Né à Naples [1] la même année que Georg Friedrich Haendel et Jean-Sébastien Bach, Domenico Scarlatti était le 6ème des 10 enfants d’Alessandro Scarlatti et d’Antonia Anzalone. Maestro di cappella [2] qui écrira plus de 100 opéras, dirigea ses études musicales avant d’être l’élève de Gaetano Greco , l’enfant ne tardera pas à se montrer très doué.
Ses parents sont issus de familles de musiciens, et Alessandro, alors âgé de 25 ans, est alors déjà suffisamment réputé pour avoir été nommé directeur de la musique de la Chapelle royale.
Il passe la première partie de sa vie dans le sillage et l’ombre de son père.
Le 13 septembre 1701, il fut nommé organiste [3] et compositeur à la chapelle royale de Naples dans laquelle son père était maestro et se mit tout naturellement à composer des opéras et des œuvres religieuses, mais il se passionna pour l’instrument à clavier. En 1702 le père et le fils sont partis pour Florence [4] sur un permis d’absence de 4 mois.
Alessandro est bientôt parti pour Rome, alors que Domenico retourne à Naples et assume les fonctions de son père pour la saison 1703/1704.
En 1704, il adapte, pour la représenter à Naples, l’Irène de Carlo Francesco Pollarolo .
Domenico a bientôt démissionné de son poste et a rejoint son père à Rome. Peu après, son père l’envoie à Venise à la compagnie du castrat [5] Nicolo Grimaldi , connue sous le nom de Nicolino ou Nicolini pour étudier avec Francesco Gasparini . Il y rencontre Thomas Roseingrave , un musicien anglais qui devait plus tard participer à la diffusion de ses œuvres à Londres. Scarlatti est dès cette époque un claveciniste hors pair, et l’on raconte que lors d’une joute musicale avec Haendel organisée à Rome au palais du cardinal Pietro Ottoboni pendant son séjour italien, il lui fut jugé supérieur au clavecin, alors que son rival l’emporta à l’orgue. Les deux musiciens restèrent d’ailleurs très amis.
2 ans après il s’établi à Rome et Domenico est devenu la pupille des musiciens les plus éminents d’Italie.
Il a composé au moins un oratorio en 1709 et une douzaine d’opéras pour le théâtre napolitain
Scarlatti était également une figure familière des réunions hebdomadaires de l’“Accademie Poetico-Musicali” accueillant le cardinal Pietro Ottoboni et les meilleurs musiciens à Rome.
À l’age de 20 ans, il se rendit à Venise [6] ou il rencontrera Haendel et Vivaldi puis repartira pour Rome ou il mènera une double activité de maître de chapelle et de compositeur d’opéra
Scarlatti a rencontré Handel, né la même année que lui. En 1708, âgé tous les 2 de 23 ans, et à l’instigation d’Ottoboni, ils furent adjugés égaux sur le clavecin, mais Handel fut considéré le meilleur au clavecin.
En 1709, il entre au service de Marie-Casimire-Louise de La Grange d’Arquien , reine de Pologne qui vit alors à Rome ou il compose plusieurs opéras pour sa scène privée. Avant de partir pour la France en 1714, elle reçu de Scarlatti au moins une cantate, un oratorio, et 7 opéras
En Novembre 1713 Scarlatti fut appelé comme maestro di cappella à la basilique Saint-Pierre [7] au Vatican ou il y servi pendant 5 années de 1714 à 1719 et se rend peut-être l’année suivante à Londres pour y diriger un de ses opéras au King’s Theatre.
En août 1719 Scarlatti démissionna de ses positions à Rome et partit à Palerme [8], où il fut admis à l’“Unione di Santa Cecilia” le 16 avril 1720, enseignant la musique à la princesse Marie-Barbara de Portugal ou Marie Barbara de Bragance qui deviendra une claveciniste émérite. ; il y est resté jusqu’à décembre 1722.
Les œuvres de Bernardo Pasquini et de Francesco Gasparini formèrent la base sur laquelle Domenico a développé son propre travail.
Lors d’un séjour à Venise puis à Rome, Domenico Scarlatti se familiarisa avec l’art de Corelli. Il composa quelques opéras et de la musique religieuse comme il se devait à l’époque.
Son association avec Corelli a également contribué à l’évolution de son travail et bientôt Domenico Scarlatti est devenue célèbre dans son pays principalement en tant que claveciniste [9].
Attiré par l’inconnu, Scarlatti abandonne le poste de maestro di cappella à la Basilique Saint Pierre à Rome. La curiosité normale et la fascination des pays éloignés l’incitent à entreprendre un voyage à Londres, où son “opéra Narciso” a rencontré seulement un succès limité .
