Fils de la déesse Ninsun [1]. Il est le personnage principal de plusieurs récits épiques, dont le plus célèbre est l’Épopée de Gilgamesh, qui a rencontré un grand succès durant la haute Antiquité.
Au début du 2ème millénaire av. jc, plusieurs récits épiques rédigés en sumérien racontent les exploits de Gilgamesh en tant que héros, qui est la forme la plus courante sous laquelle il est attesté dans les textes. Ces récits sont à resituer dans une tradition attribuant des actes légendaires à des anciens rois d’Uruk [2], Gilgamesh et ses deux prédécesseurs Enmerkar et Lugalbanda .
Ce récit rencontre un très grand succès dans tout le Proche-Orient ancien : des versions sont retrouvées jusqu’à Megiddo [3] au Levant, Tell el-Amarna [4] en Égypte, et Hattusha [5] en Anatolie centrale. Sur ce dernier site, on a même retrouvé des fragments de traduction de l’œuvre en hittite [6] et en hourrite [7]. La version la plus complète est celle retrouvée à Ninive [8] dans la bibliothèque d’Assourbanipal. Elle se compose de 11 tablettes, et est notre meilleure source pour connaître le déroulement du texte.
L’Épopée se divise en deux parties principales. Le début, présente Gilgamesh comme roi tyrannique d’Uruk. Pour faire cesser ses excès, les dieux créent Enkidu , un être capable de le combattre.
L’affrontement qui a finalement lieu entre les 2 ne voit aucun vainqueur, et au contraire les 2 deviennent des camarades. Ils accomplissent ensuite 2 grands combats, repris des anciens mythes sumériens.
D’autres sources sumériennes et akkadiennes [9] fournissent des informations sur Gilgamesh, parfois en tant que divinité des Enfers et pas seulement en tant que personnage héroïque.
D’après la Liste royale sumérienne [10], Gilgamesh est le 5ème roi de la première dynastie d’Uruk, présenté comme le fils d’un démon-lilū [11], seigneur de Kullab [12], qui aurait régné 126 années.
Un hymne du roi Shulgi de la Troisième dynastie d’Ur mentionne les exploits de Gilgamesh. Il évoque notamment les combats de Gilgamesh contre la cité rivale de Kish [13], dont il défait le souverain Enmebaragesi .
Le nom de Gilgamesh et sa renommée ne sont pas oubliés après la fin de la civilisation mésopotamienne au début de notre ère. On le retrouve mentionné dans des documents plus tardifs élaborés hors de Mésopotamie. Sa figure ne correspond alors que vaguement à l’image laissée par la tradition mésopotamienne.
Par son ascendance, Gilgamesh est donc déjà supérieur aux autres hommes. Les exploits qu’il accomplit dans les différents mythes qui le mettent en scène illustrent cela.
Héros humain pour qui la mort est une obsession, Gilgamesh est aussi un être divin, une divinité infernale du pays de Sumer. C’est d’ailleurs sous cette forme qu’il apparaît dans la source la plus ancienne le concernant qui est à notre disposition, une liste de divinités provenant de Fara qui est parmi les plus anciens textes religieux exhumés en Mésopotamie vers 2600-2500 av. jc.
Le mythe de La mort de Gilgamesh est certes un texte pessimiste, présentant comme un échec la quête d’immortalité du héros, mais finalement il devient une des divinités des Enfers, ce qui peut être vu comme une sorte de compensation.
Il est courant de trouver dans les ouvrages spécialisés que Gilgamesh est un personnage qui a probablement existé, avant d’être héroïsé puis divinisé par les générations qui lui ont succédé.
Il est donc à classer au même titre que le roi Arthur dans la catégorie des personnages dits semi légendaires, apparaissant comme des héros dont le contexte des exploits est vraisemblablement historique.
Il est un modèle de roi, qui mène ses troupes au combat, et la tradition lui attribue la construction de l’impressionnante muraille d’Uruk.
Agga , l’adversaire de Gilgamesh d’après un récit sumérien, est présenté par cette liste comme le dernier roi de la première dynastie de Kish, supplantée par celle d’Uruk. Le passage du témoin se ferait donc sous le règne de Gilgamesh. D’après la Liste royale, Agga est précédé à la tête de sa cité par Enmebaragesi, personnage connu par des inscriptions de son époque, et qui a donc vécu avec certitude.
La cité d’Uruk est l’une des plus importantes villes de basse Mésopotamie durant la période où aurait vécu Gilgamesh, le début de l’époque dite des Dynasties archaïques. C’est sans doute la plus grande ville de cette région, avec des murailles et des monuments impressionnants. Le cycle épique de ses souverains, ainsi que la Liste royale sumérienne en font une des grandes puissances politiques de cette époque.