Né au château de Fontainebleau [1], dernier fils de Henri II et de Catherine de Médicis.
Presque nain à la naissance, François fut pourtant baptisé Hercule et reçut pour parrains le cardinal Louis 1er de Lorraine et le connétable de France [2] Anne de Montmorency, et pour marraine, la duchesse de Ferrare [3] Anne d’Este . On le débarrassa ensuite de ce prénom après la mort de son frère aîné le roi François II en 1560. Il est le dernier né de la famille royale et souffre des grands égards qu’on porte à son frère aîné, le duc d’Anjou le futur Henri III.
François est un prince revêche, taciturne et ambitieux. Il jalouse à l’extrême son frère Henri, à l’ombre duquel il a grandi. Étant jeune, François a été gravement touché par la petite vérole et son visage en a été durement marqué. Tout l’oppose à son frère : la physionomie, l’allure et le caractère. François ne reçoit pas de sa mère Catherine de Médicis autant de responsabilité que le duc d’Anjou. Mais dès 1569, il est chargé du gouvernement de la ville de Paris en l’absence du roi. Toutefois la reine mère Catherine ne lui fait guère confiance, et François en conçoit du dépit.
Tout comme son frère le roi Henri III, il s’entoure de mignons dont le plus connu est Bussy d’Amboise , mais contrairement au roi, il n’était pas toujours fidèle en amitié et était prêt à trahir certains d’entre eux si le besoin s’en faisait sentir.
À la tête du parti des Malcontents [4], François joua un rôle politique particulièrement important dans la France des années 1570. Il provoqua des troubles à la cour de son frère Henri III et participa aux 6ème et 7ème guerres de religion.
En 1571, l’échec des négociations pour marier le duc d’Anjou avec la reine d’Angleterre Élisabeth pousse Catherine de Médicis à proposer son fils François, bien que celui-ci, âgé de 16 ans, soit de 22 ans le cadet de la souveraine britannique. C’est à cette époque que commence la carrière politique de François.
Après le massacre de la Saint-Barthélemy [5] en 1572, François devient le centre des mécontentements qui s’élèvent contre le renforcement de l’autorité royale. Il prend peu à peu conscience du rôle qu’il peut jouer dans la politique du royaume. Lors du siège de la Rochelle [6], François, 18 ans, marque son opposition au duc d’Anjou, 22 ans, qui conduit le siège et se lie d’amitié avec son beau-frère, le roi [Henri III de Navarre le futur Henri IV], époux de sa sœur Marguerite de Valois dite la Reine Margot.
Prétendant de la reine Élisabeth 1ère d’Angleterre de 1572 à sa mort, il ne se maria jamais.
Après le départ du duc d’Anjou pour la Pologne où il avait été élu roi, François espère succéder comme roi de France à Charles IX, 23 ans, dont la santé se détériore de jour en jour et qui n’a qu’une fille de son mariage avec Élisabeth d’Autriche . Avec Henri de Navarre, il met en place le complot dit des Malcontents, pour s’imposer comme successeur à la place de son frère Henri. Catherine de Médicis parvient à déjouer la conspiration et François est arrêté. Henri, devenu roi, lui pardonne, mais son jeune frère demeurera retenu à la cour sous surveillance.
En 1575, François continue d’être à la cour le chef du parti d’opposition. Il subit les brimades et les moqueries dont il fait l’objet de la part des mignons de son frère. Catherine de Médicis tente de calmer le jeu mais en vain car un soir de bal, François se fait directement insulter et prend la résolution de s’enfuir. Il s’échappe à travers un trou creusé dans les remparts de Paris.
Sa fuite crée la stupeur. Les mécontents de la politique royale et les protestants s’unissent derrière lui. En septembre, il est rejoint par le roi de Navarre qui est parvenu lui aussi à s’enfuir.
La guerre qui s’ouvre est prometteuse pour François. Henri III doit baisser les armes. Le 6 mai 1576, est proclamé l’Édit de Beaulieu [7], surnommé « La paix de Monsieur ». Cet édit permet la liberté de culte pour les réformés dans tout le royaume de France. Dans chaque parlement provincial sont créées des chambres mi-parties. Enfin les victimes du Massacre de la Saint-Barthélemy sont réhabilitées.
François reçoit l’Anjou [8] en apanage et une indemnité extraordinaire. Il se réconcilie avec le roi et reprend triomphalement sa place à la Cour sous le titre de « Monsieur ».
Après avoir rompu avec Philippe II d’Espagne, les Pays-Bas se cherchent un nouveau prince. Leur regard se porte sur François d’Anjou. En 1579, il est invité par Guillaume d’Orange à devenir le souverain des provinces des Pays-Bas.
Le 29 septembre 1580, les provinces à l’exception de la Zélande [9] et de la Hollande [10] signent le traité de Plessis-lès-Tours [11] avec François qui prend le titre de protecteur de la liberté des Pays-Bas.
En 1581, des négociations continuent pour le mariage de François avec Élisabeth 1ère d’Angleterre. Élisabeth le surnomme sa grenouille. Leur rencontre est de bon augure mais nul ne sait ce qu’en pense réellement la reine. Le peuple anglais est particulièrement opposé à ce mariage, du fait que François est un prince français et aussi de religion catholique.
Puis François retourne aux Pays-Bas, où il est officiellement intronisé. Il reçoit le titre de duc de Brabant [12] en 1582, mais il commet l’erreur de décider sur un coup de tête de prendre Anvers [13] par la force. Le 18 janvier 1583, ses troupes sont repoussées. C’est la furie française d’Anvers.
L’échec du duc d’Anjou ne l’empêche pas de reprendre les négociations avec les provinces des Pays-Bas [14]. Mais il meurt de la tuberculose le 10 juin 1584 à Château-Thierry [15]. Ce décès a d’importantes répercussions politiques. Le roi Henri III demeurant toujours sans descendance à cette date, la disparition du duc d’Anjou permet au protestant Henri de Navarre le futur Henri IV de devenir l’héritier direct de la couronne de France.
La perspective d’un roi huguenot favorise dès lors un renouveau du radicalisme catholique et finit par déclencher la 8ème guerre de religion.