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L’affirmation du pouvoir royal

mercredi 29 août 2012, par lucien jallamion

L’affirmation du pouvoir royal

Dans cette période, l’État émerge lentement de la féodalité. De plus en plus, le roi capétien s’affirme comme le seigneur de tous les seigneurs, exigeant leur hommage et leur obéissance, tout en accroissant son domaine. Menacé, diminué pendant la guerre de Cent Ans de 1338 à 1453, le roi parvient néanmoins à poser les bases de l’État moderne. Comment le roi capétien, prince féodal parmi des vassaux plus puissants que lui, a-t-il pu affirmer son autorité à la fin du Moyen Age ?

Du morcellement féodal à la reconstruction du domaine royal

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palais de la conciergerie (photo ljallamion 22 septembre 2012

La longueur du règne de Louis IX de 1220 à 1270, l’affirmation européenne et méditerranéenne de son pouvoir, l’essor économique et urbain du royaume ont permis aux historiens d’identifier ce roi chevalier, chrétien et croisé au 13ème siècle, apogée du Moyen Age. Cette autorité rayonnante du roi de France provient de l’effort constant, obstiné de la dynastie capétienne, qui, depuis les débuts du 11ème siècle, tente à la fois d’agrandir le domaine royal et de contrôler toute la pyramide féodale.

A cet égard, l’action du grand-père de Louis IX, Philippe II Auguste, est fondamentale. A son avènement en 1180, Philippe II ne contrôle directement qu’un domaine royal restreint centré sur 1’lle de France et l’Orléanais. La plus grande partie des terres du royaume, de l’Aquitaine à la Normandie, est sous la suzeraineté des Plantagenêts, eux-mêmes rois d’Angleterre.

C’est à son époque que l’expression, "Francia", tend à désigner l’ensemble du royaume, avant, on utilisait alors l’expression "Francia tota". Peu à peu, ses successeurs se sentent maître d’un territoire, et pas seulement d’un peuple : celui des Francs, des hommes libres et de l’aristocratie. Ainsi, sous Louis IX, en 1254, le "Rex francorum" c’est à dire le royaume des Francs, devient officiellement "rex Franciae" , le royaume de France. Finalement, le petit-fils de Louis IX, Philippe IV le Bel est le premier à se faire appeler "roi de France".

C’est que la liste des terres, des fiefs, que les rois capétiens contrôlent et intègrent à leur domaine personnel est de plus en plus longue. Acquises le plus souvent pacifiquement, par mariages héritages, achat, confiscations, ou guerres, les fils poursuivant sans interruption l’œuvre de leur père, ces terres du domaine tendent à se confondre de plus en plus avec l’espace du royaume, et même à en repousser les frontières.

La guerre de Cent Ans, qui a paru menacer l’existence même du royaume de France, n’a pas interrompu cette extension du domaine et du royaume capétien. Si le royaume s’étend sur 313 000 km2 en 1328 à la mort du dernier capétien direct, Philippe le Bel, il couvre 500 000 km2 à la fin du Moyen Age, au lendemain de la défaite anglaise de 1453.

Une centralisation croissante assise sur l’impôt et l’armée permanents

Peu à peu, la souveraineté monarchique, avec la renaissance du droit romain au 13ème siècle, prend la place de la suzeraineté féodale. En 1341 les difficultés économiques obligent Philippe VI à généraliser l’impôt sur le sel la gabelle. C’est en s’appuyant notamment sur la féodalité et la religion que les rois capétiens ont assuré leur autorité suprême.

Par la religion, en effet, le roi capétien est un personnage sacré. Par l’onction, signe de croix effectué par l’archevêque de Reims avec le Saint-chrème, rappel du baptême de Clovis, le roi devient un personnage religieux, au-dessus des autres hommes, roi par la volonté de Dieu, avec une mission divine de paix et de justice et un pouvoir miraculeux de guérison. Soutenu par l’Église catholique, le roi porte l’anneau béni, en signe d’union avec son peuple.

Par la féodalité, le couronnement distingue la dynastie capétienne. Entouré par les évêques et les grands seigneurs, le roi est élu par l’archevêque de Reims, avec l’approbation des féodaux et de l’Église : "nous approuvons, nous voulons que cela soit !" Le couronnement, la remise du glaive pour combattre les ennemis de la foi, l’onction et la remise de l’anneau, c’est tout cela qui constitue le sacre, cérémonie au cœur de la prééminence royale. Même plus puissants que lui, pendant toute la féodalité, les princes territoriaux ne songent pas à remplacer le Capétien.

Progressivement, les "grands rois" capétiens, Louis IX, Philippe le Bel, Louis XI prouvent la force de leurs insignes royaux.

Le roi gouverne, en parcourant son domaine et de Paris, où les institutions royales se concentrent, chancellerie, Parlement, états. Au nord, les baillis, au sud les sénéchaux représentent le roi dans les provinces. Des officiers royaux sont nommés à la tête des villes qui ne sont pas de commune, comme à Melun ou à Paris, villes royales. Profitant de la renaissance du droit romain, avec le retour en force des notions d’Etat et de souveraineté, les légistes de Philippe le Bel, fonctionnaires, et non plus vassaux à la Cour proclament que "le roi est empereur en son royaume", qu’il n’est soumis à aucune autorité extérieure, même celle du Pape, à qui il arrache les nominations ecclésiastiques.

Le roi fait les lois, par exemple, Louis IX interdit les guerres privées entre féodaux. C’est une première tentative d’affirmer l’arbitrage du roi. Pour financer ses guerres contre les derniers grands fiefs, Philippe le Bel s’appuie sur de grandes assemblées réunissant nobles, ecclésiastiques et bourgeois des villes, pour consentir l’impôt et exalter la mission royale. C’est l’origine des états généraux, rassemblant les trois ordres du royaume.

Le roi rend la justice, c’est l’image de Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes. Son règne voit la naissance du Parlement de Paris, cour de justice suprême à laquelle tous les habitants du royaume, dans le domaine et hors du domaine, peuvent faire appel des jugements prononcés par les tribunaux seigneuriaux. De la même façon, le roi favorise les bourgeois dans leur lutte contre le ou les seigneurs de leur ville.

Pour assurer cette souveraineté, le roi a besoin de la force et d’importantes ressources financières. Sous Charles VII et sous Louis XI, l’impôt, la taille sur les roturiers, les aides, taxes sur le commerce, et la gabelle du sel, et l’armée, devenus permanents, représentent deux nouveaux pouvoirs considérables du roi, en fait 2 des fondements de l’État moderne. Jusque là, le roi devait compter sur "le ban et l’arrière-ban", c’est à dire sur l’aide militaire volontaire de ses vassaux et de leurs milices paysannes. Souvent, il ne pouvait conserver cette armée plus de 40 jours, la durée du service d’ost.

P.-S.

Source : archives ljallamion histoire du 14ème/encyclopédie Imago mundi/ Herodote/Histoire/ Historia ect...