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Tushratta

lundi 2 janvier 2023, par ljallamion

Tushratta

Roi du Mitanni vers1380 à 1350 av. jc

Fils du roi Shuttarna II , il fut placé sur le trône par un certain UD-hi qui avait assassiné son frère Artashumara . Il était probablement très jeune à l’époque et servait de faire-valoir. Il réussit cependant à s’émanciper du meurtrier, peut-être avec l’aide de son beau-père égyptien.

Au début du règne du roi Hittite [1] Suppiluliuma 1er, le Kizzuwatna [2], alors dirigée par Shunashshura était sous le contrôle hittite. Le royaume fit sécession de Hatti [3], mais fut reconquis par Suppiluliuma 1er. Lors de ce qui est appelé la première campagne syrienne, Suppiluliuma envahit ensuite la partie occidentale de la vallée de l’Euphrate [4] et conquit l’Amurru et le Nuhashshe sur le Mitanni [5].

D’après le traité entre Suppiluliuma et Shattiwazza, Suppiluliuma passa un traité avec Artatama, un rival de Tushratta. Il est appelé roi des Hurri [6], tandis que Tushratta avait pour titre roi du Mitanni. Il est probable que ceci déplut à Tushratta. Suppiluliuma commença à piller les terres sur la rive occidentale de l’Euphrate et annexa le Mont-Liban [7]. Tushratta le menaça de lancer des attaques au-delà de l’Euphrate si un seul agneau ou enfant était volé.

Suppiluliuma relate ensuite comment le pays d’Ishuwa [8] sur l’Euphrate supérieur fit sécession au temps de son grand-père. Les essais pour reconquérir ce territoire avaient échoué. Lors du règne de son père, d’autres cités se rebellèrent. Suppiluliuma affirme les avoir défaites, mais les survivants avaient fui vers le territoire d’Isuwa, probablement en pays mitannien. Une clause exigeant le retour des réfugiés faisant partie de beaucoup de traités entre états souverains et entre dirigeants et états vassaux, c’est peut-être l’asile de ces fugitifs par Isuwa qui fut un prétexte pour l’invasion hittite.

Une armée hittite traversa la frontière, entra dans Isuwa et ramena les fugitifs ou déserteurs ou gouvernements exilés sous le joug hittite.

L’armée hittite marcha ensuite sur Washshukanni [9]. Suppiluliuma déclare avoir pillé cette région, et d’avoir ramené du butin, des captifs, du bétail, des moutons et des chevaux au Hatti. Il prétend aussi que Tushratta fuit, bien qu’il ne réussisse pas à capturer la capitale. Bien que cette campagne affaiblisse le Mitanni, elle ne réussit pas à mettre en danger son existence.

Lors d’une seconde campagne, les Hittites traversèrent encore une fois l’Euphrate et prirent Halab [10], Mukish [11], Niya [12], Arahati, Apina, Qatna [13] et d’autres cités dont le nom ne nous est pas parvenu. Le butin d’Arahati comprenait des conducteurs de chars de guerre, qui furent emmenés au Hatti avec tous leurs biens. C’était alors classique d’incorporer des soldats ennemis à sa propre armée. Dans ce cas, les Hittites cherchèrent sans doute à contrer la principale force du Mitanni, les chars de guerre, en se créant ou en renforçant ses propres forces de chars de guerre.

Suppiluliuma affirma avoir déclaré d’avoir conquis les terres autour du Mont-Liban et de la plus lointaine des rives de l’Euphrate. Cependant, on ne connaît des gouverneurs Hittites ou des dirigeants vassaux que pour une partie de ces villes et royaumes. Il paraît ainsi probable que les Hittites firent des conquêtes en Syrie occidentale, mais semble douteux qu’ils établirent un pouvoir permanent sur la région à l’est de l’Euphrate.

Tushratta soupçonnait peut-être des visées expansionnistes des Hittites contre son royaume. Les Lettres d’Amarna [14] contiennent plusieurs tablettes de Tushratta concernant le mariage de sa fille Tadukhepa (Tatuhepat) avec Amenhotep III dans le but explicite de consolider l’alliance avec le royaume égyptien.

