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Héthoum 1er d’Arménie

mardi 29 août 2023, par lucien jallamion

Héthoum 1er d’Arménie (1218-1270)

Roi arménien de Cilicie de 1226 à 1270

Fils de Kostandin dit Constantin de Barbaron , seigneur de Barbaron, et d’Alix de Lampron [1], tous deux de la famille des Héthoumides [2].

En 1220, après la mort de Léon II (roi d’Arménie) , roi arménien de Cilicie [3], puis d’Adam de Baghras, le régent, c’est Kostandin de Barbaron qui assure la régence au nom de la reine Isabelle d’Arménie .

Elle épouse en 1221 Philippe d’Antioche , qui est sacré roi mais cherche à latiniser les institutions et la religion arménienne et est assassiné le 24 janvier 1226. Le 14 mai 1226, Kostandin marie Isabelle à son troisième fils Héthoum, qui est sacré roi d’Arménie. Les deux époux sont cousins issus de germains, et la dispense papale n’est accordée qu’en 1237.

Bien que porté au pouvoir par une réaction anti-franque, il pratique une politique francophile, sans chercher à modifier les traditions arméniennes. Sa fille Sibylle d’Arménie épouse Bohémond VI d’Antioche , mettant fin à la rivalité entre les deux États.

Durant son règne, les Mongols envahissent le Proche-Orient, et Héthoum comprend tout l’intérêt de se mettre sous leur protection pour résister aux Turcs. Il envoie son frère Sempad à la cour mongole à Karakorum. Là, Sempad rencontre le grand khan Güyük et conclut en 1247 un accord dans lequel l’Arménie de Cilicie est considérée comme un État vassal de l’Empire mongol.

En 1253, Héthoum décide de se rendre, en personne, auprès du grand khan pour lui prêter allégeance. Il se rend à Karakorum où il est reçu solennellement par le nouveau grand khan Möngke le 13 septembre 1254. L’alliance porte rapidement ses fruits, et le khan envoie ses troupes prendre Bagdad [4] en 1258 et mettre fin au califat de Bagdad [5]. Héthoum et Bohémond participent à l’expédition.

Mais en 1260, les Mamelouks [6] battent les Mongols qui évacuent la Syrie [7]. Ils envahissent et ravagent ensuite la Cilicie. Léon est fait prisonnier et Héthoum doit leur céder des forteresses en échange de la libération de Léon. Brisé par ce désastre, Héthoum abdique en février 1269 et se retire dans un monastère, prend le nom de Makarios, et meurt le 28 octobre 1270.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de René Grousset, L’Empire du Levant : Histoire de la Question d’Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1949 (réimpr. 1979), (ISBN 2-228-12530-X)

Notes

[1] Lampron ou Les Embruns pour les croisés est une forteresse située près de Çamlıyayla (autrefois Namrun) dans la province de Mersin en Turquie. Au Moyen Âge, la citadelle faisait partie du royaume arménien de Cilicie. Elle était la résidence des souverains héthoumides et contrôle le passage des monts Taurus vers la plaine de Cilicie. La forteresse est à 60 km au nord de Tarse, elle verrouille l’entrée de la plaine de Cilicie. Située au sommet d’une falaise, elle est pratiquement imprenable.

[2] Les Héthoumides sont les membres d’une famille noble arménienne qui s’installa en Cilicie après la conquête de l’Arménie par les Seldjoukides et qui acquit la seigneurie de Lampron. Les princes de la famille rivale roupénide fondèrent la principauté arménienne de Cilicie, et les Héthoumides furent les chefs de l’opposition baronniale aux princes, puis aux rois et obtinrent les seigneuries de Korikos et de Barberon. En 1224, à l’extinction de la famille roupénide, les Héthoumides montèrent sur le trône, mais la famille s’éteignit elle-même en 1373. Le trône passa ensuite aux Lusignan.

[3] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[4] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[5] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui régna sur le califat abbasside de 750 jusqu’à la chute de Bagdad en 1258. Ils sont ensuite califes au Caire sans pouvoir temporel (aux mains du sultanat mamelouk d’Égypte) jusqu’à leur déposition par les Ottomans en 1517.

[6] les mamelouks sont les membres d’une milice formée d’esclaves affranchis au service de différents souverains musulmans, milice qui a occupé le pouvoir à de nombreuses reprises. Les premiers mamelouks forment, au 9ème siècle, la garde des califes abbassides à Bagdad. Ils sont d’abord recrutés parmi les captifs non musulmans en provenance du Turkestan actuel, du Caucase (Circassiens, Géorgiens, etc.), d’Europe orientale (Slaves orientaux) ou de Russie méridionale (plaines du Kipchak). Au départ, la position n’est pas héréditaire. Certains mamelouks parviennent à des positions importantes de commandement militaire. Ils sont ensuite au service de la dynastie

[7] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.