De Londres Scarlatti est allé en Espagne qui marqua un changement décisif dans sa vie et c’est finalement dans la péninsule ibérique qu’il trouvera définitivement sa voix, d’abord à la cour du roi du Portugal à Lisbonne [10] ou il enseignera le clavecin pendant de longues année à la cour royale et fera l’éducation musicale des princesses. Quelques années avant la mort de son père, il s’installe au Portugal au service de Marie Barbara de Bragance, princesse royale, fille aînée du roi Jean V de Portugal . Puis il suivra l’infante Maria Barbara en 1729 à Madrid [11].
Son génie lui ouvrit les portes de l’aristocratie. Comme le castra Farinelli , domenico semble avoir été un favori à la cour bien qu’étant un grand joueur il dut souvent emprunter de l’argent à Farinelli.
Scarlatti est retourné en Italie à trois occasions. En 1724 à Rome il a rencontré Johann Joachim Quantz et Farinelli qui le rejoindront à la cour espagnole en 1737. En 1725 il est retourné à Naples à la mort de son père où il a rencontré Johann Adolf Hasse puis s’installe de façon définitive à Madrid en 1729 pour y redevenir maître de musique de cette princesse qui s’est entre temps mariée avec l’héritier du royaume d’Espagne.
En 1728 il est revenu à Rome, où il a rencontré et a épousé sa première épouse par qui il a eu 5 enfants.
Le reste de sa vie se passe donc en Espagne. Maria Barbara devient reine d’Espagne et lui conserve toujours sa confiance et sa protection. C’est pendant cette dernière période qu’il compose son œuvre monumentale pour le clavecin.
La princesse l’invita à la cour espagnole. Scarlatti y fut admis en 1733 après une période à Séville [12] de 1729 à 1733, puis retourna à Madrid, où il s’est immergé dans les airs folkloriques et les rythmes de danse de l’Espagne.
Maître de clavecin privé de la maison de Marie-Barbara, il la suit de Lisbonne à Séville, Aranjuez [13] et Madrid, où il terminera sa vie.
Chez Scarlatti, une sonate est en fait une pièce de coupe binaire avec reprises. Ces pièces extraordinaires et d’un style aisément reconnaissable ont circulé dans toute l’Europe sous la forme de manuscrits et assuré à leur auteur une place privilégiée parmi les musiciens de son époque.
S’il connaît le contrepoint [14] et la tradition de ses devanciers, s’il sait intégrer l’influence de la musique populaire espagnole, Scarlatti ne se laisse pourtant jamais enfermer dans un cadre contraignant élaboré par d’autres : il privilégie la mélodie, intrinsèquement liée au rythme et à l’harmonie qui sont servis par une virtuosité incomparables. Il multiplie les dissonances, les modulations, les ruptures de rythme, les contrastes mélodiques. Ses trouvailles dans ces domaines sont extrêmement nombreuses et non conventionnelles : elles renouvellent de façon très personnelle la littérature du clavecin, dans ce domaine, seul un della Ciaja peut lui être comparé à la même époque.
Seule une petite partie est éditée de son vivant. Scarlatti lui-même semble avoir supervisé la publication, en 1738, de son recueil de 30 essercizi qui sont découverts avec enthousiasme dans toute l’Europe.
En 1738, commandité par le Roi Jean V du Portugal, il a passé des épreuves pour devenir chevalier de l’ordre de Santiago [15] vers 1740. Il est mort à Madrid le 23 juillet, 1757.
Son influence est certainement importante sur l’évolution de la musique spécialement de la musique pour clavecin et piano-forte [16] vers la fin du 18ème siècle, même s’il a toujours été considéré comme un musicien un peu en marge : à cette époque, son pays d’adoption l’Espagne paraît en effet bien loin des centres musicaux les plus actifs [17]. Quant à son pays d’origine, l’Italie, il est alors en train de délaisser le clavier et ses formes de prédilection pour se tourner vers l’opéra, le bel canto, le violon, la sonate, le concerto.
A l’encontre de ses contemporains Haendel, Bach et Rameau, dont le génie était universel, Domenico n’a affirmé sa grandeur que dans la seule musique à clavier ou il composera près de 550 sonates presque toutes en un seul mouvement, qui n’est pas sans rappeler plus tard Chopin pour l’amour de son instrument.
Il a composé également au moins 17 symphonies, un concerto pour clavecin. Il exerça une influence importante sur ses contemporains portugais et espagnols.
Ses sonates développent une harmonie nouvelle et souvent difficile d’exécution par sa grande virtuosité, prétendant que la nature lui avait donné dix doigts et qu’il fallait bien les utiliser tous.
Bien qu’elles repoussent les entraves de l’époque baroque et réclament une liberté nouvelle, ses sonates ont leur place dans l’art classique italien.
Il a composé plus de 550 sonates pour clavecin d’une originalité exceptionnelle et pour la plupart inédites de son vivant. Par ce corpus, il est l’un des compositeurs majeurs de l’époque baroque [18]. Ses œuvres occupent une place clé dans le développement du langage et de la technique de la musique pour clavier.