Vers la fin de sa vie, Amenhotep III écrivit à Tushratta de nombreuses fois afin de lui exprimer son souhait de se marier à sa fille. Cependant, il semble qu’Amenhotep III mourut avant qu’elle n’arrive. Quand Suppiluliuma envahit le Mitanni, les Égyptiens ne répondirent pas à temps peut-être en raison de la soudaine mort d’Amenhotep et de la lutte pour le pouvoir qui en fut la conséquence. Taduhepa se maria au nouveau roi Akhénaton, et elle serait devenue la célèbre reine d’Égypte Kiya (ou Khipa).

Un des fils de Tushratta conspira avec certains de ses sujets et tua son père afin de prendre le trône. Le Mitanni fut alors divisé par des luttes intestines. Deux de ses fils, Artatama et Shuttarna se disputèrent l’héritage, ce qui par une habile politique de soutien hittite à l’un, puis à l’autre, contrebalancée par le jeu des Assyriens [15], aboutit à la division du Mitanni en deux royaumes, l’un occidental sous protectorat hittite, l’autre autour de Wassukanni [16] dans la mouvance assyrienne.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Tushratta/ Portail du Proche-Orient ancien/ Catégorie : Mitanni

Notes

[1] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.

[2] Le Kizzuwatna fut un royaume anatolien du 2ème millénaire av. jc, incorporé dans l’Empire hittite à la fin du 15ème siècle av. jc. Ce fut le nom donné à la région située au pied des monts Taurus (en Turquie aujourd’hui) voisine de la Pamphylie à l’Ouest. Elle correspondait presque à la Cilicie et à la Cataonie (« Kataonia » pourrait être une forme gréco-latine du nom Kizzuwatna). Le pays était organisé autour des rivières Ceyhan et Seyhan, et de sa capitale Kummani ainsi que d’autres centres urbains. Au 2ème millénaire av. jc, sa population est composée majoritairement de Louvites et de Hourrites.

[3] Hatti est un terme géographique et ethnique concernant l’Anatolie antique, et qui peut avoir plusieurs sens : Au IIème millénaire av. jc, c’est avant tout une région de l’Anatolie centrale, autour de la ville de Hattusha. Ce terme désigne également le peuple non-indo-européen qui est le premier connu à peupler cette région dans les premiers siècles du IIème millénaire av. jc, les Hattis, et leur langue, le hatti. À partir du 17ème siècle av. jc, la région Hatti devient le centre du royaume dominé par l’ethnie hittite, qui la peuplent alors en majorité et prennent son nom. Ils sont désignés par les peuples voisins, tels les Égyptiens, les Babyloniens ou les Assyriens, comme étant les gens du pays Hatti, et leur royaume est le royaume du pays Hatti, d’où vient le terme contemporain de Hittite. Après la chute du royaume hittite au 12ème siècle av. jc, le terme Hatti subsiste et désigne la région du sud-est anatolien dans lesquels se constituent plusieurs royaumes dit « Néo-hittites », comme Karkemish, Karatepe, Tabal, etc. Ce terme se retrouve beaucoup dans les textes des rois assyriens de cette époque, qui conquièrent peu à peu chacun de ces royaumes du 9ème siècle à la fin du 7ème siècle av. jc. Le terme subsiste encore sous les Empires assyrien et babylonien pour désigner cette partie de l’Anatolie du sud-est ainsi que le nord de la Syrie.

