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Joseph II de Constantinople

samedi 19 février 2022, par ljallamion

Joseph II de Constantinople (vers 1360-1439)

Patriarche de Constantinople de 1416 à 1439

Patriarcat œcuménique de ConstantinopleJoseph est généralement considéré comme un fils illégitime d’ Ivan Chichman , tsar de Bulgarie [1], et d’une noble grecque de la famille des “Philanthropènes”.

On ne connait rien de sa jeunesse avant qu’il ne devienne moine au Mont Athos [2]. Il est nommé métropolite [3] d’Éphèse [4] en 1393, année de la destruction du royaume de Bulgarie, et 2 ans après la conquête de la ville par les Ottomans [5]. Vitalien Laurent voit dans cette promotion l’appui de son demi-frère Alexandre, devenu musulman et qui avait été nanti d’un fief en Anatolie, mais aussi l’influence de l’empereur Manuel II Paléologue qui souhaitait se rapprocher de la tante de Joseph, Tamara, donnée comme épouse au sultan Mourad 1er en 1375.

Malgré son manque d’instruction séculière et la faiblesse de ses connaissances théologiques, il est élu patriarche de Constantinople [6] le 21 mai 1416. En 1422, il a une première conférence avec Antoine de Messine, envoyé du Pape Martin V, sur les possibilités d’union des 2 Églises.

Le 27 novembre 1437, il quitte Constantinople avec l’empereur byzantin Jean VIII Paléologue, 23 évêques métropolitains et d’innombrables savants et des théologiens pour assister au concile général.

La délégation arrive à Venise [7] le 8 février suivant et se rend à Ferrare [8] pour l’ouverture du concile, le 9 avril 1438. Le 9 juin, après de longues négociations. Il accepte de vive voie et par écrit le principe de l’union qui doit être entérinée au concile de Florence [9], dont la première réunion se tient le 17 février 1439.

Bien qu’à Florence, il ait été cantonné dans le Palazzo Ferrantini, il est représenté dans les fresques de Benozzo Gozzoli dans la chapelle des Mages [10] du Palazzo Medici-Riccardi [11], qui célèbre l’entrée dans la ville des dignitaires byzantins [12].

Joseph II, âgé de près de 80 ans et malade, meurt à Florence le 10 juin 1439. Sa disparition cause un grand émoi parmi les participants au concile, car il était un fervent partisan de l’union entre les Églises.

L’empereur Jean VIII propose le métropolite de Nicée [13] Basilius Bessarion, présent à Florence, comme successeur. Ce dernier, conscient des difficultés à venir auprès des populations grecques, refuse mais obtient le cardinalat du Pape.

Il a finalement comme successeur à la tête de l’Église de Constantinople Métrophane de Cyzique dit Métrophane II de Constantinople , qui est nommé par l’empereur Jean VIII Paléologue en raison de ses sentiments pro-unioniste.

La tombe de Joseph II, située dans l’église du couvent dominicain de Santa Maria Novella à Florence [14], existe encore, avec un portrait en fresque élaborée dans un style pseudo-byzantin.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Ivan Djuric, Le crépuscule de Byzance, Paris, Maisonneuve et Laroche, 1996 (ISBN 2706810971).

Notes

[1] Le Second Empire bulgare est une ancienne monarchie médiévale des Balkans s’étendant non seulement sur l’actuelle Bulgarie (sauf le littoral) mais aussi sur l’Albanie, le sud de la Roumanie et de la Moldavie, le sud-ouest de l’Ukraine, la Macédoine du Nord, la Grèce septentrionale et la Serbie orientale.

[2] e mont Athos, est une montagne de Grèce située en Macédoine, à l’extrémité de l’Aktè dont il constitue le point culminant avec 2 030 mètres d’altitude. Il est célèbre pour les vingt monastères orthodoxes qui y sont établis sur ses flancs et dans les environs depuis le 10ème siècle. Cette communauté théocratique est organisée en République monastique du Mont-Athos qui tire son nom de la montagne et qui jouit d’un certain degré d’autonomie interne au sein de la République hellénique.

[3] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque.

