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L’histoire pour le plaisir

Agnès Sorel

dimanche 7 octobre 2012, par lucien jallamion

Agnès Sorel (1422-1450)

Agnès Sorel

Née à Fromenteau en Touraine, fille de Jean Sorel, gentilhomme tourangeau, Agnès Sorel devient à 17 ans la dernière demoiselle d’honneur de la reine de Sicile Isabelle de Lorraine épouse du roi René 1er le Bon qui la rémunère 10 livres par an, même pas de quoi acheter un mauvais cheval. Elle se réfugie à la cour de France avant même l’éviction définitive du roi René de Naples. Nouvelle, elle est cependant au premier rang et le roi Charles VII la remarque. Brézé, le favori qui a noté le regard de son souverain, s’arrange pour lui présenter la petite nouvelle. Charles VII fait d’Agnès sa maîtresse, elle est nommée demoiselle d’honneur de la reine et vient vivre au château.

Très vite elle impose son art de vivre. En quelques mois elle devient la meilleure cliente du célèbre Jacques Coeur, marchand international et grand argentier du roi. Ses « queues » de robe atteignent 8 mètres de long, elle consomme des quantités astronomiques de tissus, toutes les femmes l’imitent.

Ce qu’elle dilapide en bas, elle le rattrape en haut, en inventant le décolleté épaules nues, si nues qu’un chroniqueur hypocrite mais pas aveugle déplore “cette ribaudise et dissolution”. En un an le roi lui offre 20 600 écus de bijoux dont le premier diamant taillé connu à ce jour, la fait châtelaine de Loches, dame de Beauté sur Marne (d’où son nom de Dame de Beauté) et comtesse de Penthièvre.

Intelligente, belle et féconde, Agnès Sorel donne 3 filles à Charles VII qu’il légitimera. Les moralistes Thomas Basin ou Juvénal des Ursins, la rendent responsable du “réveil” sensuel de Charles VII. Ils jugent sévèrement sa liberté de moeurs et l’accusent de faire de ce roi chaste un roi débauché entièrement livré à ses maîtresses.

Le dauphin, futur Louis XI, pendant quelques mois tente bien de faire des efforts lui offrant même des tapisseries prises au comte d’Armagnac, mais un jour, ne supportant plus que cette reine des coeurs prenne la place de sa propre mère, il laisse éclater sa rancoeur et poursuit l’infortunée, l’épée à la main, dans les pièces de la maison royale. Pour sauver sa vie, elle doit se réfugier dans le lit du roi, ce que précisément le dauphin voulait éviter. Charles VII, courroucé par tant d’impertinence, chasse son fils de la Cour et l’envoie gouverner le Dauphiné.

Le roi doit réorganiser ses finances et sa belle le pousse à achever la conquête de son royaume en reprenant la Guyenne et la Normandie aux Anglais. Mais elle ne verra pas la belle victoire de Formigny. Se languissant de son royal amant, elle part en plein hiver le rejoindre à Jumièges près de Rouen. Enceinte de 6 mois, Agnès est la proie d’une dysenterie et meurt si rapidement le 11 février 1450 que l’on croit à un empoisonnement. On accusera tout d’abord Jacques Coeur, sans doute plus qu’un ami et un protégé, mais celui-ci fut lavé de ce chef d’inculpation. Les soupçons se portèrent alors sur le dauphin, le futur Louis XI, ennemi du parti qu’elle soutenait.

Éploré, le roi commande deux magnifiques tombeaux de marbre, l’un contenant son coeur à Jumièges, l’autre son corps à Loches. Il est à noter qu’Agnès Sorel a été la première maîtresse officielle d’un roi de France.