[4] L’Euphrate est un fleuve d’Asie de 2 780 km de long. Il forme avec le Tigre dans sa partie basse la Mésopotamie. Son débit est particulièrement irrégulier puisque plus de la moitié de son flux s’écoule de mars à mai et que le débit peut tomber à 300 m3/s contre un débit moyen de 830 m3/s à l’entrée en Syrie. En période de crue, il peut atteindre 5 200 m3/s pouvant provoquer de graves inondations. Les deux branches mères de l’Euphrate naissent sur le haut-plateau anatolien : celle de l’ouest, ou Karasu, naît près d’Erzurum, dont elle traverse la plaine ; celle de l’est, le Murat, se forme au Nord du lac de Van, sur les flancs d’un contrefort occidental de l’Ararat. Il traverse ensuite la zone de piémont, zone aride partagée entre la Syrie et l’Irak. Arrivé aux environs de Ramadi en Irak, il entre dans la plaine fertile de Mésopotamie, passant par Fallujah à proximité de Bagdad, et puis à environ 1 km à l’ouest des ruines de Babylone. Il rejoint le Tigre dans le sud-est du pays à Qurna à environ 100 km au nord-ouest de Bassorah pour former le Chatt-el-Arab et se jeter dans le golfe Persique.

[5] Mitanni (ou Mittani) était un royaume du Proche-Orient ancien dont le centre était situé au nord-est de la Syrie actuelle, dans le triangle du Khabur, à peu près entre le 17ème siècle et le 13ème siècle avant notre ère. Il était peuplé en majorité de Hourrites, peuple qui doit son nom actuel à la région appelée Hurri, qui semble recouvrir une grande partie de la Haute Mésopotamie. Son élite et sa dynastie régnante, bien que hourrites, préservent cependant des traits archaïques indo-aryens qui traduisent peut-être des origines de ce peuple. Le nom du royaume provient peut-être du nom d’un certain Maitta. Ses voisins l’appelaient de différentes façons : Naharina pour les Égyptiens, Hanigalbat pour les Assyriens, ou encore Subartu dans certains cas. À son apogée, le Mitanni domine un vaste espace allant de la mer Méditerranée jusqu’au Zagros, dominant alors de riches royaumes, notamment en Syrie (Alep, Ugarit, Karkemish, Qatna, etc.). Il rivalise avec les autres grandes puissances du Moyen-Orient de la période, les Égyptiens et les Hittites, avant que les conflits contre ces derniers et les Assyriens ne causent sa chute.

[6] Les Hourrites ou Hurrites ou Hari, Khurrites, Hourri, Churri, Hurri, Hurriter, sont un peuple habitant l’Asie Mineure durant l’Antiquité. Ils fondent le royaume du Hourri ou Hari d’où découle plus tard le Mitanni, au début du second millénaire, dans une région jouxtant le Nord de la Mésopotamie.

[7] Le mont Liban « Montagne occidentale du Liban » est une chaîne de montagnes du Liban et, pour une petite partie, de Syrie ; elle domine la mer Méditerranée située à l’ouest, et culmine au Qurnat as Sawda’ à 3 088 mètres d’altitude. Il s’agit du plus haut relief montagneux du Proche-Orient. Cette montagne a constitué le noyau du Grand Liban, à l’origine de la république libanaise moderne. Elle est majoritairement peuplée de chrétiens (maronites surtout), avec une minorité importante de la communauté druze (surtout dans les montagnes du Chouf).

[8] Isuwa ou Ishuwa est une région de l’Anatolie et de la Haute Mésopotamie antique, durant la seconde moitié du 2ème millénaire av. jc (l’Âge du bronze récent). Elle était située dans l’actuelle province d’Elâzığ, en Turquie orientale, dans des vallées et des espaces montagneux localisés entre les cours de la Murat Su, l’Euphrate et le Tigre. En plus de disposer de quelques vallées fertiles, l’Isuwa disposait de mines de cuivre et d’une position stratégique entre des grands royaumes de l’époque, les Hittites à l’ouest et le Mitanni puis l’Assyrie au sud-est, qui l’ont tous convoité. Parmi les sites archéologiques connus qui ont sans doute appartenu à cette région, les plus importants sont Korocutepe et Norşuntepe.

[9] Wassukanni est la capitale du royaume hourrite de Mitanni du 15ème au 13ème siècle av. jc. On ignore où elle se trouvait exactement. On a suggéré de la localiser sous le butte de Tell el Fakhariya, près de Tell Halaf en Syrie, largement inexplorée, mais cette proposition est disputée. On sait que la ville fut pillée par le roi hittite Suppiluliuma 1er dans la cinquième année de son règne. Une inscription du traité avec le Mitanni précise qu’il y installa un vassal hourrite, Shattiwazza. La cité fut de nouveau mise à sac par le roi d’Assyrie Adad-nerari 1er vers 1290 av. jc.

