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Sahl Smbatean ou Sahl fils de Smbat

vendredi 3 novembre 2023, par lucien jallamion

Sahl Smbatean ou Sahl fils de Smbat (mort après 855)

Prince arménien d’Albanie du Caucase et de Shaki

Dans les sources arméniennes, Sahl et ses frères sont mentionnés en raison de leurs luttes victorieuses contre les envahisseurs arabes dans les montagnes de l’Artsakh [1].

Le premier affrontement rapporté a lieu en 822 lors de l’invasion du canton d’Amaras [2]. L’autorité du Calife dans la région est en outre substantiellement affaiblie par la révolte deBabak Khorramdin en Azerbaïdjan [3] de 822 à 837, lequel a épousé une fille de Vasak, prince de Siounie [4], ce qui ne l’empêche toutefois pas de se retourner ultérieurement contre son beau-père. Sahl, prince de Shaki, en tire profit pour étendre son autorité sur l’Albanie du Caucase [5] dont le dernier souverain mihranide [6], Varaz-Terdat II, est assassiné en 822/823. La fille de ce dernier, dénommée Spram, est unie au fils de Sahl, Adrnerseh ou Adernassé.

En 837-838, Afchin, général du Calife [7] abbasside [8] Al-Mutasim, est envoyé en Arménie pour lutter contre Babak. Défait, ce dernier se réfugie dans les montagnes contrôlées par Sahl, qui le capture et le remet à Afchin contre une récompense d’un million de dirhams d’argent. Selon Movsès Kaghankatvatsi, le Calife lui accorde alors la souveraineté sur l’Arménie, la Géorgie et l’Albanie du Caucase.

En 854, selon Thomas Arçrouni , Sahl connaît le même sort que de nombreux dynastes arméniens et est exilé à Samarra [9] à la suite des opérations militaires menées par le Turc Bugha al-Kabir , envoyé par le Calife reprendre la région en main. Le sort ultérieur de Sahl n’est pas connu, même si l’on sait qu’il meurt après 855.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l’Antiquité jusqu’au xixe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, 1990

Notes

[1] L’Artsakh est la dixième province du royaume d’Arménie et correspond globalement à l’actuel Haut-Karabagh. Intégré à l’Arménie au plus tard en 189 av. jc, l’Artsakh passe sous le contrôle de l’Albanie du Caucase en 387. En 821, il devient une principauté dirigée par les Hasan-Jalalyan, et est érigé en royaume en 1000. Cette entité est la dernière d’Arménie orientale à maintenir son indépendance

[2] Amaras est un monastère arménien du Haut-Karabagh, situé dans la région de Martouni.

[3] Pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie. Sa capitale est Bakou, sa langue officielle est l’azéri et sa monnaie est le manat. Du 7ème au 10ème siècles, la région connaît un essor politique, sous les Sajides, les Chirvanchahs, les Salarides, les Ravvadides et les Cheddadides. Au 12ème siècle, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, les Atabegs d’Azerbaïdjan règnent depuis leur capitale de Nakhitchevan, puis d’Ardabil, et enfin de Tabriz, sur l’Azerbaïdjan iranien actuel et sur l’Arran (l’Azerbaïdjan moderne). Leur territoire est ensuite conquis par le Khwarezmchahs Jalal ad-Din au 13ème siècle, dont l’État succombe ensuite aux Mongols. Au 13ème siècle, l’Empire mongol des Khulaguides est fondé, avec sa capitale à Tabriz.

[4] Les Siouni ou Siounides, également Sisakyan (du nom de leur ancêtre éponyme, Sisak, fils de Gegham, fils d’Amasia Haykazouni) ou Haykides (en raison du rattachement de Sisak à Hayk), sont les membres d’une famille de la noblesse arménienne qui gouverne la Siounie dès la fin du 3ème siècle.

[5] L’Aghbanie ou Aghouanie ou Albanie du Caucase est un royaume antique couvrant le territoire actuel de la république d’Azerbaïdjan et le sud du Daguestan.

[6] Les Mihranides ou Maison de Mihrān sont une dynastie iranienne issue des sept grands clans ou maisons parthes des empires arsacide et sassanide.

[7] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[8] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[9] Sāmarrā est une ville d’Irak. Son nom est l’abréviation de l’arabe signifiant « celui qui l’aperçoit est heureux », nom que lui avait donné le calife abbasside Al-Mutasim. Elle se situe sur la rive est du Tigre dans la province de Salah ad-Din, à 125 km au nord de Bagdad. Sāmarrā était autrefois l’une des plus grandes villes de Mésopotamie. La ville pré-islamique a été remplacée par une nouvelle ville en 833 par le calife abbasside Al-Mutasim, afin d’y installer ses mercenaires turcs recrutés la même année lors de son accession au califat. Écartée de Bagdad où elle molestait la population locale, la nouvelle garde du calife y vécut en véritable micro-société et Samarra devint alors la nouvelle capitale du monde musulman. Durant le règne de son successeur Al-Wathiq et davantage sous celui du calife Al-Mutawakkil, Sāmarrā se transforme en une ville commerciale. Ce dernier a été le garant de la construction de la Grande Mosquée de Sāmarrā en 847 avec son célèbre minaret en spirale.