Guillaume Allène ou Guillermo Elena, dit le Capitaine provençal (mort en 1601)
Il épousa en 1563 Guillemette Gousse, fille de Nicolas Gousse et de Colette François. Au moment de leur mariage, Allène était maître pilote [1]. Lui et sa femme étaient huguenots [2]. De 1563 à 1581, il est répertorié à la Rochelle [3] comme marchand et bourgeois. Ils ont eu un enfant mort jeune.
Fils d’Antoine Allène et de Grassin Andriou, il adhère à la Réforme [4] et s’établit à La Rochelle aux environs de 1562, puis à Brouage [5] à partir des années 1583. D’après le testament de Guillaume Allène fait à Cadix [6] au profit de Samuel Champlain, Guillaume Allène dit avoir été marié à une tante sœur de la mère de Samuel Champlain. En l’état actuel des connaissances, aucun acte de cette union n’a été trouvé.
Guillaume Allène est un marin de haute mer, tout à la fois maître de navire, armateur [7], et avitailleur [8]. De par ses multiples fonctions, il acquiert une solide réputation de marin et devient corsaire.
Il effectue, en qualité de maître et pilote, plusieurs voyages sur les côtes africaines [9]. En avril 1569, il reçoit ses lettres de marque de la reine de Navarre [10] Jeanne d’Albret, mère du futur Henri IV, qui lui confie en 1572 le commandement du Prince, le plus gros navire de La Rochelle de 300 tonneaux.
En 1570, Guillaume Allène, capitaine corsaire du navire l’Aventureuse, a pour mandat de faire la guerre aux ennemis de la religion protestante en combattant les espagnols les portugais et les néerlandais, ce qui lui vaut d’être parmi l’un des meilleurs corsaires de son époque. À cette même époque, Philippe Strozzi, prépare une mystérieuse expédition de grande envergure. Guillaume Allène se voit nommé capitaine de l’un des navires d’Antoine Escalin Baron de La Garde. Brutalement la Saint-Barthélemy [11] met fin au projet.
En 1577, Brouage est assiégé par les troupes royales. Guillaume et son navire sont bloqués dans le port de Brouage devant la citadelle. Depuis quelques jours le port de Brouage subit des tirs incessants des canons catholiques. Malgré le risque, Guillaume Allène décide de rejoindre le prince de Condé Henri 1er de Bourbon-Condé à Chef-de-Baie [12].
Le 7 juillet, malgré la puissance navale catholique, Guillaume Allène force le blocus que Lancelot Voisin de La Popelinière pense bon de passer l’événement à la prospérité. Guillaume Allène sort vainqueur de ce combat naval, se réjouissant de n’avoir eu comme victimes que 11 hommes.
Samuel Champlain adulte était peu bavard sur sa personne. Aucune représentation physique, aucun document écrit ne le représente. Que la famille Champlain ait eu des attaches du côté de La Rochelle, cela ne fait aucun doute.
Guillaume Allène son oncle, à la fois corsaire et pilote d’un galion de Jeanne d’Albret, mère du futur roi Henri IV, a fait de très nombreux voyages entre La Rochelle et Brouage. Le père de Samuel Champlain lui-même pilote portuaire de par son titre a lui aussi été à La Rochelle. Guillaume Allène, de par notaire, rédige un testament en faveur de son neveu Samuel Champlain où il exprime ses sentiments.
Samuel Champlain, de par testament, hérite de terrain, vignoble, verger, de plusieurs maisons, entrepôts, hangars, granges proches de La Rochelle.
Notes
[1] Expert de navigation, il est l’équivalent actuel du navigateur. Le maître pilote travaille aux côtés du capitaine (ou de l’officier de quart) en lui communiquant de façon régulière la position du vaisseau et les dangers éventuels de navigation (courants, récif, haut-fond). Pour ce faire il dispose d’instruments de navigation tels que la boussole, le compas ou encore le sextant. Il vérifie ses instruments de façon quotidienne et note toute observation d’importance.
[2] parti des Protestants
[3] La Rochelle est une ville du Sud-Ouest de la France, capitale historique de l’Aunis et préfecture du département de la Charente-Maritime. Au 16ème siècle la doctrine de Calvin investit La Rochelle qui devient l’un des principaux foyers du protestantisme. Des sièges mémorables s’ensuivent : celui de 1573 par le frère du roi Charles IX, aboutit à un compromis ; celui de 1628, conduit par Richelieu en personne et au cours duquel le maire Jean Guiton immortalise la résistance héroïque de la cité, amène la construction d’une digue de 1 500 mètres pour isoler la ville de la mer et donc de ses alliés les Anglais, et s’achève avec sa reddition à Louis XIII. La dynamique de prospérité continue cependant tout aussi forte jusqu’à la perte du Canada et de la Louisiane, deux destinations majeures de l’export rochelais, lors du traité de Paris de 1763.
