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Antonio Pignatelli dit Innocent XII

vendredi 16 avril 2021, par lucien jallamion

Antonio Pignatelli dit Innocent XII (1615-1700)

242ème pape de l’Église catholique de 1691 à 1700

Né à Spinazzola [1], près de Bari [2]. Il succède à Alexandre VIII .

Fils de Francesco, marquis de Spinazzola, et de Porzia Carafa [3], princesse de Minervino [4]. Il fut baptisé dans l’église San Giovanni Battista di Regina di Lattarico [5].

Il fit ses études au collège des jésuites à Rome [6]. À 20 ans, il reçut un poste à la cour du pape Urbain VIII. Pendant les pontificats suivants, il servit comme vice-légat d’Urbino [7], puis comme gouverneur de Pérouse [8].

Il devint ensuite inquisiteur à Malte [9] du 24 octobre 1646 au 27 mars 1649. Deux ans plus tard, on le retrouve gouverneur de Viterbe [10], puis en 1652 nonce apostolique [11] à Florence [12], en 1660 en Pologne puis en 1668 à Vienne [13].

En 1671, il reçut la charge de diriger le diocèse de Lecce [14], mais pour deux ans seulement du fait qu’il avait la charge du secrétariat de la Congrégation des évêques [15] et des réguliers.

Le 1er septembre 1681, il fut créé cardinal par Innocent XI , puis l’année suivante fut nommé archevêque de Faenza [16] et légat apostolique de Bologne [17]. En 1687, il devint archevêque de Naples [18]. À la mort d’Alexandre VIII survenue le 1er février 1691, il fut élu le 12 juillet après un conclave de 5 mois, comme candidat de compromis entre les cardinaux français et ceux du Saint Empire.

Immédiatement après son élection, il prit position contre le népotisme [19] qui avait longtemps été l’un des grands scandales de l’Église ; la bulle “Romanum decet Pontificem”, promulguée en 1692, interdisait aux papes à tout moment, de donner des propriétés, des charges ou des rentes à des parents quels qu’ils fussent ; en outre, un seul de leurs parents pouvait être élevé au cardinalat.

Tout au long de son pontificat, il se tint à cette décision et pas un membre de sa famille ne reçut de charge au Vatican ; il alla jusqu’à refuser la pourpre à l’archevêque de Tarente [20] parce qu’il était son neveu.

En même temps, il tenta de lutter contre les pratiques simoniaques [21] de la chambre apostolique [22] et, dans ce but, il introduisit dans sa cour un mode de vie plus simple et moins coûteux. Il imposa aux prêtres le port de la soutane [23] et l’accomplissement d’exercices spirituels quotidiens.

En 1694, il fonda la Congrégation pour la discipline et la réforme des ordres réguliers dans l’intention de réformer l’Église dans le sens d’une plus grande spiritualité.

Dans les États de l’Église, il procéda à plusieurs réformes nécessaires et très utiles et, pour une meilleure administration de la justice, il fit construire le “Forum Innocentianum”.

En 1693, il incita les évêques français à retirer la Déclaration, des Quatre articles [24] de 1682, relative aux libertés gallicanes [25] qui avait été formulée par l’Assemblée de 1682. Louis XIV renonça aux propositions gallicanes, permettant ainsi au pape de reconnaître les évêques nommé par le roi depuis 1673, date de l’éclatement de l’affaire de la régale [26], auxquels ses prédécesseurs avaient refusé l’investiture canonique.

En 1699, il se prononça en faveur de Bossuet dans la controverse entre ce prélat et Fénelon sur l’Explication des maximes des Saints sur la vie intérieure que ce dernier avait écrite pour soutenir Madame Guyon.

Il joua un rôle discret mais décisif dans le déclenchement de la Guerre de succession d’Espagne [27]. C’est lui qui convainquit le 2 octobre 1700 le roi espagnol Charles II, sans enfants et à la santé très fragile, de désigner comme héritier le Bourbon Philippe de France plutôt qu’un Habsbourg [28], ce qui était inacceptable pour les autres puissances européennes.

Le Pape espérait, à tort, préserver la paix en Europe. Il mourut le 27 septembre 1700 après avoir célébré la même année le seizième jubilé [29].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Innocent XII/ Portail du Vatican/ Portail de l’Italie/ Catégories : Nonce apostolique en Autriche/ Cardinal italien du XVIIe siècle/Cardinal créé par Innocent XI/ Pape italien

Notes

[1] Spinazzola est une commune italienne de la province de Barletta-Andria-Trani dans la région des Pouilles.

