Il fait partie des nobles normands qui passent en Irlande dans le courant du 12ème siècle, où le roi de Leinster [1] Dermot MacMurrough les avait appelés pour l’aider à recouvrer son royaume.
Jean est issu d’une famille originaire de Courcy [2], installée en Angleterre à Stogursey [3] dans le Somerset [4].
On ne connait rien de son enfance. Il est probable que, jeune homme belliqueux et cruel, il se résout à tenter sa chance en voyant les progrès fait par ses compatriotes par les armes en Irlande.
Jean de Courcy arrive à Dublin en 1176 avec le king deputy [5] William FitzAldelm dit William FitzAudelin . Impatient d’en découdre, il quitte la ville fin janvier 1177 avec 22 chevaliers et 300 piétons, marche vers le Nord et quatre jours après vers le 1er février, il s’empare de Down [6], forçant le roi Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe à fuir. Il met la ville à sac et massacre une partie des habitants malgré les remontrances du cardinal Vivien, légat du pape [7], qui se trouvait alors dans cette ville. Il construit un château.
Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe, prince de la contrée de Down, nommée à cette époque Ulaid [8], ayant recruté en huit jours 10 000 hommes, s’avance pour délivrer la capitale, mais Courcy lui livre bataille dans la plaine et met son armée eu déroute après un rude combat. À peine 200 Irlandais échappent au carnage, tandis que Courcy aurait perdu seulement 2 hommes.
Le 24 juin suivant Jean de Courcy remporte encore une victoire sur les Ultoniens à Down. Il fait la même année des incursions dans les pays de Tyrone [9] et de Dalriada [10] qu’il met à feu et à sang.
En 1178 il marche avec son armée du côté de l’Airgíalla [11] où il est vigoureusement attaqué dans son camp de Gliuri par Murchadh Ua Cearbhaill, prince de ce pays conjointement avec Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe, prince d’Ulaid. Courcy est mis en déroute. Il est défait une seconde fois sur les frontières de Dalaradie, près de Fernia. Il se sauve avec peine lui-même, et se voit obligé de faire 30 milles à pied sans prendre de nourriture et toujours menacé, avant d’atteindre le château de Down.
En 1179, Jean initie un vaste programme de patronage ecclésiastique. Il fonde des abbayes, des prieurés, réforme des monastères en choisissant des maisons-mères majoritairement en Cumbria [12].
Jean de Courcy est créé comte d’Ultonie [13] et lord de Connacht [14] par le roi Henri II d’Angleterre en 1181 avant d’en avoir achevé la conquête.
Il épouse, en 1180, Affreca , fille de Godfred, roi de l’île de Man [15], afin de se concilier l’alliance de ce prince voisin. Au commencement de l’été de 1182, Courcy pénètre avec ses troupes dans le comté d’Antrim [16], et défait Domnall mac Aeda Mac Loughlainn roi de Tir Éogain [17] qui voulait s’opposer à ses progrès. Il pille ensuite le pays, et avant de rentrer à Down où il fait plusieurs fondations pieuses.
Par des expéditions répétées et laborieuses, de Courcy conserve les conquêtes anglaises en Irlande sans pouvoir les étendre : elles comprenaient à cette époque les districts maritimes de Down, de Dublin, de Wexford [18], de Waterford [19] et de Cork [20], liés les uns aux autres par une longue suite de forteresses.
Voyant le peu de succès de Jean, son fils, dans la conduite des affaires en Irlande où il l’avait envoyé comme vice-roi en 1185, Henri II le rappelle l’année suivante et nomme à sa place Jean de Courcy. Habile capitaine il rétablit la situation, il entreprend des expéditions dans les royaumes de Cork et de Connacht.
Son succès est inégal, notamment en 1188 dans le Connacht, mais sa réputation le fait redouter. Il venait de prendre la ville d’Armagh [21], lorsqu’à la mort de Henri II en 1189, il est rappelé et remplacé par un autre gouverneur.
À la nouvelle de sa destitution, il se retire en Ulster où il s’établit comme baron indépendant, sans reconnaître l’autorité de son successeur. Il reste loyal à Richard Cœur de Lion pendant la révolte de Jean sans Terre en 1193/1194. En 1197 il défait les Cenél Conaill [22] et s’empare du Donegal [23]. Deux ans plus tard il y retourne pour ravager l’Inishowen [24]. En chemin il détruit des églises à Ardstraw [25] et Raphoe [26].
La rivalité secrète qui existait entre les Lacy [27] et Jean de Courcy éclate au grand jour au commencement du règne du roi Jean en 1199. Homme violent et emporté, Jean de Courcy méprise ce souverain qui a fait mettre à mort le jeune Arthur en 1203, et ne s’en cache pas. Hugues de Lacy, nommé récemment justicier d’Irlande, reçoit l’ordre de le faire arrêter et de l’envoyer chargé de fers en Angleterre.
Averti du danger, de Courcy se retire en Ultonie [28] et se met sur la défensive ; il défait même près de Down un corps de troupes que le vice-roi avait fait marcher contre lui. Lacy voyant l’impossibilité de réduire son ennemi par la force des armes le fait déclarer criminel de lèse-majesté et met sa tête à prix.
De Courcy est trahi par des hommes de sa maison, qui le font prisonnier alors qu’il est désarmé le jour du vendredi saint 1203 et le conduisirent au vice-roi qui, après leur avoir fait donner la récompense promise, les fait pendre.
Conduit en Angleterre, Courcy est enfermé dans la tour de Londres [29]. Hugues de Lacy reçoit l’Ulster et le Connaught confisqués à Courcy donation confirmée le 29 mai 1205.
Peu de temps après, Courcy rentre en grâce auprès du roi Jean qui lui rend la liberté et ses biens.
Après la perte de ses domaines Irlandais, Courcy entre en rébellion. Avec l’aide de son beau-frère Ragnald IV de Man, il débarque à Strangford. en Ulster et met le siège devant le château de Rath [30], mais est repoussé par les Lacy. En novembre 1207, il retourne en Angleterre et se réconcilie avec le roi Jean. Il l’accompagne en 1210 dans son expédition en Irlande contre Hugues de Lacy, tombé en disgrâce.
Il participe au siège et à la prise du château de Carrickfergus [31], qu’il a fait construire, et Lacy est chassé d’Irlande.
Une charte garantissant la possession de terres à sa veuve Affreca, datée du 22 septembre 1219, laisse penser qu’il est mort récemment. Il ne laisse pas d’héritier.