La Reine Jeanne avait donné ses seigneuries de Pertuis et de Meyrargues à Guillaume Roger de Beaufort. Mais à son décès en 1382, son héritier Louis 1er d’Anjou décida d’annuler les trop nombreuses aliénations faites par la reine et Raymond de Turenne, fils de Guillaume Roger sénéchal de Stanislas de Duras, se vit ainsi potentiellement dépossédé de ses fiefs. Il entra alors en lutte contre la couronne de Provence, puis contre le pape son voisin jusqu’à sa mort en 1398.
Pour harceler ses ennemis, il entreprit de démolir une par une leurs possessions, et avec une efficacité d’autant plus redoutable qu’il arrivait à être pratiquement partout à la fois. Ses exactions couvrirent tout le territoire compris entre Rhône et Durance, remontèrent au Nord jusqu’à la hauteur de Montélimar, touchèrent tout le pays d’Aix, et vers l’Est atteignirent le Gapençais et le haut Verdon.
Sa tête fut mise à prix en 1385, le pape l’excommunia, on envoya des troupes contre lui, puis on dépêcha son propre gendre le maréchal Jean Le Meingre-Boucicaut afin de tenter une négociation, mais rien n’y fit et Turenne continua de plus belles ses ravages. Sans toutefois jamais arriver à contrôler durablement un grand territoire.
Un édit royal déclara Raymond de Turenne hors la loi et les Etats généraux furent convoqués à Aix pour le 15 août 1390. On y résolut une alliance offensive et défensive contre celui-ci, une levée de gens de guerre qui devait comprendre 300 lances, divisées en 10 détachements de 30 cavaliers armés de toutes pièces et suivis chacun d’un écuyer et d’un valet d’armes. De plus, 4000 arbalétriers, les uns à cheval, les autres à pied, et enfin 350 fantassins, sans compter les contingents d’Arles, Tarascon et autres villes.
L’armée fut mise sous le commandement général de Charles prince de Tarente, frère du roi et gouverneur de Provence, et, en son absence, sous les ordres de Georges de Marle, son lieutenant et grand sénéchal et Le Meingre-Boucicaut qui avait renoncé à trouver une solution diplomatique avec son beau-père.
Devant le nombre, Turenne céda et signa en 1391 une paix avec la Provence, et une en 1392 avec la papauté. Mais bien vite, il brisa ses engagements, Le 22 septembre 1394, les Etats de Provence assemblés à Tarascon par le sénéchal de Provence commissaire du Roi, prononcent contre Raymond de Turenne et ses complices un arrêt les condamnant aux peines établies en tel cas ; et, quant ils se trouveraient au pouvoir des officiers du Roi, ils seraient condamnés à avoir la tête tranchée.
Il s’arrêta qu’en 1398 le jour où, poursuivi par les "troupes de pacification", il se noya en tentant de traverser le Rhône à Tarascon.