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Gilgamesh

mercredi 23 octobre 2024, par lucien jallamion

Gilgamesh

Dieu des Enfers dans la mythologie mésopotamienne-Roi de la cité d’Uruk où il aurait régné vers 2650 av. jc

Fils de la déesse Ninsun [1]. Il est le personnage principal de plusieurs récits épiques, dont le plus célèbre est l’Épopée de Gilgamesh, qui a rencontré un grand succès durant la haute Antiquité.

Au début du 2ème millénaire av. jc, plusieurs récits épiques rédigés en sumérien racontent les exploits de Gilgamesh en tant que héros, qui est la forme la plus courante sous laquelle il est attesté dans les textes. Ces récits sont à resituer dans une tradition attribuant des actes légendaires à des anciens rois d’Uruk [2], Gilgamesh et ses deux prédécesseurs Enmerkar et Lugalbanda .

Ce récit rencontre un très grand succès dans tout le Proche-Orient ancien : des versions sont retrouvées jusqu’à Megiddo [3] au Levant, Tell el-Amarna [4] en Égypte, et Hattusha [5] en Anatolie centrale. Sur ce dernier site, on a même retrouvé des fragments de traduction de l’œuvre en hittite [6] et en hourrite [7]. La version la plus complète est celle retrouvée à Ninive [8] dans la bibliothèque d’Assourbanipal. Elle se compose de 11 tablettes, et est notre meilleure source pour connaître le déroulement du texte.

L’Épopée se divise en deux parties principales. Le début, présente Gilgamesh comme roi tyrannique d’Uruk. Pour faire cesser ses excès, les dieux créent Enkidu , un être capable de le combattre.

L’affrontement qui a finalement lieu entre les 2 ne voit aucun vainqueur, et au contraire les 2 deviennent des camarades. Ils accomplissent ensuite 2 grands combats, repris des anciens mythes sumériens.

D’autres sources sumériennes et akkadiennes [9] fournissent des informations sur Gilgamesh, parfois en tant que divinité des Enfers et pas seulement en tant que personnage héroïque.

D’après la Liste royale sumérienne [10], Gilgamesh est le 5ème roi de la première dynastie d’Uruk, présenté comme le fils d’un démon-lilū [11], seigneur de Kullab [12], qui aurait régné 126 années.

Un hymne du roi Shulgi de la Troisième dynastie d’Ur mentionne les exploits de Gilgamesh. Il évoque notamment les combats de Gilgamesh contre la cité rivale de Kish [13], dont il défait le souverain Enmebaragesi .

Le nom de Gilgamesh et sa renommée ne sont pas oubliés après la fin de la civilisation mésopotamienne au début de notre ère. On le retrouve mentionné dans des documents plus tardifs élaborés hors de Mésopotamie. Sa figure ne correspond alors que vaguement à l’image laissée par la tradition mésopotamienne.

Par son ascendance, Gilgamesh est donc déjà supérieur aux autres hommes. Les exploits qu’il accomplit dans les différents mythes qui le mettent en scène illustrent cela.

Héros humain pour qui la mort est une obsession, Gilgamesh est aussi un être divin, une divinité infernale du pays de Sumer. C’est d’ailleurs sous cette forme qu’il apparaît dans la source la plus ancienne le concernant qui est à notre disposition, une liste de divinités provenant de Fara qui est parmi les plus anciens textes religieux exhumés en Mésopotamie vers 2600-2500 av. jc.

Le mythe de La mort de Gilgamesh est certes un texte pessimiste, présentant comme un échec la quête d’immortalité du héros, mais finalement il devient une des divinités des Enfers, ce qui peut être vu comme une sorte de compensation.

Il est courant de trouver dans les ouvrages spécialisés que Gilgamesh est un personnage qui a probablement existé, avant d’être héroïsé puis divinisé par les générations qui lui ont succédé.

Il est donc à classer au même titre que le roi Arthur dans la catégorie des personnages dits semi légendaires, apparaissant comme des héros dont le contexte des exploits est vraisemblablement historique.

Il est un modèle de roi, qui mène ses troupes au combat, et la tradition lui attribue la construction de l’impressionnante muraille d’Uruk.

Agga , l’adversaire de Gilgamesh d’après un récit sumérien, est présenté par cette liste comme le dernier roi de la première dynastie de Kish, supplantée par celle d’Uruk. Le passage du témoin se ferait donc sous le règne de Gilgamesh. D’après la Liste royale, Agga est précédé à la tête de sa cité par Enmebaragesi, personnage connu par des inscriptions de son époque, et qui a donc vécu avec certitude.

La cité d’Uruk est l’une des plus importantes villes de basse Mésopotamie durant la période où aurait vécu Gilgamesh, le début de l’époque dite des Dynasties archaïques. C’est sans doute la plus grande ville de cette région, avec des murailles et des monuments impressionnants. Le cycle épique de ses souverains, ainsi que la Liste royale sumérienne en font une des grandes puissances politiques de cette époque.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Véronique Grandpierre, Gilgamesh & Co : Rois légendaires de Sumer, Paris, CNRS, 2019

Notes

[1] déesse du gros bétail

[2] Uruk ou Ourouk est une ville de l’ancienne Mésopotamie, dans le sud de l’Irak. Le site est aujourd’hui appelé Warka, terme dérivé de son nom antique, qui vient de l’akkadien, et qui a aussi donné l’hébreu Erekh dans la Bible. Le site d’Uruk fut occupé à partir de la période d’Obeïd (vers 5000 av. jc), et ce jusqu’au 3ème siècle de notre ère. Cette ville joua un rôle très important sur les plans religieux et politiques pendant quatre millénaires. Uruk est l’une des agglomérations majeures de la civilisation mésopotamienne. Elle passe pour être la plus ancienne agglomération à avoir atteint le stade urbain dans la seconde moitié du 4ème millénaire av. jc, pendant la période à laquelle elle a donné son nom (période d’Uruk), et c’est vraisemblablement là que l’écriture a été mise au point au même moment.

