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L’histoire pour le plaisir

Louis 1er de Bar

jeudi 21 mars 2024, par lucien jallamion

Louis 1er de Bar (1370/1375-1430)

Cardinal duc de Bar

Fils de Robert 1er duc de Bar [1], et de Marie de France . 10ème des 11 enfants du couple ducal et le plus jeune des fils, il fut destiné à une carrière ecclésiastique et fut évêque de Poitiers [2] de 1391 à 1395, cardinal en 1397 au titre de Sant’Agata dei Goti, évêque de Langres [3] de 1395 à 1413, évêque de Châlons [4] de 1413 à 1420, évêque administrateur de Verdun [5] de 1420 à 1423 et de 1424 à 1430.

Neveu du roi Charles V de France et de Philippe II de Bourgogne, il joua un rôle important à partir de l’assassinat du duc d’Orléans, en 1407.

En 1409, il se rend au concile de Pise [6] avec Guy de Roye , archevêque de Reims [7], et Pierre d’Ailly, évêque de Cambrai [8].

À Volti, près de Gênes [9], une querelle entre les maréchaux de la ville et l’archevêque de Reims dégénère et tourne à l’émeute, Guy de Roye est massacré par la foule, et Louis de Bar manque de peu d’être tué.

Arrivés à Pise [10], les cardinaux prononcent la déchéance de l’antipape Benoît XIII d’Avignon et du pape Grégoire XII de Rome et élisent Alexandre V, élection censée mettre fin au Grand Schisme d’Occident [11], mais qui ajouta encore plus de confusion, les deux rivaux cités refusant de se démettre.

La mort de ses frères avant lui et notamment d’ Édouard III duc de Bar , et de Jean , seigneur de Puisaye, tués à Azincourt [12] le 25 octobre 1415, fit tomber la succession de ces princes aux mains de Louis de Bar, le seul fils survivant de Robert 1er, duc de Bar et de Marie de France.

Le cardinal de Bar dut défendre son héritage contre son beau-frère Adolphe 1er duc de Juliers [13] et de Berg [14], qui considère que Louis, en tant que clerc, n’est pas apte à hériter du duché. Louis réussit à vaincre Adolphe.

Louis de Bar, trop âgé pour renoncer à l’état ecclésiastique qu’il avait embrassé dans sa jeunesse et se marier pour engendrer un héritier, accepta la couronne ducale du Barrois, tout en conservant le titre de cardinal, et la crosse épiscopale de Châlons, qu’il permuta ultérieurement pour celle de Verdun, ville plus rapprochée que Châlons de son héritage.

Ce prince que son âge, son état et sans doute aussi son caractère, éloignaient des habitudes guerrières, s’appliqua, dès le commencement de son règne, à cicatriser les plaies que les hostilités survenues entre le duché de Lorraine [15] et le Barrois [16], en guerre depuis plusieurs années, avaient faites au duché de Bar : il rechercha l’amitié du duc de Lorraine et la paix. Il ne tarda pas à obtenir l’une et l’autre. Les deux princes signèrent, le 4 décembre 1415, un traité qui mit fin aux événements désastreux dont les deux duchés avaient été le théâtre sur la fin du règne de Robert et sous celui d’Édouard III.

Après avoir assuré la paix au dehors de ses états, le cardinal de Bar s’occupa de rétablir le calme au dedans. C’est à son penchant pour la paix qu’est due la création de l’Ordre du Lévrier ou de la Fidélité [17] qui deviendra l’Ordre de Saint-Hubert [18]. Cette institution, créée évidemment pour maintenir, dans le duché de Bar et le marquisat du Pont l’ordre et la tranquillité, se forma à Bar-le-Duc, sous la protection du Cardinal, et les statuts furent arrêtés en sa présence, le 31 mai 1416.

En 1419, pour mettre fin au différend entre les ducs de Bar et de Lorraine, qui dure depuis plusieurs siècles, il négocie le mariage de son petit-neveu et héritier René d’Anjou avec la fille et héritière de Charles II de Lorraine, et lui confia le gouvernement du duché de Bar dès 1420.