[4] Éphèse est l’une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, la première de l’Ionie. Bien que ses vestiges soient situés près de 7 kilomètres à l’intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kuşadası dans l’Ouest de l’actuelle Turquie, Éphèse était dans l’Antiquité, et encore à l’époque byzantine, l’un des ports les plus actifs de la mer Égée ; il est situé près de l’embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. L’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, qui comptait parmi les Sept merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée, était ainsi à l’origine situé sur le rivage.

[5] L’Empire ottoman connu historiquement en Europe de l’Ouest comme l’Empire turc, la Turquie ottomane6 ou simplement la Turquie, est un empire fondé à la fin du 13ème siècle au nord-ouest de l’Anatolie, dans la commune de Söğüt (actuelle province de Bilecik), par le chef tribal oghouze Osman 1er. Après 1354, les Ottomans entrèrent en Europe, et, avec la conquête des Balkans, le Beylik ottoman se transforma en un empire trans-continental. Après l’avoir encerclé puis réduit à sa capitale et à quelques lambeaux, les Ottomans mirent fin à l’Empire byzantin en 1453 par la conquête de Constantinople sous le règne du sultan Mehmed II. Aux 15ème et 16ème siècles, à son apogée, sous le règne de Soliman Ier le Magnifique, l’Empire ottoman était un empire multinational et multilingue contrôlant une grande partie de l’Europe du Sud-Est, des parties de l’Europe centrale, de l’Asie occidentale, du Caucase, de l’Afrique du Nord, sauf le royaume du Maroc et le Sahara. Au début du 17ème siècle, l’Empire comprenait 32 provinces et de nombreux États vassaux.

[6] Le titre de Patriarche de Constantinople est porté par le chef de la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe qu’est le patriarcat œcuménique de Constantinople. Le titre de « patriarche » est traditionnellement porté par l’archevêché orthodoxe de Constantinople (actuelle ville d’Istanbul). Ce diocèse est l’un des plus anciens de la chrétienté. Le patriarche de Constantinople est primus inter pares (premier parmi les pairs) des chefs des Églises autocéphales formant l’Église orthodoxe, souvent considéré à tort comme étant le chef spirituel des 300 millions de chrétiens orthodoxes dans le monde.

[7] Venise est une ville portuaire du nord-est de l’Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s’étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au large de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cette particularité, ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel

[8] Ferrare est une ville italienne de la province de Ferrare en Émilie-Romagne. Située dans le delta du Pô sur le bras nommé Pô de Volano, la cité actuelle remonte au 14ème siècle, alors qu’elle était gouvernée par la famille d’Este. Sans héritier mâle, en 1597 Ferrare fut déclarée fief vacant par le pape Clément VIII. Par la Dévolution de 1598, la ville et son territoire, abandonnés par les Este passent sous le contrôle politique et administratif direct du Saint-Siège jusqu’à son intégration dans le Royaume de Sardaigne en 1859.

[9] Le 17ème concile œcuménique de l’Église catholique commence à Bâle le 23 juillet 1431. Transféré par Eugène IV à Ferrare en 1437 puis à Florence en 1439, il se termine à Rome en 1441.

[10] La chapelle des Mages ou cappella dei Magi désigne un ensemble de fresques situé au piano nobile (étage noble) du premier étage du palais Medici-Riccardi à Florence. Le cycle de fresques représentant le cortège des Mages est la première décoration qui complète l’édifice de Michelozzo, le chef-d’œuvre du Florentin Benozzo Gozzoli, élève de Fra Angelico, avec qui il avait collaboré pour la chapelle Nicoline du palais du Vatican. L’œuvre date du 15ème siècle.

[11] Le palais Medici-Riccardi est l’un des palais Renaissance de la ville de Florence. Il est acquis par la famille Riccardi en 1659, et appartient actuellement à la ville.

[12] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[13] İznik (anciennement Nicée) est une ville d’Anatolie (Turquie) connue surtout pour deux conciles du début de l’histoire de l’Église chrétienne. Elle fut aussi au Moyen Âge la capitale de l’empire de Nicée, vestige de l’empire byzantin pendant les croisades.

[14] L’église Santa Maria Novella, la première basilique de Florence, est située sur la Piazza Santa Maria Novella. Construite à partir de 1246 par les frères Sisto et Ristoro, dominicains, l’église Santa Maria Novella remplace l’oratoire Santa Maria delle Vigne, édifié sur le même emplacement dès le 9ème siècle