Fils d’ Al-Harith V ibn Jabalah , il succède à son père en tant que roi de sa tribu en 569, mais également à la tête des clients et alliés arabes de l’Empire byzantin à l’est, avec le rang de patrice. Malgré d’importantes victoires sur les rivaux Lakhmides [1], tribu arabe à la solde de l’Empire perse, les relations avec Byzance se détériorent sous son règne à cause de son monophysisme [2] convaincu, opposé au chalcédonisme [3] préféré par le pouvoir byzantin.
L’alliance se rompt totalement en 572, lorsqu’il découvre un projet d’assassinat commandité par les Byzantins. En effet, après ses succès militaire, Mundhir écrit à l’empereur byzantin Justin II afin de lui demander d’envoyer de l’or pour ses hommes. Cette requête rend Justin furieux. Il envoie à son commandant local une lettre lui ordonnant d’attirer le roi arabe dans un piège et de le faire tuer. Cette lettre tombe dans les mains de Mundhir qui rompt alors ses relations avec l’Empire et refuse d’engager ses forces aux côtés des Byzantins lors d’une nouvelle guerre avec l’Empire sassanide en 572.
Les relations sont restaurées en 575 et Mundhir obtient de l’empereur la reconnaissance de son statut royal et la promesse de tolérance envers l’Église monophysite. Immédiatement après cette réconciliation, Mundhir rassemble secrètement une armée et lance une attaque contre Hirah [4], la capitale lakhmide qui, à cette époque, est probablement la ville du monde arabe la plus grande, la plus prospère, et la plus active culturellement. La ville est mise à sac, pillée et brûlée, excepté les églises. La même année, Mundhir se rend à Constantinople où il est récompensé d’une couronne ou diadème [5], marquant le renouvellement formel de son rôle en tant que chef des clients arabes de Byzance.
En 580, Mundhir est invité par l’empereur Tibère II à se rendre à nouveau à la capitale. Il y arrive le 8 février, accompagné par deux de ses fils, et est fastueusement reçu. À cette occasion, parmi une multitude d’autres cadeaux, il se voit offrir une couronne royale, remplaçant la couronne plus simple ou le diadème précédemment reçu.
Lors de son séjour à Constantinople, Mundhir reçoit la permission de l’empereur de tenir un concile d’Église monophysite, qui se réunit le 2 mars 580. Ce concile réussit, bien que pour une brève période, à réconcilier les diverses factions et sectes des monophysites. C’est un objectif qui tient à cœur à Mundhir, comme lorsqu’il intervient dans la querelle entre Jacques Baradée et Paul le Noir , le patriarche monophysite d’Antioche [6]. Avant de quitter la capitale impériale, le roi des Ghassanides [7] obtient également la promesse de l’empereur que les persécutions des Monophysites cesseront.
Lorsqu’il retourne chez lui, Mundhir découvre que les Lakhmides et les Perses ont tiré profit de son absence pour lancer des raids sur ses domaines. Réunissant ses forces, il fond sur leur armée, les bat et retourne dans ses terres avec le butin de guerre.
En 580 et 581 Mundhir participe à une infructueuse campagne contre la capitale perse Ctésiphon [8], aux côtés du général byzantin et futur empereur Maurice. L’échec de la campagne provoque une dispute entre les deux hommes, Maurice accusant Mundhir de trahison.
Les deux hommes coopèrent cependant pour forcer Adarmahan à se retirer, et lui infligent une défaite à Callinicum [9]. Lors de son retour, Mundhir apprend qu’une force perso-lakhmide se prépare à une nouvelle attaque contre le domaine ghassanide. Il se rend immédiatement à leur rencontre, engage le combat et écrase leur armée, avant de continuer et de capturer le camp ennemi.
Convoqué à Constantinople pour répondre des accusations de trahison, Mundhir choisit pour avocat son ami, le curator Magnus. Ce dernier, probablement byzantin originaire de la ville de Huwarine [10], dans le désert entre Damas et Palmyre [11], y aurait construit une église. Il convie Mundhir à le rejoindre avec le patriarche d’Antioche Grégoire 1er pour la cérémonie de consécration. Mundhir, uniquement accompagné d’une petite escorte, est arrêté par les troupes byzantines qui stationnent en secret dans la ville. Il est conduit à Constantinople, rejoint sur le chemin par sa femme et trois de ses enfants.
À la capitale, il est bien traité par Tibère, qui lui alloue une résidence confortable et une subvention, mais lui refuse une audience. Ce traitement généreux et l’absence de procès indiqueraient que Tibère lui non plus ne croit pas aux charges retenues, mais qu’il a ordonné l’arrestation pour apaiser la forte faction anti-monophysite de la capitale impériale.
Son arrestation provoque un soulèvement parmi les Ghassanides conduits par son fils, al-Nu’man VI .
Pendant deux ans, l’armée ghassanide mène des raids dans les provinces byzantines à partir de diverses bases dans le désert, arrivant même à battre et tuer le duc byzantin d’Arabie lors d’une bataille à Bostra [12]. Tibère réagit en élevant au rang de roi l’un des frères de Mundhir, de confession chalcédonienne.
Une grande armée conduite par Magnus est envoyée à l’est pour contrer Nu`man et installer son oncle comme roi. La mission est un succès, mais le nouveau souverain meurt après seulement vingt jours de règne. Magnus réussit par ailleurs à soumettre ou subvertir l’allégeance de quelques tribus arabes mineures alors soumises aux Ghassanides. Magnus meurt en août 582, peu avant Tibère.
Lors de l’accession de Maurice au trône, Nu`man se rend à la capitale impériale pour tenter une réconciliation avec Byzance. Au lieu de cela, il est lui aussi arrêté, jugé et condamné à mort, peine rapidement commuée en assignation à résidence.
Mundhir demeure à Constantinople jusqu’à la mort de Tibère. À l’accession au trône de Maurice, il est exilé en Sicile.
Les arrestations de Mundhir et de son fils Nu`man mettent un terme à l’ancienne alliance. En 584, Maurice fragmente le royaume ghassanide en quinze entités plus petites, criblées de dissensions et de conflits. Certaines tribus arabes chrétiennes monophysites rejoignent alors l’Empire perse.