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L’histoire pour le plaisir

Robert de Neubourg

samedi 6 octobre 2018

Robert de Neubourg (vers 1101-1159)

Noble normand

Deuxième fils d’Henri de Beaumont 1er comte de Warwick [1], et de Marguerite fille de Geoffroy II, comte du Perche [2].

À la mort de son oncle Robert 1er de Meulan le comte de Meulan [3] et 1er comte de Leicester [4] de son cousin le comte Galéran IV de Meulan, peut-être afin de réunir une seigneurie partagée.

Sa demande étant rejetée, il prend immédiatement part à la révolte des barons normands contre Henri 1er d’Angleterre en faveur de Guillaume Cliton.

En septembre 1118, au nom de Cliton, il effectue un raid sur les domaines de son cousin. En réaction à sa rébellion, le roi fait sacquer le Neubourg [5] en septembre de la même année. Il doit s’enfuir et se réfugier à la frontière du duché auprès de ses compagnons de rébellion.

Toutefois, à la mort de son père en 1119, il se soumet au roi et se réconcilie avec lui pour entrer en possession du patrimoine normand paternel. Les possessions anglaises de son père reviennent à son frère aîné Roger de Beaumont .

Sous le règne de Henri II d’Angleterre, il devient vidame [6], sénéchal [7] de Normandie et justicier du duché.

Il épouse Godechilde, fille de Raoul III de Tosny, qui apporte en dot une partie du fief d’Acquigny [8].

Pieux, il finance l’abbaye Notre-Dame du Bec [9], en particulier la construction presque entièrement à ses frais de la salle capitulaire entre 1140 à 1146.

Après s’être présenté à la cour du Roi de France en 1158, il abandonne ses fonctions auprès du roi d’Angleterre et duc de Normandie, pour prendre la robe au Bec, abbaye à laquelle il laisse à sa mort, un mois plus tard, une partie de ses possessions.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de David Crouch, « Beaumont, Henry de, first earl of Warwick (d. 1119) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.

Notes

[1] Le titre de comte de Warwick est l’un des plus anciens comtés de la pairie d’Angleterre (aujourd’hui éteinte), et est dorénavant lié au titre de Baron Brooke dans la pairie du Royaume-Uni, créée en 1837. Il fut créé par Guillaume II le Roux, pour récompenser Henri de Beaumont de son aide lors de la rébellion de 1088. Le 14 avril 1445, le titre de comte fut transformé en duc de Warwick spécialement pour Henry de Beauchamp

[2] Le comté du Perche est issu de l’union de deux seigneuries : celle de Mortagne-au-Perche, et celle de Nogent-le-Rotrou. Les seigneurs de Mortagne furent parfois qualifiés de comtes, mais pas de manière systématique. Ce fut le comte Geoffroy de Mortagne qui adopta le titre de comte du Perche, à la fin du XIIe siècle. À la mort de l’évêque Guillaume du Perche, en 1226, le comté fut réuni à la Couronne. Plus tard il fut donné en apanage à des princes du sang.

[3] Le comté était à l’origine une vicomté qui s’est peut-être émancipée du comté de Vexin. Peu avant 1015, son titulaire, Galeran est nommé dans une lettre de Fulbert de Chartres, comte alors que son père Hugues possédait le titre de vicomte à la fin du 10ème siècle. Assis de part et d’autre de la Seine, le comté était minuscule, s’étendant essentiellement cinq kilomètres autour de sa capitale, il comprenait les villages de Vaux, Triel... Il occupait, toutefois, une situation stratégique entre Mantes et Poissy. À Meulan, une île enserrée par la Seine avait facilité la création d’un pont qu’un château défendait. Les voisins s’intéressèrent donc à ce modeste territoire. Les comtes basculèrent souvent dans leurs alliances, privilégiant d’abord la maison de Blois puis alternant entre le soutien au duc de Normandie et au roi de France. En 1080/1081, quand Robert de Meulan succéda à son oncle Hugues III, le comté entra dans l’orbite normande. En 1109, le roi Louis VI ravagea le comté mais deux ans plus tard le comte de Meulan envahit Paris et mit à sac le palais royal3. C’est dire la menace que constituaient les maîtres de ce comté. En 1199, Robert II de Meulan, longtemps indécis entre le roi d’Angleterre et le roi de France, choisit de soutenir Jean sans Terre. Philippe Auguste lui retira son comté et le réunit à la couronne en 1204.

