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L’histoire pour le plaisir

Louis III l’Aveugle

jeudi 20 août 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 11 novembre 2011).

Louis III l’Aveugle (vers 882-928)

Roi de Provence de 890 à 928-Empereur d’Occident de 901 à 905

Fils de Boson V de Provence, roi de Provence, et d’Ermengarde, fille de l’empereur d’Occident, Louis II le Jeune. À la mort de son père en janvier 887, sa mère, Ermengarde, est nommée régente du royaume de Provence avec l’aide de Richard le Justicier, frère de Boson.

En mai 887 elle conduit son fils auprès de l’empereur Charles III le Gros pour qu’il l’adopte, ce qu’il fait. En mai 889, elle se rend au nouveau roi Arnulf de Germanie pour faire acte de soumission. En 890, à Valence [1], le concile des prélats et des grands féodaux, élit Louis, comme roi d’Arles, roi de Provence et roi de Bourgogne Cisjurane [2] En 894, il fait acte de soumission au roi Arnulf de Germanie. En 896, il combat les Sarrasins [3] qui continuent de dévaster la Provence.

En 898, Engelberge, sa sœur, épouse le duc d’Aquitaine [4], Guillaume le Pieux qui est aussi comte de Lyon [5] et de Mâcon [6].

En 900, le nord de l’Italie était dévasté par les Hongrois, depuis plusieurs années. A l’appel des grands féodaux pour qui il est le petit-fils de l’ancien empereur Louis II le Jeune, il prend Pavie [7], chasse le roi Bérenger de Frioul et se fait couronner roi d’Italie, le 12 octobre 900. Le 15 ou le 22 février 901, le pape Benoît IV le ceint de la couronne impériale.

En 902, l’ancien roi Bérenger de Frioul, petit-fils de Louis 1er le Pieux, revient avec des forces en nombre, et réussit à chasser d’Italie le nouvel empereur qui est obligé de se réfugier vers la Provence.

Il épouse fin 900 Anne de Constantinople , fille de l’empereur Léon VI, plus connue sous le nom d’Anne de Macédoine. En 905, il est de retour en Italie à l’appel des grands féodaux, mais Bérenger 1er de Frioul, grâce à l’aide des troupes bavaroises, réussit à le faire prisonnier à Vérone [8] et le 21 juillet 905 lui fait crever les yeux, d’où son surnom, et reprend la couronne royale d’Italie.

De retour à Vienne [9], sa capitale, handicapé par sa cécité, il n’est plus en mesure de résister aux demandes de ses féodaux. À partir de 911, il laisse la gestion du royaume à son cousin Hugues d’Arles, comte d’Arles et de Vienne qui quitte Vienne et s’installe à Arles.

Fait marquis de Provence, le régent Hugues d’Arles, épouse Willa de Provence, la demi-sœur de Louis III l’Aveugle et veuve de Rodolphe 1er de Bourgogne. Le 9 juillet 926, Hugues d’Arles est élu roi d’Italie.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean-Charles Volkmann, Bien connaître les généalogies des rois de France, Éditions Gisserot, 1999, 127 p. (ISBN 978-2-87747-208-1).

Notes

[1] Valence est une commune du sud-est de la France, préfecture du département de la Drôme. Située au cœur du couloir rhodanien et soumise à un climat méditerranéen, Valence est souvent désignée comme étant « la porte du Midi de la France ». De nombreux vestiges de l’époque médiévale, de la Renaissance, mais aussi des 17ème, 18ème et 19ème siècles sont visibles dans le centre-ville. La ville, historiquement frontière de la Provence historique, sera ensuite rattachée au Dauphiné, dont elle forme la deuxième ville après Grenoble et fait aujourd’hui partie du réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire

[2] Le royaume de Bourgogne était un royaume mérovingien puis carolingien qui a existé de 534 à 843. Le traité de Verdun de 843 divise la Bourgogne en deux grandes entités territoriales : une Bourgogne franque à l’ouest (futur duché), et une Bourgogne impériale à l’est dans laquelle se trouve notamment le comté de Bourgogne (Franche-Comté), la Bourgogne transjurane (Suisse occidentale, nord de la Savoie et Val d’Aoste), la Bourgogne cisjurane et le comté de Provence.

[3] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.

[4] Le duché d’Aquitaine est constitué en 675, à la mort de Childéric II. Il se reconstitue au 9ème siècle, comme héritier du royaume d’Aquitaine attribué à Pépin 1er d’Aquitaine (mort en 838). Il fut ensuite l’objet de luttes entre les comtes d’Auvergne, de Toulouse et de Poitiers.

