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Joachim de Flore

vendredi 13 décembre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 22 mars 2012).

Joachim de Flore (vers 1130-1202)

Moine cistercien et théologien

Gravure médiévale de Joachim de Flore, moine bénédictin et philosophe milénariste. (source : wiki/ domaine public)Né à Celico [1] en Calabre [2], il fut d’abord page à la cour de Roger II de Sicile. Il partit en pèlerinage en Terre Sainte où il se convertit, c’est-à-dire au sens médiéval du terme, où il décida de vivre radicalement en fonction de la sanctification de son âme et se fit prédicateur ambulant.

Il entra chez les cisterciens [3] de Sambucina [4], puis rejoignant le monastère cistercien de Corazzo [5], il en devint abbé en 1177. Il quitta sa charge et vécut solitaire non loin de l’abbaye.

En 1183, il s’installa à Flore avec quelques compagnons. La règle de vie qu’il rédigea était plus rigoureuse que celle des cisterciens et, en 1194, il quitta cet ordre pour créer en l’abbaye de Saint-Jean-des-Fleurs [6], l’ordre des floriens, branche plus austère de l’ordre de Cîteaux. Les constitutions furent approuvées par le pape Célestin III en 1196. On estime qu’il initia ainsi le premier mouvement de réforme que connut l’Ordre Cistercien dans sa longue existence.

Il mourut en 1202. Après sa mort, l’Ordre continua à prospérer et à fonder de nouvelles maisons, mais uniquement dans la péninsule italienne. Cette vitalité extraordinaire fit que l’ordre compta jusqu’à 40 maisons et quelques monastères féminins vers 1250.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Henri de Lubac, La postérité spirituelle de Joachim de Flore, Paris, Lethielleux, 1979 (réimpr. 1987 et 2014), 1024 p. (ISBN 9782204101295).

Notes

[1] Celico est une commune de la province de Cosenza, dans la région de Calabre, en Italie.

[2] La région de Calabre, plus couramment appelée la Calabre, est une région d’Italie située à l’extrême sud de la péninsule. La capitale régionale est Catanzaro et la plus grande ville Reggio de Calabre. À partir de la fin de l’Antiquité, elle n’échappe pas aux invasions barbares : elle est pillée et saccagée par les Wisigoths des rois Alaric et Athaulf (410/411). Alaric meurt sous les murailles de Cosenza et est enterré avec un important trésor dans le lit du Busento, qui arrose la ville. Le « trésor d’Alaric », qui a toujours échappé aux pillards et aux chercheurs de trésor, est toujours autant recherché. Elle est également pillée par les Vandales installés en Afrique romaine, puis passe partiellement sous la domination des Ostrogoths. Lors des guerres gothiques opposant les Ostrogoths aux Byzantins, elle est ravagée par les guerriers de Totila avant de passer sous domination byzantine, puis par des bandes de Francs et d’Alamans venus aider les Goths du nouveau roi Teias. Les Lombards pénètrent eux aussi en Calabre peu de temps après leur invasion de l’Italie et la région subit régulièrement les attaques du duché lombard de Bénévent. Le roi lombard Liutprand est peut-être à l’origine de l’actuelle ville calabraise de Longobardi, fondée vers 735, qui tire son nom du peuple lombard. À partir du 9ème siècle, elle commence à subir les incessants raids de pirates Sarrasins puis au 10ème siècle, elle est peut-être atteinte et pillée par des bandes magyares qui se sont aventurées en Italie jusqu’à Bénévent.

[3] L’Ordre cistercien , ou ordre de Cîteaux, est un ordre monastique catholique. Son origine remonte à la fondation de l’abbaye de Cîteaux par Robert de Molesme en 1098 : il est toujours vivant, sous la forme de deux ordres distincts, l’un « de la commune observance », l’autre « de la stricte observance ». L’ordre de Cîteaux joue un rôle de premier plan dans l’histoire religieuse européenne. Par son organisation, son autorité spirituelle, son efficacité technique et économique, il s’impose dans tout l’Occident, jusque sur ses franges. En tant que restauration de la règle bénédictine inspirée par la réforme grégorienne, l’ordre cistercien promeut une spiritualité centrée sur le Christ incarné, une rigueur ascétique et érige, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique et architectural. Il doit son considérable développement à Bernard de Clairvaux. Son rayonnement et son prestige personnel en ont fait au 12ème siècle le plus célèbre des cisterciens. S’il n’en est pas le fondateur, il demeure le maître spirituel de l’ordre.

[4] L’Abbaye Santa Maria della Sambucina est une abbaye cistercienne fondée en 1160, située près de la commune de Luzzi, en Calabre.

[5] L’abbaye de Corazzo est une ancienne abbaye cistercienne située dans la frazione de Carlopoli (commune de Carlopoli, en Calabre). Fondée en 1173 dans la filiation de Fossanova, elle perdure jusqu’en 1809, malgré de très importants dégâts causés par les séismes du 27 mars 1638 et de février-mars 1783. L’abbaye, partiellement détruite par ces 2 catastrophes, est fermée à la suite des invasions napoléoniennes.

[6] L’abbaye Florense ou abbaye de San Giovanni in Fiore est une abbaye située à San Giovanni in Fiore en Calabre en Italie.