[4] Le titre de comte de Leicester fut créé au 12ème siècle dans la pairie d’Angleterre (aujourd’hui éteinte), et est dorénavant un titre de la pairie du Royaume-Uni, créée en 1837. Le siège du comte est à Holkham Hall, près de Wells-next-the-Sea (Norfolkshire).], il administre déjà les terres de son père en Normandie. Il revendique alors auprès du roi une part de l’honneur[[Un honneur est une composante de la féodalité ; il s’agit au Moyen Âge en France et en Grande-Bretagne d’un fief possédé à l’origine par l’un des barons d’un prince ou d’un roi. Il comprend généralement un domaine principal, qui donne son nom à l’honneur, et plusieurs « extensions » plus petites généralement dispersées dans la principauté ou royaume du suzerain dont il dépend. D’une manière générale, le terme d’honneur désignait l’ensemble des terres d’un puissant seigneur

[5] Le Neubourg est une commune française du département de l’Eure, en région Normandie. Elle est la « capitale » d’une « région naturelle » portant son nom : le plateau du Neubourg, appelé traditionnellement « Campagne du Neubourg » au sens normanno-picard du terme, attestée sous une forme française la champaigne du Neufbourc en 1428. Le bourg est à 23 km à l’est de Bernay, à 23 km au nord-ouest d’Évreux et à 35 km au sud de Rouen. C’est au Neubourg, au début du 12ème siècle, que les barons anglo-normands se réunissent à la mort du roi Henri Beauclerc (4e fils de Guillaume le Conquérant), pour désigner un successeur. Pendant ce temps, un des neveux d’Henri, Étienne de Blois, s’empare du Trésor Royal de Winchester et cet évènement marque le début d’une guerre civile anglaise qui se terminera dix-neuf ans après, par l’accession au trône de l’Angevin Henri Plantagenêt, époux d’Aliénor d’Aquitaine.

[6] Vidame est un titre de noblesse français assez rare. Le vidame est à l’origine la personne qui mène l’armée et perçoit les redevances féodales d’une seigneurie ecclésiale dont le titulaire appartient au clergé régulier ou séculier. Il exerce au nom de celui-ci un certain nombre de droits féodaux. À l’époque moderne, le titre de vidame est intégré à la hiérarchie nobiliaire considéré comme équivalent à celui de vicomte. Certains titres de vidames étaient attachés à des fiefs, d’autres étaient héréditaires. En Savoie et en Suisse, le terme est devenu vidome, ou vidomne pour désigner celui qui tenait les terres d’un évêché ou d’une abbaye.

[7] Un sénéchal est un officier au service d’un roi, prince ou seigneur temporel. Le mot sénéchal est d’origine francique et est issu du germanique commun sini-skalk, qui signifie « doyen des serviteurs, chef des serviteurs ». Il peut être aussi, comme dans le Saint-Empire romain germanique, au service d’une abbaye, souvent immédiate, où cette fonction devient un titre honorifique héréditaire par la suite. Il existait plusieurs rangs de sénéchaux, sans lien juridique entre eux, dans les institutions féodales européennes d’origine médiévale.

[8] Acquigny est une commune française située dans le département de l’Eure. Acquigny était, avant la Révolution, une paroisse du diocèse d’Évreux, doyenné de Louviers, vicomté et élection de Pont-de-l’Arche, généralité de Rouen. Les moines de Conches y possédaient le prieuré de saint Mauxe et de saint Vénérand, et avaient le patronage de l’église qu’ils échangèrent au 18ème siècle avec les seigneurs du lieu. Cette commune était le chef-lieu d’une ancienne baronnie longtemps divisée en plusieurs parties et possédée par d’illustres familles. Le titre le plus ancien où il soit fait mention d’Acquigny est un diplôme de Charles II le Chauve qui confirme en 876 les possessions de l’abbaye de Saint-Ouen.

[9] L’abbaye Notre-Dame du Bec est une abbaye catholique bénédictine faisant aujourd’hui partie de la congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet et située au Bec-Hellouin, près de Brionne, dans le département de l’Eure. Elle a été fondée en 1034 par Herluin, chevalier du comte Gilbert de Brionne. Avec l’arrivée de l’Italien Lanfranc de Pavie, prieur et maître de l’école monastique, puis d’Anselme de Cantorbéry, le Bec devient l’un des principaux foyers de la vie intellectuelle du 11ème siècle : le futur pape Alexandre II y étudie vers 1050 ainsi que nombre de futurs légats et évêques. Depuis près de 1 000 ans, l’abbaye du Bec est liée par l’histoire à la cathédrale de Cantorbéry, à laquelle elle a donné trois archevêques.