[4] La Réforme protestante ou « la Réforme », amorcée au 16ème siècle, est le mouvement de transformation du christianisme qui s’étend de la fin du Moyen Âge jusqu’au début du 17ème siècle et entend revenir aux sources et à la forme première du christianisme. Elle a été représentée par des acteurs de nature diverse : théologiens, prédicateurs, rois, princes, bourgeois, paysans, intellectuels… La Réforme avait des motivations religieuses, politiques et économiques et elle a transformé en profondeur les sociétés européennes et les cultures soumises à l’influence de l’Europe, notamment en Amérique du Nord et dans une moindre mesure l’Amérique du Sud et l’Asie. Née de débats autour du salut et du rôle de l’Église catholique, elle correspond en partie à l’expression d’une culture alors marquée par une profonde angoisse face à la vie éternelle. Elle renvoie aussi à la critique de l’Église romaine et de son commerce des indulgences. Encore assez proche du catholicisme à ses débuts, la Réforme tend à s’en éloigner de plus en plus et rejette de manière grandissante le culte des saints, le culte de la Vierge et participe à une activité iconoclaste importante. Apparue dans un contexte de diffusion de l’écrit et d’alphabétisation grandissante, la Réforme renvoie à l’apparition d’une nouvelle culture venant des milieux bourgeois et instruits qui ont bénéficié d’une bonne formation à travers les universités fondées au Moyen Âge par les princes et l’Église catholique. Les réformateurs profitent de l’essor de l’imprimerie pour faire circuler la Bible en langues vernaculaires
[5] Hiers-Brouage est une commune du sud-ouest de la France située dans le département de la Charente-Maritime. Lieu unique de par son environnement naturel et architectural, la place forte de Brouage a aussi un riche passé historique. C’est un ancien port de commerce du sel du nom de Jacopolis sur Brouage devenu port de guerre catholique voulu par le cardinal de Richelieu qui le nommera Brouage en 1627 pour concurrencer la place forte huguenote de La Rochelle.
[6] Cadix est la capitale de la province de Cadix appartenant à la Communauté autonome d’Andalousie, en Espagne, dans le sud-ouest extrême de l’Europe continentale. Elle est avec Jerez de la Frontera l’une des deux grandes villes de la baie de Cadix. Cadix se situe à environ 30 kilomètres au sud de l’embouchure du Guadalquivir.
[7] L’armateur est la personne qui exploite à ses frais un ou plusieurs navires marchands ou de pêche, ce qui lui confère des responsabilités particulières, notamment vis-à-vis de ses clients (expéditeurs de marchandises, logisticiens, autres armateurs), ses équipages, ses fournisseurs (combustibles, huiles, eau, approvisionnements, ports, terminaux portuaires, pilotes et remorqueurs, divers matériels...etc) et en matière de droit du travail, de droit maritime, de sécurité maritime et de protection de l’environnement.
[8] En navigation fluviale, portuaire et maritime, un avitailleur est un type de navire équipé pour ravitailler d’autres navires, de plaisance ou de commerce. Il va les servir là où ils sont amarrés, mais peut aussi les ravitailler en route, opération délicate réservée aux navires de guerre en mer.
[9] Guinée, Cap-Vert, Sierra Leone et Brésil
[10] Le royaume de Navarre est un royaume médiéval fondé en 824 par les Vascons, dont le premier roi est Eneko Arista, premier d’une lignée de seize rois basques qui régneront sur le Royaume jusqu’en 1234. Attaquée depuis trois siècles au nord des Pyrénées, dans le duché de Vasconie par les Francs, et au sud par les Wisigoths, puis les Omeyyades (musulmans), la Vasconie est réduite au petit Royaume de Pampelune, terres ancestrales du Saltus Vasconum. La Haute-Navarre fut conquise en 1512 par le royaume d’Aragon et fut intégrée en 1516 dans l’actuel royaume d’Espagne et l’autre partie (Basse-Navarre), restée indépendante, fut unie à la couronne de France à partir de 1589 d’où le titre de « roi de France et de Navarre » que portait Henri IV
[11] Le massacre de la Saint-Barthélemy est le massacre de protestants déclenché à Paris, le 24 août 1572, jour de la saint Barthélemy, prolongé pendant plusieurs jours dans la capitale, puis étendu à plus d’une vingtaine de villes de province durant les semaines suivantes. Cet événement des guerres de Religion résulte d’un enchevêtrement complexe de facteurs, aussi bien religieux et politiques que sociaux. Il est la conséquence des déchirements militaires et civils de la noblesse française entre catholiques et protestants, notamment de la vendetta entre le clan des Guise et celui des Châtillon-Montmorency. Il est le résultat d’une sauvage réaction parisienne, ultra-catholique et hostile à la politique royale d’apaisement. Il reflète également les tensions internationales entre les royaumes de France et d’Espagne, avivées par l’insurrection aux Pays-Bas. Pendant longtemps, la tradition historiographique a fait du roi Charles IX et de sa mère, Catherine de Médicis, les principaux responsables du massacre. Faute de sources, les historiens sont restés longtemps partagés sur le rôle exact de la couronne. Ils retiennent aujourd’hui que seuls les chefs militaires du clan protestant étaient visés par l’ordre royal. Dès le matin du 24 août, Charles IX avait ordonné l’arrêt immédiat des tueries mais, dépassé par la fureur du peuple, il n’avait pu les empêcher.
[12] rade de La Rochelle