint-Barthélemy est le massacre de protestants déclenché à Paris, le 24 août 1572, jour de la saint Barthélemy, prolongé pendant plusieurs jours dans la capitale, puis étendu à plus d’une vingtaine de villes de province durant les semaines suivantes. Cet événement des guerres de Religion résulte d’un enchevêtrement complexe de facteurs, aussi bien religieux et politiques que sociaux. Il est la conséquence des déchirements militaires et civils de la noblesse française entre catholiques et protestants, notamment de la vendetta entre le clan des Guise et celui des Châtillon-Montmorency. Il est le résultat d’une sauvage réaction parisienne, ultra-catholique et hostile à la politique royale d’apaisement. Il reflète également les tensions internationales entre les royaumes de France et d’Espagne, avivées par l’insurrection aux Pays-Bas. Pendant longtemps, la tradition historiographique a fait du roi Charles IX et de sa mère, Catherine de Médicis, les principaux responsables du massacre. Faute de sources, les historiens sont restés longtemps partagés sur le rôle exact de la couronne. Ils retiennent aujourd’hui que seuls les chefs militaires du clan protestant étaient visés par l’ordre royal. Dès le matin du 24 août, Charles IX avait ordonné l’arrêt immédiat des tueries mais, dépassé par la fureur du peuple, il n’avait pu les empêcher.

[6] Le siège de La Rochelle de 1573 est le siège militaire ordonné par le roi catholique Charles IX contre la ville protestante de La Rochelle. Il est l’évènement principal de la 4ème guerre de Religion qui fait suite au massacre de la Saint-Barthélemy. Il opposa l’armée royale et catholique commandé par le duc d’Anjou, frère du roi (futur Henri III), aux habitants protestants de La Rochelle. Il eut lieu du 11 février au 26 juin 1573.

[7] L’édit de Beaulieu, également connu sous le nom de paix de Loches, est signé à Beaulieu-lès-Loches par Henri III de France le 6 mai 1576. Il met fin à la cinquième guerre de religion en reconnaissant le culte protestant et en lui accordant de nombreuses garanties. Il est aussi appelé paix de Monsieur, le frère du roi, appelé Monsieur, en étant le principal bénéficiaire malgré sa trahison.

[8] L’Anjou est une région historique et culturelle française, correspondant à l’ancienne province du même nom et dont la capitale est Angers. Bien que le duché ait disparu, le terme « Anjou » est toujours utilisé pour définir le territoire de Maine-et-Loire

[9] La Zélande est une province maritime du sud-ouest des Pays-Bas, bordée à l’ouest par la mer du Nord, au sud par la frontière belge, à l’est par le Brabant et au nord par la Hollande-Méridionale.

[10] La Hollande est une région et une ancienne province des Pays-Bas. En 1840, elle a été divisée en deux entités distinctes : la Hollande-Septentrionale et la Hollande-Méridionale. Du fait de l’importance historique de celle-ci, le terme Hollande est aussi utilisé, par synecdoque, pour désigner l’ensemble des Pays-Bas, bien que cette appellation ne soit pas officielle. La Hollande fut successivement incluse dans la Francie médiane lors du traité de Verdun en 843, puis dans la Lotharingie en 855 ; un comté du Saint Empire romain germanique de 925 à 1430, mais le comté est assez autonome dès la fin du 10ème siècle ; une province des Pays-Bas bourguignons, de 1430 (héritage forcé de Jacqueline de Bavière au profit de Philippe le Bon) à 1482 ; une province des Pays-Bas espagnols, de la fin du 15ème siècle (1504 ?) à 1648 (indépendance des actuels Pays-Bas) ; la principale province des Provinces-Unies

[11] Le traité de Plessis-lès-Tours a été signé en septembre 1580 entre les Provinces-Unies et le duc François d’Anjou. Selon les termes de ce traité, François d’Anjou acceptait le trône des Pays-Bas, le but poursuivi étant de rendre les Provinces Unies indépendantes de la monarchie espagnole de Philippe II d’Espagne. L’accord n’a jamais pu devenir effectif à cause des restrictions que le traité imposait au pouvoir de François d’Anjou. L’autre raison de cet échec est la tentative infructueuse qu’a faite François d’Anjou d’attaquer Anvers.

[12] Le titre de duc de Brabant a été créé lorsque l’empereur Frédéric Barberousse éleva en 1183/1184 le landgraviat de Brabant en duché en faveur de Henri 1er de Brabant. En 1190, Henri 1er succède à son père Godefroid III de Louvain comme duc de Basse-Lotharingie (Lothier), mais sans autorité territoriale ou judiciaire en dehors de ses propres comtés. À partir de 1288, les ducs de Brabant deviennent aussi ducs de Limbourg.

[13] Anvers est une ville belge dans la Région flamande, chef-lieu de la province d’Anvers et de l’arrondissement administratif du même nom. Archétype de la ville bourgeoise-marchande depuis le Bas Moyen Âge elle constitue alors, selon Fernand Braudel, le centre du commerce international et de la haute finance tout au long du 16ème siècle.

[14] Les Pays-Bas espagnols étaient les États du Saint Empire romain rattachés par union personnelle à la couronne espagnole sous le règne des Habsbourgs, entre 1556 et 1714. Cette région comprenait les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, ainsi que des territoires situés en France et en Allemagne. La capitale était Bruxelles.

[15] Château-Thierry est une commune française située dans le département de l’Aisne. Elle est le lieu de naissance de Jean de La Fontaine et est située dans la région des batailles de la Marne. En 1544, la ville est prise et pillée par Charles Quint. Jusqu’à la Révolution française, elle appartient à la Champagne.