[3] Megiddo est un des plus importants sites archéologiques d’Israël. Le tel de Megiddo est situé à environ 90 km au nord de Jérusalem et à 31 km au sud-est de la ville de Haïfa. Le tel domine la vallée de Jezreel au nord. Il est connu en arabe sous le nom de tell el-Moutesellim. L’ancienne ville de Megiddo a été construite sur un tertre qui se dresse maintenant, suite à l’empilement de nombreuses couches archéologiques, à presque 21 mètres au-dessus de la plaine.

[4] Amarna (Tell el-Amarna ou el-Amarna) est le site archéologique d’Akhetaton, la capitale construite par le pharaon Akhénaton aux alentours de 1360 av. jc.

[5] Hattusa (ou Hattousa ou Hattusha, ancien nom Hattush), aujourd’hui située à proximité du village de Boğazkale (anciennement Boğazköy), est un site archéologique situé dans la province de Çorum, en Turquie. C’était la capitale du royaume hittite, située en Anatolie centrale, dans une région montagneuse, près d’une boucle du fleuve Kızılırmak. Elle succéda comme capitale des Hittites à Nesha (Kanesh) sous le règne de Labarna II qui prit le nom de Hattusili 1er pour marquer l’événement, vers 1650 av. jc. Elle connut des périodes fastes et d’autres plus difficiles au cours de son histoire, perdant quelque temps son rôle de capitale, avant de connaître son apogée au 13ème siècle sous l’impulsion du roi Hattusili III et de son fils Tudhaliya IV, qui y entreprirent un important programme de constructions. Pourtant, son abandon et la fin du royaume hittite survinrent à peine quelques années après, au tout début du 12ème siècle.

[6] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.

[7] Les Hourrites ou Hurrites ou Hari, Khurrites, Hourri, Churri, Hurri, Hurriter, sont un peuple habitant l’Asie Mineure durant l’Antiquité. Ils fondent le royaume du Hourri ou Hari d’où découle plus tard le Mitanni, au début du second millénaire, dans une région jouxtant le Nord de la Mésopotamie.

[8] Ninive une ancienne ville de l’Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est du Tigre, au confluent du Khosr, dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l’autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines de Kuyunjik et de Nebī Yūnus. Ninive est l’une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu’elle est devenue l’une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d’en faire la capitale de son grand empire au début du 7ème siècle av. jc. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L’espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée.

[9] Akkad ou Agade est une ville antique de Basse Mésopotamie, ancienne capitale de l’Empire d’Akkad, fondé par Sargon l’Ancien. Elle n’a toujours pas été retrouvée, et sa situation exacte demeure donc inconnue. On la situe soit dans les environs de Kish, ou bien plus au nord, jusque dans la région de Bagdad (peut-être même à l’emplacement de l’actuelle capitale de l’Irak), ou la basse vallée de la Diyala. Le seul moyen de connaître certains de ses aspects est le recours aux textes anciens. La ville n’est mentionnée dans aucune source avant que Sargon d’Akkad n’en fasse la capitale de son Empire au 24ème siècle av. jc, il est donc vraisemblable qu’il ait fondé la ville

[10] La Liste royale sumérienne est un texte historiographique/chronographique mésopotamien. Il se présente comme une liste ou une chronique des dynasties et des rois qui se succèdent dans un ordre chronologique depuis les origines mythiques de la royauté jusqu’à son époque de rédaction. C’est un texte composite, qui a fait l’objet de plusieurs remaniements. Sa formulation la plus complète et la quasi-totalité des copies connues datent des premiers siècles du 2ème millénaire av. jc, mais sa plus ancienne version connue remonte au 21ème siècle av. jc. Des versions plus anciennes encore pourraient avoir existé, ainsi que d’autres variantes intermédiaires, non attestées par des sources.

[11] Le Lilū est un démon mésopotamien présenté parfois avec une paire d’ailes. Son pendant féminin est Lilītu. Il s’agit d’anciens jeunes hommes humains décédés avant d’avoir pu se marier. Dans l’Orient ancien, le Lilū hantait les déserts et les grands espaces. Son action était particulièrement néfaste aux femmes enceintes et aux enfants. Il attaquait ses victimes, féminines de préférence, quand elles dormaient, dans le but d’en faire ses conjointes. Celles-ci n’avaient dès lors plus de chances de trouver un époux parmi les mortels.

[12] un village qui devient un des deux quartiers principaux d’Uruk

[13] Kish est une ville (mais aussi un dieu) de l’ancienne Mésopotamie, particulièrement importante aux époques archaïques, durant lesquelles elle a longtemps exercé sa domination sur les autres États de Basse-Mésopotamie. Cette ville s’étend sur une grande surface, et compte deux ensembles principaux : Tell Inghara et Tell el-Oheimir. C’est de cette ville qu’est sûrement originaire Sargon, fondateur de l’empire d’Akkad.