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L’histoire pour le plaisir

Joseph Bringas

samedi 1er juillet 2023, par ljallamion

Joseph Bringas (mort en 965)

Eunuque du palais impérial byzantin

L'Empire byzantin en 1180 Sous Constantin VII, il est patrice [1], grand préposite [2] et grand drongaire [3]. Quand Romain II accède au pouvoir, il devient le chef du sénat et parakimomène [4].

Très intelligent, compétent, les historiens le présentent comme doté d’une capacité de travail illimitée mais aussi comme avare, ambitieux et cruel. Il est pendant le règne de Romain II le chef incontesté de l’état byzantin [5], suivant en cela la volonté que Constantin VII avait exprimée avant de mourir. La plupart des chroniqueurs de l’époque sont sévères avec lui et blâment son avarice, ses exactions et sa dureté.

En 960, il organise l’expédition en Crète de Nicéphore Phocas, qu’il a lui-même élevé à la tête de l’armée. Cependant en 963, il devient un adversaire de Nicéphore II, monté sur le trône impérial grâce aux faveurs de l’impératrice douairière Théophano et se voit même accusé de tentative de meurtre contre le nouveau souverain. Cette accusation n’est pas dénuée de fondement : Bringas a en effet organisé une tentative de coup d’État contre Nicéphore Phocas, qui n’échoue que grâce à la perspicacité de ce dernier, parvenu à rallier à lui le patriarche Polyeucte de Constantinople ainsi que le peuple.

Lorsque Nicéphore II est proclamé empereur, le 3 juillet 963, Bringas refuse de s’avouer vaincu et organise un soulèvement militaire en Macédoine, avec le soutien de Marianos Argyre . Il prend également en otage Bardas Phocas, père de Nicéphore mais le peuple se soulève, libérant Phocas. Le 16 août 963, Nicéphore II fait son entrée dans Constantinople [6]. Joseph Bringas est alors exilé en Paphlagonie [7], jusqu’à sa mort en 965.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de John Julius Norwich (trad. Dominique Peters), Histoire de Byzance (330-1453), Paris, Librairie Académique Perrin, 1998 (1re éd. 1999) (ISBN 2-262-01333-0)

Notes

[1] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[2] Le praepositus sacri cubiculi ou préposite de la chambre sacrée est une des hautes fonctions palatines du Bas-Empire romain. Son titulaire est généralement un eunuque agissant comme grand chambellan du palais et exerçant une autorité et une influence considérables. Au 7ème ou au 8ème siècle, l’appellation praipositos devient par ailleurs un titre réservé aux eunuques servant au palais. Le titre et la fonction sont utilisés dans l’Empire byzantin jusqu’à la fin du 11ème siècle.

[3] Un drongaire est un rang militaire de la fin de l’Empire romain et de l’Empire byzantin. Il désigne le chef d’un drongos.

[4] Parakimomène était un titre porté par un haut dignitaire du palais des empereurs byzantins. Il était conféré par édit impérial, c’est-à-dire que le titulaire était révocable au gré du souverain. C’était l’une des 10 charges palatiales par édit, et la plus haute, qui étaient tout spécialement réservées aux eunuques. C’était un responsable chargé tout particulièrement d’assurer la protection du souverain pendant la nuit (portant d’ailleurs une arme), et en qui celui-ci devait avoir toute confiance. À partir du 9ème siècle, plusieurs titulaires de cette charge jouèrent un rôle politique de premier plan.

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[7] La Paphlagonie est une ancienne région de l’Asie Mineure, sur la côte nord, entre la Bithynie et le Pont, bornée au sud par la Galatie, qui avait pour capitale Amastris (Amasra) et comme villes principales Gangra (Çankırı) et Sinope (Sinop). Selon Hérodote, la Paphlagonie est au 6ème siècle av jc sous la domination de Crésus, roi de Lydie. En 480 av jc, elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès à Xerxès 1er pour son invasion de la Grèce. Après Alexandre le Grand, la Paphlagonie devint un royaume, dont le dernier roi Pylémène II, légua à sa mort, en 121 av jc, son territoire au père de Mithridate VI. Ce pays devint dès lors un sujet de guerre entre les rois du Pont et ceux de Bithynie. Les Romains, vainqueurs de Mithridate, la réduisirent en province romaine, et la réunirent à la province du Pont en 63 av jc. Elle en fut séparée et fit partie sous Dioclétien du diocèse du Pont.