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Cnaeus Papirius Carbo

mardi 1er février 2022, par ljallamion

Cnaeus Papirius Carbo (consul en 113 av. jc)

Homme politique de la République romaine

Emblème de la République romaine.Attaquant par ruse les Teutons [1], il subit une lourde défaite à Noreia [2] qui met fin à sa carrière.

Il est membre des Papirii Carbones [3], branche de la gens Papiria [4]. Il est le fils d’un Caius Papirius, le frère de Caius Papirius Carbo, consul en 120 av. jc, et le père de Cnaeus Papirius Carbo (consul en 85 av. jc) , 3 fois consul de 85 à 82 av. jc.

Cnaeus Papirius Carbo est préteur [5] au plus tard en 116 av. jc selon les dispositions de la lex Villia [6]. À l’issue de sa préture, il est probablement nommé gouverneur de la province d’Asie [7] comme préteur ou propréteur [8]. Antiochos VIII fait graver une inscription à son honneur à Délos [9].

Cnaeus Papirius Carbo devient consul en 113 av. jc, avec Caius Caecilius Metellus Caprarius pour collègue.

Alors que Metellus part pour la Macédoine [10] et mène une campagne en Thrace [11], Carbo est dépêché pour occuper les cols des Alpes afin d’empêcher les Teutons d’envahir l’Italie. En effet, ces derniers viennent d’occuper la Norique [12] au nord. Avec d’autres peuples germains dont les Cimbres [13] et les Ambrons [14], d’impressionnantes hordes descendent vers le sud depuis plusieurs mois.

N’étant pas menacé, Carbo décide d’aller à leur encontre pour rappeler que ces terres sont occupées par des alliés de Rome qui ne tolèrera pas qu’on maltraite des peuples alliés. Une ambassade des Teutons déclare qu’ils ignoraient les traités d’alliance et qu’ils s’abstiendront de tout acte hostile contre ces populations.

Carbo se montre satisfait, mais fait suivre les ambassadeurs par son armée afin de surprendre les Germains [15]. Il parvient par cette ruse à attaquer les Teutons dans leur camp près de Noreia [16] mais il subit une lourde défaite. Seuls le crépuscule et une tempête permettent à une partie de l’armée romaine de s’échapper, dont le consul.

La déroute de son armée met un terme à sa carrière politique

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de François Hinard (dir.), Histoire romaine des origines à Auguste, Fayard, 2000 (ISBN 978-2-213-03194-1)

Notes

[1] Le terme “teutons” désigne des peuples germaniques probablement différents et dont le nom générique signifie notre Peuple. Ce mot pourrait se référer à l’origine à un peuple germanique, voire celte qui, lors de la dégradation climatique des années 100 av.jc, aurait quitté le nord de la Germanie pour piller la Gaule. Leur invasion des Gaules est arrêtée en 102av.jc à la grande bataille d’Aquæ Sextiæ (aujourd’hui Aix-en-Provence), par le général romain Marius. Le roi des Teutons, Teutobod, y est fait prisonnier.

[2] La bataille de Noreia, qui se déroula en 113 av. jc, fut la première livrée entre la République romaine et les tribus germaniques migrantes des Cimbres et des Teutons dans le cadre de la Guerre des Cimbres. Elle se termina par une défaite, presque un désastre, des Romains.

[3] Les Papirii Carbones sont des patriciens romains membres d’une branche de la gens des Papirii.

[4] Les Papirii sont les membres de la gens Papiria. Ils constituent une famille patricienne ancienne qui joue un rôle important dans l’histoire romaine. Ils apparaissent juste après la chute du second collège de décemvirs et occupent de hautes magistratures jusqu’au 1er siècle av. jc. Les principales branches de la gens Papiria portent les cognomina Mugillanus, Crassus, Cursor, Carbo et Maso.

[5] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.

[6] Au temps de la République romaine, la Lex Villia Annalis est une loi promulguée en 180 av. jc sur proposition du tribun de la plèbe Lucius Villius. Elle fixe pour la première fois les conditions d’âge requis pour postuler aux principales magistratures, et par conséquent l’ordre dans lequel un citoyen romain peut les enchaîner, le cursus honorum. Elle fixe aussi les limites de ce cursus honorum, soit, un intervalle obligatoire de deux ans entre deux magistratures, la hiérarchie des différentes magistratures et l’âge selon laquelle on peut l’exercer. Elle fixe aussi un délai légal de 10 ans pour briguer un second consulat. Elle est modifiée par Sylla en 79 av. jc

[7] La province romaine d’Asie comprenait la Carie, la Lydie, la Mysie, la Phrygie et la Troade.

