Né à Paris, fils de Marie Cressé et d’un marchand tapissier, Jean Poquelin. Son père devint tapissier ordinaire du Roi, mais sa mère mourut alors que son fils n’avait que 10 ans. Il suivit des cours au collège jésuite de Clermont jusqu’en 1637, avant de partir à Orléans y faire des études de droit jusqu’à la licence. Avocat à 18 ans, il se lie avec des comédiens dont Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, Madeleine Béjart, ses frères Joseph et Louis. C’est ainsi qu’il rompt avec son père pour suivre sa vocation de comédien et crée une troupe de comédiens :"L’illustre théâtre" en juin 1643.
Il prit le nom de Molière et “L’Illustre Théâtre”, ouvrit au jeu de paume des Métayers en janvier 1644. Or la compagnie connut rapidement des difficultés financières et déménagea au jeu de paume de la Croix Noire. Son succès ne fut cependant point assuré, et l’Illustre Théâtre fit faillite en mai 1645. A deux reprises en 1645, Molière est emprisonné pour dettes au Châtelet. Il lui reste à partir en province, parce qu’il n’y a pas de place à Paris pour un 3ème théâtre. Molière et la famille Béjart quittèrent Paris en 1646. Madeleine Béjart avait déjà pour protecteur le duc d’Épernon, et celui-ci prêta son nom à la nouvelle troupe de Molière et de ses compagnons.
La troupe du duc d’Épernon sous la direction de Charles Dufresne au départ fut basée à Bordeaux. Elle faisait des tournées en Languedoc surtout, et prit une autre base à Pézenas dans Hérault. Elle visitait aussi la Provence, et montait jusqu’à Lyon où elle s’installa vers 1653.
Le comte d’Aubijoux leur accorde, pour sa part, une importante gratification annuelle. C’est vers 1653/1655 qu’est donnée à Lyon la 1ère comédie de Molière qu’est L’Etourdi. Le prince de Conti devient alors le protecteur de la troupe, à laquelle il accorde son nom. Cette protection ne dure guère, puisque après la mort d’Aubijoux emporté par la syphilis à la fin de 1656, Conti qui se tourne vers la religion, signifie aux comédiens qu’il leur faut “quitter son nom”. En octobre 1658, quand la troupe s’installe à Paris à la salle du Petit Bourbon qu’elle devait partager avec des comédiens italiens, c’est sous le patronage de Monsieur, frère du roi. Molière joue, pour la première fois devant le roi Louis XIV au Louvre, une pièce de Corneille, Nicomède. Au même programme, une farce de Molière, Le Dépit amoureux.
Séduit, Louis XIV accueille les comédiens dans la salle du Petit Bourbon, voisine du Louvre où déjà jouent les italiens. Les Précieuses ridicules données en 1659 sont aussitôt un succès. Succès renouvelé dès l’année suivante avec Sganarelle ou Le Cocu imaginaire. Les travaux qui commencent pour la construction de la colonnade du Louvre, chasse les comédiens du théâtre qui doit être détruit. Louis XIV accorde alors à Molière la salle du Palais Royal. C’est en 1661 que Molière donne sa première comédie ballet Les Fâcheux. Fabuleux succès. La même comédie ballet est donnée à Vaux-le Vicomte devant le roi, lors de la somptueuse fête organisée par le surintendant Fouquet. Ce genre nouveau séduit le roi que la danse fascine. Molière assume désormais de front les fonctions de comédien, de chef de troupe et d’auteur. Les pièces nouvelles, dans lesquelles Molière joue toujours, et qu’il écrit sur mesure pour les membres de sa troupe, se succèdent à un rythme rapide. Parmi plus de 30 pièces, citons notamment l’École des femmes, avec laquelle il hisse le genre mineur de la comédie au niveau du grand genre, l’Impromptu de Versailles, le Misanthrope, Amphitryon, l’Avare, George Dandin, Monsieur de Pourceaugnac, le Bourgeois gentilhomme, Tartuffe, Dom Juan, les Fourberies de Scapin, les Femmes savantes, le Malade imaginaire...
L’attention que le roi porte à Molière exaspère les jalousies et les rivalités. En 1662 à lieu la première représentation de L’École des femmes, pièce qui remporta beaucoup de critiques ainsi que de recettes considérables, cette même année voit le mariage de Molière avec Armande Béjart.
En 1663 Face aux censures implacables et de sa vie personnelle et de L’École des femmes, pièce jugée par ses ennemis comme contraire aux bienséances, Molière répliqua sur les planches mêmes en faisant jouer deux courtes comédies, entraînant ce que l’on appelerait « la guerre comique » : La Critique de « École des femmes » mit en scène les débats de personnages prétendus avoir vu la pièce, tandis que L’Impromptu de Versailles dépeignit la troupe de Molière se préparant avant une nouvelle production. Il donnait de plus en plus ses pièces devant la Cour avant de les faire jouer en ville. Le Mariage forcé, par exemple, fit partie des « Divertissements royaux » au Louvre, tandis que « Les Plaisirs de l’Île enchantée » à Versailles virent la première répresentation de La Princesse d’Élide, une comédie galante.
En 1665, la troupe de Molière devient la “Troupe du Roy”. Néanmoins, son œuvre ne fait pas toujours l’unanimité Aux mêmes fêtes à Versailles, les comédiens de Monsieur représentèrent une nouvelle comédie intitulée Tartuffe. Or son thème d’hypocrisie religieuse fit vite interdire cette pièce et entraîna de nouvelles difficultés pour son auteur.
Face à la cabale dévote qui avait réussi à faire interdire Le Tartuffe, Molière ne s’en recula pas mais donna une nouvelle comédie pleine de controverses, Dom Juan. Le roi honore la troupe de Molière du titre Troupe du roi, en dépit du scandale. Tartuffe où l’Imposteur est enfin donnée le 5 février 1669. Le théâtre fait alors la plus étonnante recette qu’il ait jamais fait. Les succès s’enchaînent. C’est Le Misanthrope, L’avare, c’est Le Bourgeois Gentilhomme.... Ce sont Les Femmes savantes et, le 10 février 1673, c’est au théâtre du Palais Royal la première du Malade Imaginaire. 8 jours plus tard, le vendredi 17 février, Molière éprouve un malaise en scène.
A 10 heures du soir, il meurt chez lui. Armande Béjart obtient du roi que l’archevêque de Paris autorise le lendemain l’inhumation de celui qui n’a pu, avant de mourir, abjurer sa profession de comédien, ce qui lui vaut d’être excommunié d’office.
Les comédiens de Molière firent de ses œuvres le fonds de leur répertoire, et lors de la création, en 1680, de la Comédie-Française, dont ils constituaient la plus grande part, il y prit symboliquement la première place.