[2] Bari est une ville italienne, chef-lieu de la ville métropolitaine de Bari et de la région de Pouilles, sur la côte adriatique. Bari est connu pour être la ville où se trouvent les reliques de saint Nicolas. Ce privilège a fait de Bari et de la basilique de Bari l’un des centres importants de l’Église orthodoxe en Occident. Bari a une forte tradition marchande et est depuis toujours un centre névralgique du commerce et des échanges politico-culturels avec l’Europe et le Moyen-Orient. Son port est actuellement le plus grand port de passagers de la mer Adriatique.

[3] Les Carafa ou Caraffa sont une famille noble italienne, originaire de Naples. Divisée en plusieurs branches au cours du temps, dont les principales sont les Carafa della Stadera et les Carafa della Spina.

[4] Minervino Murge est une commune italienne située la province de Barletta-Andria-Trani dans la région des Pouilles, dans le sud de l’Italie.

[5] Cosenza

[6] L’université pontificale grégorienne, dite la Grégorienne, est une université pontificale romaine dirigée par les Jésuites, et dépendant du Saint-Siège. En 1581, le pape Grégoire XIII a voulu donner un nouveau siège au Collège des jésuites. Il confia donc à l’architecte Bartolomeo Ammannati la construction d’un nouvel édifice plus grand et non loin de l’ancien, inauguré le 28 octobre 1584. Le souverain pontife fut considéré comme le fondateur et père du Collège romain qui fut divisé en deux instituts : le Collège grégorien et l’Université grégorienne. Dans le nouveau siège, nommé le Collège romain, le nombre des disciplines enseignées avait nettement augmenté. En quelques années, le nombre d’étudiants dépassa les deux mille : la chapelle universitaire, ne réussissant plus à accueillir un aussi grand nombre, fut démolie et on construisit l’actuelle église Saint-Ignace-de-Loyola entre 1626 et 1650.

[7] Urbino est une commune de la province de Pesaro et Urbino dans la région Marches en Italie centrale. Capitale des princes della Rovere, la ville s’imposa comme un centre militaire et scientifique majeur dans l’Italie de la Renaissance, avec des personnalités comme Piero della Francesca, Commandino, Bernardino Baldi ou Guidobaldo del Monte. Elle est également surnommée "l’Athènes de l’Italie". Capitale du duché d’Urbino, la ville connut son apogée sous le règne du duc Frédéric III de Montefeltro. La cour est brillante à la Renaissance : le peintre Piero della Francesca en était le fleuron. À l’extinction des princes della Rovere, le duché et sa capitale furent incorporés aux États pontificaux en 1631.

[8] Pérouse, en italien Perugia, est une ville italienne, chef-lieu de la province de même nom et capitale de la Région Ombrie. Pérouse se situe sur une acropole collinaire d’une altitude moyenne de 493 m autour de laquelle se développe le centre historique qui est en grande partie entourée par les murs étrusques et médiévaux. Au 9ème siècle elle devient une propriété des papes avec l’accord de Charlemagne et de Louis le Pieux. La cité continue toutefois pendant des siècles à mener une vie indépendante, guerroyant contre les cités et territoires voisins de Foligno, Assise, Spolète, Todi, Montepulciano... Les papes ont parfois trouvé asile dans les murs de Pérouse. L’administration papale y a aussi organisé les conclaves qui ont élu Honorius III en 1216, Honorius IV en 1285, Célestin V en 1294 et Clément V en 1305. Cependant Pérouse se montra toujours réticent à l’égard des papes. Ainsi, lors de la rébellion de Rienzo en 1347, la cité ombrienne envoya dix ambassadeurs au tribun romain et résista vigoureusement aux légats du pape venus la soumettre.

[9] Après la conquête de Malte par Roger de Hauteville en 1091, l’archipel devient un territoire de la couronne de Sicile en entre dans sa période féodale. En 1192 Malte est élevée en comté puis en marquisat en 1393. Jusqu’à l’arrivée des chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1530, Malte sera tantôt sous l’autorité d’un comte, tantôt intégrée au domaine royal et directement administré par des fonctionnaires nommés par la cour de Palerme. Malte est souvent offerte en cadeau à des membres de la famille royale à des nobles pour services rendus à la couronne. Pour cette raison, la chronologie est complexe est parfois peu sûre.

