Après la période florissante des eddas [1], le latin était devenu la langue littéraire des pays scandinaves. Le génie d’Holberg va conférer à la langue vernaculaire ses lettres de noblesse, inspiré par l’humanisme, le siècle des Lumières et le baroque.
Étant né en Norvège mais ayant passé presque toute sa vie à Copenhague [2], il est revendiqué à la fois par les littératures danoise et norvégienne. Il faut préciser qu’à cette époque les deux pays étaient réunis sous la couronne des rois de Danemark.
Fils d’un officier de l’armée norvégienne, Ludvig Holberg vécut jusqu’à l’âge de 18 ans à Bergen [3].
En 1702, il quitte la Norvège pour s’établir à Copenhague qui est alors la seule ville universitaire de la double monarchie.
Les souverains Frédéric IV et surtout Frédéric V , fortement nationalistes et marqués par la religion luthérienne veulent remplacer le latin par le danois dans l’enseignement et la vie culturelle. Une langue littéraire doit naître et Ludvig Holberg vient à point nommé pour l’enrichir de son génie créateur. Très tôt il a appris le latin, parle l’allemand, l’anglais et le français. Cette pratique des langues étrangères lui permettra de découvrir les principales littératures européennes qu’il va imiter avant de trouver son inspiration personnelle.
Après plusieurs voyages de formation en Allemagne, aux Pays Bas, en Angleterre et en France entre 1704 et 1716, il revient se fixer définitivement à Copenhague où le roi Frédéric IV lui offre la chaire de métaphysique à l’Université [4] en 1717.
Il se met alors à écrire et débute par de courtes satires à la manière de Juvénal. Ensuite, il compose un long récit burlesque en vers, qui relate les tribulations d’un marchand danois, Peder Paars.
En 1721, le roi Frédéric IV accorde à une troupe d’acteurs français, établie à Copenhague depuis plusieurs années, le privilège de jouer des pièces en danois. L’idée est peut-être excellente, mais le répertoire est bien mince. Le directeur de la troupe, Magnon de Montaigu, se tourne alors vers Holberg, rendu célèbre par le succès de Peder Paars, et lui demande d’écrire pour lui des comédies en danois. En 6 ans à peine, de 1722 à 1728, le génial écrivain constituera un répertoire de 27 comédies dignes des meilleurs héritiers de Molière.
Comme Molière Holberg imite le réel. Sa pièce la plus célèbre est Jeppe du Mont ou Le Paysan métamorphosé. Le héros est un brave éleveur de porcs battu par sa femme qui le trompe avec le bedeau. Alors qu’il s’est enivré, il est abusé au réveil par le châtelain qui lui fait croire qu’il est le vrai seigneur du lieu. À ce titre, il doit présider le tribunal du village. Ses arrêts sont sans appel et ses jugements disproportionnés. Finalement il est détrompé et renvoyé à ses cochons et à sa femme sous les quolibets de tout le village.
Comme historien, Holberg a également publié une Histoire du Royaume de Danemark, une Histoire de l’Église des origines du christianisme à la Réforme et une Histoire juive (Histoire des Juifs). La dernière période de sa vie est consacrée à la philosophie. Ses Pensées morales et ses Épîtres reflètent son stoïcisme [5].
Bien qu’il ne fut jamais très riche, Holberg disposait à la fin de sa vie d’une petite fortune. Il reçut du roi le titre de baron. Il mourut à 70 ans et repose dans l’ancienne abbaye cistercienne de Sorø [6].