Marcion serait né à Sinope [1], port de la mer Noire [2], et serait d’origine païenne. Suivant la tradition, lorsque Marcion atteint l’âge adulte, son père un riche armateur devient “évêque” de la communauté chrétienne de Sinope. D’après Hippolyte de Rome, ce denier l’aurait chassé pour avoir tenté de séduire une vierge, dans une métaphore de l’hérétique qui tente de corrompre l’Église vierge. Il part alors pour Smyrne [3].
Armateur fortuné, il se rend à Rome vers 140 où il se distingue par ses prodigalités au sein de la communauté chrétienne de Rome alors dirigée, selon la tradition, par l’épiscope [4] Pie.
Marcion y a pour maître un certain Cerdon, un personnage dont on ne sait presque rien et sur lequel il semble que les hérésiologues aient projeté la doctrine de Marcion.
Celui-ci semble rapidement populaire dans la communauté de Rome. Il y propose un livre qui est en quelque sorte le précurseur du Nouveau Testament, une appellation qui à l’époque n’existe pas et dont Marcion est peut-être l’auteur
En plus d’une introduction de sa main, ce livre est composé de 2 parties, un “apostolicon”, qui comprend un certain nombre de lettres de Paul de Tarse, et un “evangelion”, correspondant à ce que l’on connaît désormais comme l’Évangile selon Luc.
Pour Marcion, Jésus n’est pas le messie attendu par les Juifs, ni né de la Vierge Marie. Il est apparu à la 15ème année du règne de Tibère sans avoir connu ni naissance ni croissance et sauve l’homme en le rachetant par sa mort.
En outre, Marcion se distingue par ses prodigalités en faisant notamment cadeau de l’énorme somme de 200 000 sesterces.
La communauté de Rome est en proie à de nombreuses dissensions théologiques et, en 142, suivant la Tradition, Cerdon et Valentin sont exclus de la communauté romaine par l’épiscope Hygin.
Marcion défend au sein de la communauté romaine l’inconciliabilité radicale qu’il voit entre la révélation de Jésus et celle du judaïsme ainsi qu’il semble l’avoir développée dans ses Antithèses qui devaient également contenir des exégèses des textes qu’il retenait pour son canon. Il défend ce point de vue devant un collège de presbytres [5] dirigé alors par l’épiscope Pie.
Après son excommunication de la communauté romaine, qui semble lui avoir rendu ses 200 000 sesterces, Marcion fonde rapidement, peut-être grâce à ces énormes moyens, sa propre Église qu’il présente comme une création du “Dieu Bon”, suivant sa théologie. Celle-ci est dotée d’une solide organisation tant sur le plan hiérarchique que liturgique, ce qui lui amène un grand succès. Selon Justin de Naplouse, 10 ans après son exclusion, celle-ci s’étend sur la totalité de l’empire.
Le marcionisme se développe essentiellement en Orient, en Mésopotamie et en Perse mais aussi en Occident et non sans connaître des dissidences.
Persécutées au cours du 4ème siècle, les communautés marcionites disparaissent définitivement au cours du 5ème siècle.
Il ne quitte peut-être pas Rome pour autant puisque, selon certaines traditions, il y aurait été encore établi comme maître, enseignant ses propres doctrines pendant l’épiscopat d’Anicet.
Il n’existe aucune preuve qu’il ait quitté ou non la ville de Rome où il meurt peut-être, entre 161 et 168.