[10] Alep est la ville principale du nord-ouest de la Syrie, chef-lieu du gouvernorat du même nom. C’est une des plus anciennes villes habitées au monde : elle existe déjà à l’époque paléo-babylonienne (2004-1595 av. jc), sous le nom de Halab. En 738 av. jc, elle est rattachée à l’Assyrie sous le nom de Halman. Elle est conquise par Alexandre le Grand en 333 av. jc et passe ensuite aux Séleucides, qui la rebaptisent Beroia. Elle est ensuite occupée par les Romains en 65 av. jc. Sous les Omeyyades, la ville connaît une certaine stagnation. En 944 où elle devient la capitale des Hamdanides. C’est l’âge d’or d’Alep. L’émir Sayf al-Dawla en fait un prestigieux centre littéraire et le point chaud de la lutte entre les musulmans et les Byzantins. En 962, Alep est prise et incendiée par Nicéphore Phocas. La ville est reprise et reconstruite mais ne recouvre pas sa splendeur. Elle passe ensuite aux Fatimides puis aux Seldjoukides. Possession du sultanat de Roum, elle est conquise en 1086 par Tutuş, émir de Damas, qui se proclame ensuite sultan seldjoukide de Syrie. À sa mort, ses émirats sont partagés entre ses deux fils, qui se détestent. Il va s’ensuivre une rivalité entre les deux émirats qui va survivre longtemps à l’extinction de la descendance de Tutuş.

[11] Alalakh (forme ancienne Alakhtum) est une cité antique, correspondant au site actuel de Tell Açana, situé dans le Sandjak d’Alexandrette, en Turquie, dans la plaine de l’Amuq, au nord du coude formé par l’Oronte. Dix-sept niveaux archéologiques allant de l’Âge du cuivre (chalcolithique) (Niveau XVII, c.3400-3100 av. jc) au Bronze final (Niveau 0, 12ème siècle av. jc) ont été mis au jour.

[12] Niya est une ancienne cité du royaume mésopotamien de Hanigalbat, aujourd’hui Apamée en Syrie.

[13] Qatna est une cité antique située en Syrie à 200 km au nord de Damas, sur l’actuel site de Tell Mishrife. C’était la capitale d’un royaume qui fut l’un des plus importants de la région dans la première moitié du 2ème millénaire av. jc, et avait encore une certaine puissance dans la seconde moitié de ce même millénaire. C’était un point important de passage sur les routes de commerce de la région. Plusieurs dynasties de rois s’y sont succédées pendant presque 1000 ans, développant une culture raffinée, un artisanat, et utilisant l’écriture cunéiforme.

[14] Les lettres d’Amarna sont des tablettes d’argile d’ordre diplomatique, retrouvées sur le site d’Amarna, nom moderne d’Akhetaton, la capitale du Nouvel Empire d’Égypte antique sous le règne d’Amenhotep IV, plus connu sous le nom d’Akhenaton, qui régna de 1369 à 1353 av. jc, mais couvrent aussi d’autres règnes (Amenhotep III, peut-être Aÿ). Ces tablettes, sont rédigées pour la plupart en akkadien cunéiforme. On en dénombre actuellement 382.

[15] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.

[16] Wassukanni est la capitale du royaume hourrite de Mitanni du 15ème au 13ème siècle av. jc. On ignore où elle se trouvait exactement. On a suggéré de la localiser sous le butte de Tell el Fakhariya, près de Tell Halaf en Syrie, largement inexplorée, mais cette proposition est disputée. On sait que la ville fut pillée par le roi hittite Suppiluliuma 1er dans la cinquième année de son règne. Une inscription du traité avec le Mitanni précise qu’il y installa un vassal hourrite, Shattiwazza. La cité fut de nouveau mise à sac par le roi d’Assyrie Adad-nerari 1er vers 1290 av. jc.