Le cardinal de Bar devient évêque de Verdun en 1430. La même année, il meurt le 23 juin à Varennes et, conformément à ses dernières volontés, est enterré dans sa cathédrale de Verdun [19].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Poull, La Maison souveraine et ducale de Bar, 1994

Notes

[1] Relevant à la fois du Saint Empire romain germanique mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l’ouest de la Meuse), le comté, puis duché de Bar, fut formé au 10ème siècle par Ferry d’Ardennes, frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il fut annexé par la France en 1766. Ses villes principales étaient Bar-le-Duc, la capitale, Pont-à-Mousson sur la Moselle, au pied du château de Mousson, Briey et Longwy. Ses frontières bordaient le comté de Champagne, la principauté épiscopale de Verdun, le comté puis duché de Luxembourg, la principauté épiscopale de Metz, le duché de Lorraine et la principauté épiscopale de Toul.

[2] L’archidiocèse de Poitiers est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Érigé au 3ème siècle, il s’étend depuis le Concordat de 1801 sur deux départements, les Deux-Sèvres et la Vienne.

[3] Le diocèse de Langres est une église particulière de l’Église catholique en France. Érigé au 4ème siècle, il est un des diocèses historiques de Champagne et de Bourgogne. Entre 1790 et 1801, Langres fut le siège épiscopal du diocèse du département de la Haute-Marne, un des 83 diocèses de l’Église constitutionnelle créés par la constitution civile du clergé. Supprimé en 1801, il est rétabli dès 1822. Depuis, il couvre le département de la Haute-Marne. L’évêché de Langres (Haute-Marne) a vu son siège transféré à Chaumont et son nom modifié en diocèse de Langres

[4] Érigé au 4ème siècle, il est un des diocèses historiques de l’ancienne province de Champagne. Supprimé en 1801, il est rétabli en 1822. Il est suffragant de l’archidiocèse métropolitain de Reims. En tant que titulaire de l’une des anciennes pairies de France, l’évêque-comte de Châlons portait l’anneau du Roi au cours de la cérémonie du sacre du roi de France.

[5] Le diocèse de Verdun est une église particulière de l’Église catholique en France. Érigé au 4ème siècle, il est un des diocèses historiques de Lorraine. Supprimé en 1801 puis rétabli en 1822, il couvre le département de la Meuse et est suffragant de l’archidiocèse métropolitain de Besançon. Le diocèse vécut une période faste du 11 au 16ème siècle, sous le nom d’évêché de Verdun, période durant laquelle l’évêché était une principauté ecclésiastique autonome au sein du Saint Empire romain germanique, gouvernée par des comtes évêques portant le titre de « Prince du Saint Empire ».

[6] Le concile de Pise a été convoqué en 1409 pour tenter de régler le sérieux problème du grand schisme d’Occident. Celui-ci ne réussi qu’à envenimer la situation puisqu’il y eu trois papes au lieu de deux sur le trône de saint Pierre. Benoît XIII, pape d’Avignon, a derrière lui l’Espagne, le Portugal, la France et l’Écosse. Grégoire XII, pape de Rome, garde pour lui le Sud de l’Italie et une partie de l’Allemagne. Tout le reste de la chrétienté se range derrière le pape de Pise, Alexandre V. Le 3 mai 1410, Alexandre V mourut à Rome. Les cardinaux pisans décidèrent de poursuivre l’aventure, et le conclave présidé par le cardinal Jean Allarmet de Brogny élit Cossa le 17 mai. Il fut ordonné prêtre quelques jours plus tard et couronné le 25 sous le nom de Jean XXIII. Il prit parti en faveur de Sigismond de Hongrie lors de l’élection impériale qui eut lieu la même année. Il fallut attendre le concile de Constance, réuni à partir de 1414 pour que se règle le problème du Grand Schisme.

