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Muhammad ibn Ismâ`îl ou Muhammad al-Maktûm

samedi 22 décembre 2018, par lucien jallamion

Muhammad ibn Ismâ`îl ou Muhammad al-Maktûm (740-813)

Premier imam caché selon les Ismaéliens

Les Ismaéliens [1] forment eux-mêmes une branche chiite [2] de l’islam. Il est le fils d’ Ismaïl ben Jafar , héritier désigné de l’imam Jafar as-Sadiq, qui serait mort selon les diverses traditions vers 765.

À la mort en 765 de son grand-père, un conflit d’héritage opposa les partisans de Muhammad ibn Ismâ`îl, qui affirmaient que l’imamat se transférait de père en fils, à ceux du frère cadet de Ismâ’il ben Ja’far, Musa al-Kazim . Ces derniers forment la branche duodécimaine du chiisme [3].

La tradition ismaélienne semble préférer la date de 775 pour la mort de Ja’far, qui est donc la date admise de prise du pouvoir comme imâm ismaélien de Muhammad ben Ismâ`il.

Muhammad ben Ismâ`il a vécu 24 ans auprès de son grand-père Ja`far as-Sâdiq et encore 10 ans avec sa famille à Médine [4]. Pendant tout ce temps il se tint coi jusqu’au décès de son grand-père en 765, seuls quelques proches ayant connaissance de son identité réelle. Il était en effet recherché par le calife abbasside [5] Hârûn ar-Rashîd, adversaire du chiisme en général.

De Médine il envoyait ses missionnaires non seulement pour prêcher l’ismaélisme mais aussi pour rechercher un pays où il pourrait se mettre à l’abri de la menace abbasside. Lorsque le calife Hârûn ar-Rashîd eut des informations à son sujet, il envoya des émissaires pour l’arrêter. Muhammad ben Ismâ`il parvint à s’enfuir grâce un souterrain qu’il avait fait aménager à cet effet.

En 799, son oncle Mûsâ al-Kâzim, reconnu par les duodécimains comme leur imâm, est emprisonné à Bagdad par le calife Hârûn ar-Rashîd, puis empoisonné.

Durant sa fuite Muhammad ben Ismâ`il était accompagné d’un certain Maymûn al-Qaddah dit Maymûn le flamboyant, à moins que ce nom ne soit que le pseudonyme utilisé par Muhammad ben Ismâ`il dans ses déplacements. Dans les deux cas celui qui parlait au nom de Muhammad ben Ismâ`il se faisait appeler Maymûn al-Qaddâh.

En admettant l’hypothèse de deux personnages, Muhammad ben Ismâ`il aurait eu un fils appelé `Abd Allâh al-Wâfî en 828 et Maymûn al-Qaddâh aurait eu un fils appelé lui aussi `Abd Allâh. Si bien que les deux personnages se cachaient derrière leurs homonymes. Cette possible confusion, voire cet échange des rôles à servi aux Abbassides pour jeter le discrédit sur l’origine valide des califes fatimides [6] en 1010. Cette période de vie cachée a valu à Muhammad son surnom de al-Maktûm* [7].

En 805, le calife Rashîd donne l’ordre à Ishâq ben al-Abbas, gouverneur de Ray [8], d’arrêter Muhammad ben Ismâ`il et de le lui envoyer à Bagdad. Mais le gouverneur, pratiquant secrètement l’ismaélisme, n’obéit pas. Les espions du calife lui révélèrent que non seulement l’imam logeait chez al-Abbas mais que c’était de là que partaient les dâ`is [9].

Par ailleurs, le gouverneur du Khorasan [10], province orientale de la Perse, accablait ses sujets avec des impôts excessifs. Hârûn ar-Rashîd prit alors la décision de déposer ce gouverneur abusif, et du même coup d’arrêter les Ismaéliens. Lors d’une rencontre entre les deux, à Ray, le gouverneur du Khorasan revint en grâce à force de cadeaux, mais Ishâq ben al-Abbas, le gouverneur de Ray, fut arrêté et torturé à mort sans qu’il révélât quoi que ce soit.

Muhammad ben Ismâ il alla se réfugier chez un autre gouverneur, ami des Ismaéliens, dans la région d’Hamadân [11], où il eut une vie paisible. Surpris en prière à la mosquée par un agent des Abbassides, Muhammad ben Ismâ il dut s’enfuir plus au sud de la Perse au Khûzestân [12]. De là il s’enfuit à nouveau vers le Khorasan déguisé en marchand et il s’installa à Chapur dans la province du Fars [13].

Toujours poursuivi par les Abbassides, Muhammad ben Ismâ`il se réfugia finalement dans la vallée de Ferghana [14]. Il est mort en 813 et c’est son fils Abd Allâh al-Wâfî qui lui succéda

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Muhammad ibn Ismâ`îl/ Portail de l’islam /Catégories : Chiisme/Ismaélisme

Notes

[1] L’ismaélisme est un courant minoritaire de l’islam chiite. Ses membres sont appelés ismaéliens. Son nom provient d’Ismaïl ben Jafar. L’ismaélisme n’est pas spécifiquement persan, ni arabe, ni indien ; il a une longue histoire qui est complexe et, loin d’être unifié, l’ismaélisme se subdivise en plusieurs rameaux (Mubârakiyya, Khattâbiyya, Qarmates, Druzes, Mustaliens, Nizârites, Septimain). Les adeptes de l’ismaélisme sont appelés ismaéliens ou ismaīlis ; il ne faut pas les confondre avec les ismaélites descendants d’Ismaël, prophète de l’islam et patriarche biblique.

[2] Le chiisme constitue l’une des deux principales branches de l’islam, l’autre étant le sunnisme. Il regroupe environ 15 à 20 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne

[3] Le chiisme duodécimain désigne le groupe des chiites qui croient dans l’existence des douze imams. 90 % des chiites sont duodécimains et ils sont majoritaires parmi les écoles de la pensée chiite. Ils sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et constituent la communauté musulmane majoritaire au Liban.

[4] Médine est une ville d’Arabie saoudite, capitale de la province de Médine, située dans le Hedjaz. C’est là que vint s’installer en 622 à l’hégire le prophète de l’islam, Mahomet, après qu’il eut, selon le Coran, reçu l’ordre de Dieu de quitter La Mecque, ville distante de plus de 430 km. C’est aussi là qu’il mourut et fut enterré en 632. La ville abrite son tombeau dans la Masjid An Nabawi (mosquée du Prophète) ainsi que les premiers califes Abou Bakr et Omar, les autres personnes importantes de l’islam restant au cimetière Al-Baqi.

[5] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[6] chiites

[7] le « Silencieux »

[8] près de la ville actuelle de Téhéran

[9] missionnaires

[10] Le Khorassan (également orthographié Khorasan, Chorasan ou Khurasan) est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran.

[11] Hamadan ou Hamedan ou en dialecte locale Hemedan est l’une des principales ville d’Iran dans la région occidentale et montagneuse du pays, capitale de la province du même nom. Cette ville est située sur les pentes de l’Alvand, à plus de 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui fait d’elle l’un des villes les plus froides de l’Iran. Hamadan est considérée comme la plus ancienne ville d’Iran et l’une des plus anciennes du monde. Elle est connue dès l’Antiquité sous le nom d’Ecbatane capitale de la Médie et du premier empire iranien.

[12] province aujourd’hui frontalière de l’Irak

[13] sud-ouest de l’Iran

[14] au nord-est de l’Ouzbékistan, au pied de la chaîne du Pamir