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Pierre Deljan ou Pierre Dolianos

mercredi 11 décembre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 18 décembre 2011).

Pierre Deljan ou Pierre Dolianos

Chef bulgare d’une révolte contre l’Empire byzantin en 1040-1041

La Bulgarie sous le règne de Siméon. Esclave enfui de Constantinople [1], il se proclame descendant du tsar [2] Samuel de Bulgarie, fils naturel du tsar Gabriel Radomir, lui-même fils et successeur de Samuel.

Proclamé tsar sous le nom de “Pierre II,” il prend la tête d’une révolte armée à Belgrade [3], s’empare de Niš [4] et Skopje [5], obtient le ralliement des troupes du thèmes de Dyrrachium [6] qui ont élu basileus [7] de Bulgarie à leur tête, Tichomir. Il fait exécuter ce rival, s’empare de Dyrrachium, ravage Nicopolis d’Épire [8], et marche sur Thessalonique [9]. Il bénéficie peut-être du ralliement de l’armée thématique de Nicopolis, et est rejoint devant Thessalonique par le stratège de Théodosioupolis [10], Alousianos , petit-fils d’Aaron, frère du tsar Samuel, qui le force à le reconnaître comme co-dirigeant de la rébellion. Le siège tourne à la défaite suite à une sortie des assiégés le 26 octobre 1040.

En 1041, Alousianos fait aveugler Deljan, se fait proclamer tsar à sa place puis le livre à l’empereur Michel IV au triomphe duquel il défile à Constantinople. Les Byzantins matent la révolte bulgare.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du VIe au IXe siècle, 2006

Notes

[1] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[2] Le mot tsar désigne un souverain de Russie (de 1547 à 1917), de Bulgarie (de 893 à 1422), et de Serbie (de 1346 à 1371).

[3] Belgrade est la capitale et la plus grande ville de Serbie. Belgrade est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois, sa position stratégique en Europe étant son bonheur et son malheur

[4] Niš est une ville de Serbie située dans le district de Nišava. Niš, l’antique Naissos est l’une des plus anciennes villes des Balkans : les Thraces y habitaient à l’âge du fer ; les Triballes s’y installèrent suivis, après l’invasion celtique de 279 av. jc, par le peuple celte des Scordiques. En 75 av. jc., la ville fut conquise par les Romains sous le nom de Naissus. Trois empereurs y virent le jour : Constantin 1er, premier empereur chrétien, Constance III et Justin 1er. Les Huns d’Attila la prirent en 441, massacrant ou emmenant en esclavage sa population, mais elle fut reconstruite par l’autorité byzantine, d’où l’aigle bicéphale des armoiries de la cité. En 1096, bien que chrétienne, elle est pillée par la première croisade de Godefroy de Bouillon. La même année, elle est prise par les Hongrois, jusqu’en 1173, année où elle fut reprise par l’Empire Byzantin

[5] Skopje est la capitale et la plus grande ville de la République de Macédoine. Après avoir été le lieu de diverses occupations préhistoriques, Skopje naît véritablement au 1er siècle avec la fondation d’une colonie romaine appelée « Scupi », qui est rattachée à l’Empire romain d’Orient en 395. La ville antique est détruite par un séisme en 518. Reconstruite quelques kilomètres plus loin et fortifiée, elle connaît de nombreuses invasions au cours des 10ème et 11ème siècles, entrant au 10ème siècle dans le Premier Empire Bulgare sous Siméon 1er de Bulgarie, pour revenir dans l’Empire Byzantin en 1018 après la défaite du dernier tsar bulgare Samuel par le Basileus Basile II et la disparition du Premier Empire Bulgare. La domination byzantine s’achève avec la conquête serbe en 1282, et Skopje devient brièvement la capitale de l’Empire serbe en 1346. L’État s’affaiblit toutefois rapidement et la ville est conquise par les Ottomans en 1392.

[6] Durrës est une municipalité, le chef lieu de la préfecture de Durrës et la deuxième plus grande ville d’Albanie après Tirana. Elle est le principal port du pays. Dans l’Antiquité, elle a été connue sous les noms d’Épidamne, puis Dyrrachium. Elle était le point de départ de la via Egnatia, qui traversait l’actuelle Albanie et la Grèce jusqu’à Byzance. La possession de la ville fut disputée entre l’Empire byzantin, la Bulgarie (989-1005), les Normands de Sicile (1082-1083, 1107-1108, 1185) commandés par Robert Guiscard, ces derniers y défirent l’empereur grec Alexis 1er Comnène en 1081, l’Empire serbe (début du 14ème siècle), le Royaume de Sicile (1376-1379) et les Vénitiens (1205). Venise y créa un duché, en 1205, qui fut possession de plusieurs princes de la Maison capétienne d’Anjou-Sicile. Dès le 14ème siècle, la population de la ville, jusque-là surtout grecque, devint majoritairement albanaise

[7] Basileus signifie « roi » en grec ancien. L’étymologie du mot reste peu claire. Si le mot est originellement grec mais la plupart des linguistes supposent que c’est un mot adopté par les Grecs à l’âge du bronze à partir d’un autre substrat linguistique de Méditerranée orientale, peut-être thrace ou anatolien.

[8] Nicopolis d’Épire, Actia Nicopolis, est une cité grecque fondée par Auguste pour commémorer sa victoire navale d’Actium contre Marc Antoine le 2 septembre 31 av. jc à l’embouchure du golfe Ambracique. La ville est située sur l’isthme de la péninsule qui sépare le golfe ambracique de la mer Ionienne, à l’opposé du promontoire d’Actium, environ 6 km au nord de la ville moderne de Prévéza. Nicopolis a connu un développement florissant pendant la période romaine et l’Antiquité tardive, avant de péricliter à l’époque byzantine.

[9] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[10] Erzurum ou Erzéroum est une ville d’Anatolie orientale, aujourd’hui en Turquie. Préfecture de la province du même nom