[7] Le diocèse de Reims a été érigé au 3ème siècle et a été élevé en archevêché dès le 4ème siècle. Une des prérogatives des archevêques de Reims fut de sacrer les rois de France, avec l’huile de la Sainte Ampoule. Dans la cathédrale de Reims, de Henri 1er à Charles X, trente rois de France furent sacrés en ces lieux.

[8] Le diocèse puis archidiocèse de Cambrai est une circonscription de l’Église catholique romaine en France. De sa création à 1559, l’évêché comprenait toute la rive droite de l’Escaut jusqu’à son embouchure dans la mer du Nord. Il était bordé au nord et à l’est par le diocèse de Liège, au sud par les diocèses de Laon et de Noyon et à l’ouest par les diocèses d’Arras, réuni à Cambrai jusqu’en 1094, et de Tournai. Il était un des trois diocèses de Basse Lotharingie, avec ceux de Liège et d’Utrecht et comptait six archidiaconés : Cambrai, Brabant, Bruxelles, Hainaut, Valenciennes et Anvers, recouvrant approximativement l’ancien territoire des Nerviens. C’est en 1094, à l’initiative d’Urbain II, au cours de la querelle des Investitures, que l’ancien diocèse d’Arras, uni pendant longtemps à celui de Cambrai, en fut séparé et considéré comme un ressort distinct

[9] Gênes est une ville italienne, capitale de la Ligurie, premier port italien et deuxième port de la mer Méditerranée. Gênes est située sur le golfe de Gênes, partie septentrionale de la mer de Ligurie. La ville correspond à l’inclinaison de l’arc de cercle formé à cet endroit par la côte. Au nord de la ville commencent les Apennins, débouchant à proximité sur la plaine du Pô. Gênes offre une façade méditerranéenne au nord de l’Italie, à 193 km de Nice au sud-ouest, à 155 km de Milan au nord et à 518 km de Rome au sud-est.

[10] Pise est une ville italienne chef-lieu de la province de même nom en Toscane. Elle est célèbre dans le monde principalement pour sa tour penchée. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia.

[11] On appelle grand schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des 14ème et 15ème siècles (1378-1417), divisant pendant 40 ans la chrétienté catholique en 2 courants rivaux. Cette crise survient en Europe en pleine guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d’un système féodal qui ne répond plus aux besoins d’une société en pleine mutation. En effet, l’Église catholique n’a plus le rôle culturel et social qui était le sien au début du Moyen Âge et qui l’avait rendue indispensable à l’exercice du pouvoir. Au Moyen Âge tardif, les mutations économiques induisent la création d’États modernes que l’Église n’a plus les moyens de rassembler culturellement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l’affrontement du roi de France Philippe le Bel et du pape Boniface VIII qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. En Italie, les luttes du pape et de l’empereur débouchent sur l’affrontement entre guelfes et gibelins du 12ème au 14ème siècle. Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l’installation en 1309 de la papauté en Avignon puis en 1378, au Grand Schisme. Celui-ci, inscrit dans une crise profonde du sentiment et de la pensée religieuse, est marqué par deux successions pontificales simultanées, l’une à Rome et l’autre en Avignon (dont les tenants en titre sont qualifiés d’antipapes par leurs adversaires). L’Église, dont une partie du rôle social et culturel a été prise en charge par la bourgeoisie depuis le 13ème siècle, sort moralement et spirituellement affaiblie de cette crise : le gallicanisme se développe, les particularismes nationaux s’exacerbent, le sentiment religieux se modifie, de nouvelles hérésies émergent.

[12] La bataille d’Azincourt (Artois) se déroule le vendredi 25 octobre 1415 pendant la guerre de Cent Ans. Les troupes françaises, fortes de quelque 18 000 hommes, tentent de barrer la route à l’armée du roi d’Angleterre Henri V, forte d’environ 6 000 hommes et qui tente de regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc par là même l’Angleterre.