[5] Le Duché de Lyon fut une entité supra-comtale du royaume de Francie médiane, du royaume de Charles de Provence, puis de Lotharingie composée des pagi Lyonnais et Viennois confiés au comte Gérard de Roussillon. Le duché de Lyon n’est connu que par une unique mention de 855-856, indiquant que lors du partage de la Francie médiane, Charles de Provence reçut la Provence et le duché de Lyon. Il apparaît attaché au marquis comte Gérard de Roussillon (qualifié de "duc" vers 860) fidèle de Lothaire 1er qui devint le régent de Charles de Provence. À la mort de Charles de Provence en 863, le comte Gérard prit le parti de Lothaire II contre Charles le chauve et parvint à lui conserver l’ancien duché de Lyon. À la mort de Lothaire et à la suite du traité de Meerssen, le comte Gérard entra en rébellion contre Charles le Chauve et fut finalement chassé de Vienne. À partir de 870, l’ancien duché fut intégré au royaume de Provence de Boson. Au sein du royaume de Bourgogne Provence, à la suite du mariage de la fille de Boson Ingelberge en mai 898, c’est à Guillaume 1er d’Aquitaine qu’échoit le duché.

[6] Le comté de Mâcon rattaché à la ville de Mâcon en Saône-et-Loire (Mâconnais) dans la partie sud-est de la Bourgogne au Moyen Âge. À l’époque carolingienne, le pagus devient un comté. Sans postérité, le dernier comte, Jean de Dreux et de Braine, et sa veuve, Alix, comtesse de Mâcon et de Vienne, vendent le comté au roi de France, Saint Louis, qui l’incorpore au domaine royal, tandis que le titre de comte de Vienne reste aux oncles d’Alix. Rendu au duché de Bourgogne en 1435 dans le cadre du traité d’Arras, le comté de Mâcon est définitivement annexé au royaume avec l’ensemble de la Bourgogne après 1477, année de la défaite et de la mort du duc Charles le Téméraire vaincu par Louis XI. Jusqu’à la Révolution française, le Mâconnais, rattaché à la Bourgogne avec le statut de comté adjacent, disposait de ses propres États : les États particuliers du Mâconnais.

[7] Pavie est une ville de la province de même nom en Lombardie (Italie). Pavie est nommée Pavia en italien et en lombard. À partir du 6ème siècle, la ville est nommée Papia, un dérivé probable du nom d’une gens romaine. Pavie est située sur les rives du Tessin, à une dizaine de kilomètres en amont de son confluent avec le Pô. Milan, au nord, est distante de 35 km ; Gênes, au sud, de 90 km ; Turin, à l’ouest, de 110 km.

[8] Vérone est une très ancienne ville italienne, dans la région de Vénétie, sur les rives de l’Adige, à proximité du lac de Garde. Fondée au 1er siècle av. jc, la ville historique de Vérone connut des périodes d’expansion. Un nombre remarquable de monuments de l’Antiquité, de l’époque médiévale et de la Renaissance y sont préservés. La ville adopta le droit romain en 89 av.jc, et devint une municipalité romaine en 49 av.jc en faisant partie de la 10ème région romaine. Située au carrefour de trois routes importantes la via Postumia, la via Gallica et la via Claudia Augusta, traversée par un grand fleuve, Vérone retient l’attention des empereurs romains et des suzerains qui suivront.

[9] Vienne est une commune située au sud-est de la France, au confluent du Rhône et de la Gère. Vers 730, la ville est attaquée par les Sarrazins, qui pillent la vallée du Rhône. Elle retrouve un rôle de premier plan lorsque l’Empire Carolingien se désagrège. En 844,Gérard II de Paris (beau-frère de l’empereur Lothaire 1er) reçoit le duché de Lyon qui comprend le comté de Vienne et de Lyon afin d’en assurer le commandement militaire et de repousser les raids des Sarrasins encore présents en 842 dans la région d’Arles. En août 869, à la mort de Lothaire II de Lotharingie et à la suite du traité de Meerssen qui organise sa succession, Charles le Chauve négocie avec son demi-frère Louis II le Germanique et obtient le comté de Lyon et celui de Vienne. Girart II qui avait été nommé régent du duché et du comté, refuse ce partage et entre en rébellion contre Charles le Chauve qui lui avait déjà ravi le comté de Paris. Dès lors le roi de Francie occidentale marche rapidement avec son armée sur Lyon qui ne résiste pas, puis sur Vienne, dont la défense est dirigée par Berthe, la femme de Girart. La ville fortifiée résiste pendant plusieurs mois, mais les troupes dévastent la campagne. Girart accourt et demande une capitulation honorable. Cette demande est acceptée et Girart cède alors Vienne à Charles le Chauve qui en prend possession la veille de Noël de l’an 870.. Charles le Chauve incorpore ensuite le Lyonnais et le Viennois dans son royaume, et en janvier 871 il nomme Boson (son beau-frère), gouverneur du Lyonnais et du Viennois, charge occupée jusqu’alors par Girart. Profitant de l’affaiblissement du pouvoir impérial Boson, se fait élire roi de Provence en 879 sous le titre de Boson V de Provence et installe a Vienne sa capitale.