Vologèse 1er d’Arménie
Roi d’Arménie de 116 à environ 138
Fils de Sanatruk ou Sanastrocès qui aurait régné sur l’Arménie vers 72/75 à 100/110.
Vologèse, avec l’appui des Parthes [1], prend en 116 la tête de la révolte des Arméniens contre Rome qui, sous l’empereur Trajan en 114, a transformé l’Arménie en province romaine.
Lorsque Hadrien, le successeur de Trajan, conclut un accord avec les Parthes, fixant les frontières des 2 empires sur l’Euphrate et impliquant l’abandon des 3 provinces créées par son prédécesseur d’Arménie, d’Assyrie et de Mésopotamie, Vologèse est définitivement reconnu par Rome comme roi vassal d’Arménie et de Sophène [2] vers 130.
Dans l’historiographie arménienne traditionnelle, Vologèse 1er laisse la réputation d’un grand bâtisseur. Il serait le fondateur près d’Artaxata [3] en Dyrarat d’une nouvelle capitale, Valarshapat [4]. Il serait également à l’origine de Valarshavan en Basean [5], et l’on suppose qu’il est aussi le créateur de Valarshakert [6] en Bagrévand [7].
On ignore les rapports entretenus par le roi d’Arménie avec les deux souverains contemporains, Chosroès 1er et Vologèse III, qui sont à cette époque en compétition dans l’Empire parthe. On ne connaît pas non plus l’attitude de Vologèse 1er envers les Romains qu’il a combattus avant d’accepter leur tutelle.
Vers 136, Vologèse envoie une ambassade à Rome pour se plaindre de l’inaction complice du roi Pharasman II d’Ibérie envers les Alains [8] qui multipliaient leurs dévastations au sud du Caucase, en Arménie, en Médie [9], et même en Cappadoce [10]. Vologèse doit accepter de payer un tribut pour obtenir le retrait des envahisseurs.
Le règne de Vologèse d’Arménie prend fin peu de temps après l’avènement de l’empereur Antonin le Pieux en 138.
Notes
[1] La Parthie est une région située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides, berceau de l’Empire parthe qui contrôle le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av.jc et 224 de notre ère. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord, aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan, et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.
[2] La Sophène est un ancien royaume arménien situé dans le sud-est de l’actuelle Turquie. L’annexion de la Sophène en 90 av. jc marque le début de la première vague d’expansion de l’Arménie de Tigrane II. Néanmoins, son alliance avec Mithridate VI du Pont, ses démêlés avec les Romains et les intrigues de son fils Tigrane le Jeune finissent par lui coûter. Face à la pression de Pompée et de ses légions, Tigrane II cède la Sophène à son fils en 66 av.jc. Ce dernier s’y maintient à peine une année. En 54, Néron détache la Sophène de l’Arménie et fait de Sohaemus d’Émèse son roi, jusqu’après 60 (probablement jusqu’au traité de Rhandeia en 63), lorsqu’elle retourne à l’Arménie.
[3] Artachat, Artashat ou Ardachat, autrefois Artaxate (Artaxata), est une ville d’Arménie, capitale de la région d’Ararat La ville située à 20 km au sud d’Erevan fut une ancienne capitale de l’Arménie dans l’Antiquité.
[4] Etchmiadzin ou Vagharchapat est une ville d’Arménie située à une vingtaine de kilomètres d’Erevan. C’est à Etchmiadzin que se trouve le siège de l’Église apostolique arménienne.
[5] Phasiane
[6] Vologesocerta
[7] Bagrévand est une ancienne province de l’Arménie historique, aujourd’hui située en Turquie orientale. Longtemps dirigée par les Mamikonian, elle passe sous l’autorité des Bagratides après la bataille de Bagrévand.
[8] Les Alains étaient un groupe de nomades scythes. Les Alains forment un peuple scythique, probablement originaire d’Ossétie. D’ailleurs, les Ossètes d’aujourd’hui se présentent comme les descendants directs des Alains. Ce sont des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates et très proches des Iazyges, des Roxolans et des Taïfales.
[9] À l’époque hellénistique, la Médie tombe sous le contrôle des Grecs, et est incluse après les conflits opposant les Diadoques dans les territoires contrôlés par les Séleucides, après avoir été un temps dominée par Antigone le Borgne. L’ancien général Atropatès qui dirigeait le contingent mède de l’armée perse à la bataille de Gaugamèles, se rallie par la suite à Alexandre le Grand et devient satrape du nord de la Médie, qui devient la Médie Atropatène, futur Azerbaïdjan, qu’il parvient à rendre autonome du pouvoir séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca. Après plusieurs décennies d’indépendance, le roi Artabanzanes doit conclure un traité de vassalité avec Antiochos III en 220 av.jc. Cette région reste peu hellénisée, à la différence du sud de la Médie, centré autour d’Ecbatane. Plusieurs villes nouvelles y sont fondées par les souverains séleucides, et l’ancienne Rhaga est renommée Europa. Un satrape local, Molon, se révolte en 220 contre Antiochos III, qui le défait. Entre 163 et 160, c’est un autre satrape de Médie, Timarque, qui se révolte contre Démétrios 1er Sôter, et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement soumis. Les révoltes qui secouent le royaume séleucide vers 150 profitent au roi parthe Mithridate 1er qui prend alors la Médie, ainsi que l’Atropatène. Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Arsacides est finalement assuré en Médie, en dépit des attaques des nomades orientaux, Scythes ou Tokhariens. La région est réorganisée administrativement, et la ville de Rhaga/Europa est renommée Arsacia.
[10] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.