[13] Le comté de Juliers, devenu au 14ème siècle duché de Juliers (Herzogtum Jülich), est un ancien duché du Saint Empire romain germanique. Au début du 15ème siècle, il fut incorporé dans le Cercle du Bas-Rhin Westphalie. Vers la fin de l’époque carolingienne, le comté de Juliers était administré par des comtes impériaux qui le possédèrent en fief héréditaire à partir du 12ème siècle. Le comté de Juliers fut une dépendance du duché de Basse Lotharingie jusqu’au milieu du 13ème siècle, où le comte Gérard V fut créé prince immédiat de l’Empire. Le comte Guillaume V fut créé margrave en 1336 par l’empereur Louis IV, puis duc en 1356 par l’empereur Charles IV. Son fils Guillaume VI acquit par mariage le duché de Gueldre et son autre fils Gérard VI le duché de Berg. Adolphe hérita en 1423 de toutes ces possessions. Guillaume VIII, dernier descendant de la dynastie, laissa le duché à sa fille Marie, femme de Jean III le pacifique, duc de Clèves. Ce dernier réunit en 1521 les duchés de Clèves, Berg et Juliers.

[14] Le duché de Berg, qui était, jusqu’en 1380, le comté de Berg, est un ancien duché du Saint-Empire romain. Créé sous le comte Adolphe 1er issu de la maison de Berg en 1101, il fut incorporé dans le cercle du Bas-Rhin-Westphalie au début du 15ème siècle. Le duché se trouvant pour une longue période en état d’union personnelle avec le duché de Juliers a existé jusqu’à 1806, lorsqu’il a été dissout pour former le grand-duché de Berg, un État satellite de la France impériale.

[15] Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne, qui confia la Haute Lotharingie au vice duc Frédéric de Bar. Celui-ci prit le titre de duc de Haute Lotharingie en 977. Au fil du temps, le duché de Haute Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1067. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain à la suite du mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec l’archiduchesse régnante d’Autriche Marie-Thérèse. Ce François III a été élu par la suite roi des Romains et couronné comme Saint Empereur Romain sous le nom de François (premier de ce nom), de sorte qu’on parle de sa femme comme l’Impératrice Marie-Thérèse.

[16] Le Barrois est un territoire du sud-ouest du département de la Meuse. La ville principale qui peut en être vue comme la capitale historique est Bar-le-Duc. Le Barrois est donc le pays entourant Bar-le-Duc.

[17] L’Ordre du Lévrier (« ou de la Fidélité », ou Compagnie du Lévrier blanc), créé le 31 mai 1416 par Louis 1er, cardinal-duc de Bar, est un ordre de chevalerie barrois du 15ème siècle. Instauré, de manière statutaire, pour une durée de cinq ans, il fut maintenu à perpétuité sous le nom d’Ordre de Saint-Hubert.

[18] L’ordre de Saint-Hubert du duché de Bar est un ordre de chevalerie créé en 1422 par Louis Ier, cardinal-duc de Bar en remplacement de l’ordre du Lévrier.

[19] La cathédrale Notre-Dame de Verdun est une cathédrale catholique romaine située à Verdun, dans le département de la Meuse. Siège épiscopal du diocèse de Verdun, elle est élevée à la dignité de basilique par le pape Pie XII en 1947. La cathédrale, dédiée à la Vierge Marie, est construite à partir de 990 selon le plan roman-rhénan. Elle est donc la plus ancienne de Lorraine et l’une des plus anciennes d’Europe. Elle subit plusieurs ravages aux 11ème et 12ème siècles menant à la reconstruction de certaines parties et à l’ajout d’autres. Le 11 novembre 1147, le pape Eugène III consacre la cathédrale. Du 14ème au 16ème siècle, l’édifice est modifié selon le style gothique. Après un incendie en 1755 qui lui fait perdre deux de ses quatre clochers, la cathédrale est remaniée dans les styles baroque et rocaille. Gravement endommagée par des bombardements lors de la Première Guerre mondiale, elle est de nouveau restaurée.