[8] Un propréteur est le nom donné à ceux qui ont exercé la charge de préteur pendant 1 an, et plus tard à ceux qui dirigent les provinces avec l’autorité de préteur. Il s’agit d’une prorogation de leur pouvoir, c’est un promagistrat. Sous la République romaine, les préteurs, comme les consuls, sont élus par le peuple romain assemblé en comices ; à l’issue de leur charge, ils peuvent devenir propréteurs, ou gouverneurs, de provinces, pour un mandat de 1 an. On retrouve le premier propréteur en 241 av. jc, et la fonction se généralise les 2 siècles suivants, jusqu’à ce que Sylla rende obligatoire aux anciens magistrats à imperium de servir dans une province comme gouverneur pour 1 an. A la suite de la réorganisation provinciale au début de l’Empire, chaque province impériale est dirigée par un propréteur qui est sous l’autorité proconsulaire de l’empereur. Il porte ce titre qu’il soit ancien consul ou préteur. La durée du mandat est variable.

[9] Délos est l’une des îles des Cyclades, en Grèce. 3,5 km², aride, inhabitée depuis longtemps, elle se situe en face de l’île de Rhénée et à proximité de Mykonos. Ses pentes sont douces et le mont Cynthe ne dépasse pas 113 m. Le port a toujours été exposé aux vents qui, dès qu’ils se lèvent, rendent l’île inaccessible. Dans la partie basse se trouvait jadis un lac sacré d’eau douce, aujourd’hui à sec. Elle a joué un rôle considérable en Grèce antique, lorsqu’elle avait de l’eau potable, tant sur le plan commercial que religieux, et son rayonnement a connu son apogée sur le plan religieux au 6ème siècle av. jc.

[10] La province romaine de Macédoine s’étendait sur le nord de la Grèce actuelle. Elle englobait l’Albanie et la République de Macédoine actuelles. La province fut fondée en 146 av. jc. Elle succédait au royaume de Macédoine dont le dernier souverain, Andriscus, avait été défait en 148 av. jc par le général Q. Cæcilius Metellus. Cette province était sénatoriale gouvernée par un ancien préteur.

[11] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[12] Le Norique est un royaume celtique qui s’est constitué au 2ème siècle av. jc. Les Noriques formaient une confédération avec leurs voisins les Boïens et les Taurisques. Par la suite le Norique est devenu une province de l’Empire romain. Elle était limitée au nord par le Danube, à l’ouest par la Rhétie, à l’est par la Pannonie et au sud par la Dalmatie. Elle correspond approximativement à la Styrie, la Carinthie et à des parties de la Bavière et aux régions de Vienne et Salzbourg. Pendant longtemps les habitants du Norique jouirent de l’indépendance autonomie du commerce avec les Romains. En 48 av. jc ils prirent le parti de Jules César dans la guerre contre Pompée. En 16 av. jc, s’étant joint aux habitants de la Pannonie dans l’invasion d’Histria, ils furent défaits par Publius Silius, proconsul d’Illyrie. La province du Norique fut alors annexée, sans avoir l’organisation d’une province romaine, mais en restant un royaume autonome (regnum Noricum). Elle était sous le contrôle d’un procurateur impérial. Ce n’est que sous le règne de Marc Antoine que la légion II Pia (appelée par la suite Italica) fut stationnée en Norique, et le commandant de la légion devint le gouverneur de la province. Aux alentours de 40, le royaume fut entièrement intégré dans l’Empire romain par Claude, comme province impériale avec pour capitale Virunum, près de Klagenfurt.

[13] Les Cimbres sont un peuple germanique issu du Jutland dans le Danemark actuel d’après Pline l’Ancien. Ils ont menacé Rome à la fin du deuxième siècle av. jc.

[14] La tribu des Ambrons apparaît brièvement au 2ème siècle av. jc, alors qu’ils migrent en même temps que les Cimbres, les Teutons et les Tigurins durant ce qu’on appellera la « guerre des Cimbres ». Ils disparaissent des chroniques après avoir été vaincus avec leurs compagnons de route en 102 av. jc

[15] Les peuples germaniques ou Germains sont des ethnies indo-européennes originellement établies en Europe septentrionale. Leur protohistoire se situe dans les territoires connus sous le nom de Germanie (latin Germania), de Thulé (terme grec désignant probablement la Scandinavie ou le nord de l’Allemagne), ou encore sur les rives de la mer Noire. Mieux connus dans le monde latin à partir du 1er siècle, principalement à travers l’œuvre de l’historien Tacite, l’expansion originelle des Germains est attestée à l’âge du bronze danois. C’est à cette période que la linguistique fait remonter la différenciation linguistique en trois grands groupes : Germains orientaux, Germains occidentaux et Germains septentrionaux. Cette communauté linguistique est constitutive du paradigme de « Germains ».

[16] Noreia est une cité antique des Alpes orientales, le plus probablement située dans le sud de l’Autriche actuelle, à Neumarkt in Steiermark. Bien qu’elle soit connue pour avoir été la capitale de l’ancien royaume celtique de Norique, la localisation de Noreia n’a pas été établie par les chercheurs modernes. Une bataille entre Romains et Germains eut lieu près de cette cité qui voit les premiers subir une lourde défaite : la bataille de Noreia.