[10] Viterbe (en italien, Viterbo), chef-lieu de la province de même nom dans le Latium en Italie. Viterbe fut rattachée aux États pontificaux, mais ce statut devait être continuellement contesté par les empereurs. Tout au long de la période pendant laquelle les papes furent en conflit avec les patriciens romains, à commencer par le pontificat de Eugène III, Viterbe devint leur résidence favorite.

[11] Le nonce apostolique est un agent diplomatique du Saint-siège, accrédité comme ambassadeur de ce dernier auprès des États.

[12] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870

[13] Autriche

[14] Lecce est une ville italienne, capitale de la province de même nom dans les Pouilles, dans le sud de l’Italie. Ville importante du sud-est des Pouilles, située au centre du Salento (la péninsule qui forme le « talon » de la « botte » italienne), Lecce a été, pendant des siècles, un centre culturel, religieux et commercial prospère et l’une des villes les plus peuplées du Royaume de Naples.

[15] La Congrégation pour les évêques est l’une des neuf congrégations de la Curie romaine. Elle est héritière de la Congrégation consistoriale. Elle est compétente en tout ce qui concerne les évêques (nominations, visites ad limina…) et leurs diocèses (création, aménagements…) sauf pour les évêques et les diocèses qui dépendent de la Congrégation pour les Églises orientales ou de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.

[16] Faenza est une ville située dans la province de Ravenne en Émilie-Romagne, dans le nord-est de l’Italie. Faenza est une ville d’art, connue dès la Renaissance pour la production d’objets en céramique, exportés dans plusieurs pays européens.

[17] Bologne est une ville italienne située dans le nord-est du pays, entre le Pô et les Apennins. C’est le chef-lieu de la région d’Émilie-Romagne (plaine du Pô) et de la province de même nom et l’une des principales villes d’Italie. Elle est considérée comme le siège de la plus ancienne université du monde occidental puisqu’elle a été fondée en 1088. Plus de 900 ans après sa fondation, l’université est encore aujourd’hui le cœur de la ville

[18] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[19] Le népotisme est la tendance de certains supérieurs ecclésiastiques, évêques et papes, et par extension de certains dirigeants d’autres institutions, à favoriser l’ascension des membres de leurs familles dans la hiérarchie qu’ils dirigent, au détriment des processus de sélection ordinaires et du mérite. Par extension, le terme désigne une tendance à accorder des avantages à des relations, des amis proches, voire à des membres d’un groupe d’origine, ethnique ou religieux commun, indépendamment de leur valeur. Il est alors synonyme de favoritisme ou de copinage.

[20] L’archidiocèse de Tarente est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique d’Italie appartenant à la région ecclésiastique des Pouilles.

[21] La simonie est, pour les catholiques, l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d’un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique.

[22] Chargée depuis le 11ème siècle de l’administration financière, la Chambre apostolique, à la tête de laquelle se trouve le cardinal camerlingue de la Sainte Église romaine, avec la collaboration du prélat vice-camerlingue et des autres prélats de la chambre, est devenue au 19ème siècle un tribunal pour l’État pontifical. Ce service de la Curie romaine est chargé depuis le pape Pie X des biens et droits temporels du Saint-siège, qui exerce surtout ses fonctions pendant la vacance du Siège apostolique, conformément à la constitution apostolique Universi Dominici Gregis relative à la vacance du siège apostolique et à l’élection du Souverain pontife.

[23] Une soutane, de l’italien sottana, est un « vêtement de dessous » par rapport aux habits liturgiques. Boutonnée sur le devant, portée au chœur lors des offices, sous les vêtements liturgiques, par tous les clercs, les enfants de chœur et parfois par certains chantres laïcs et bedeaux ; elle est aussi portée par les clercs, en dehors des églises, comme vêtement ordinaire de dessus. La nature de son étoffe, sa couleur et celle de ses parements dépendent de l’état du clerc qui la porte et des circonstances. Elle est blanche pour le pape et les chanoines réguliers, rouge pour les cardinaux, violette doublée et filetée de cramoisi pour les évêques et les prélats de rang supérieur, et généralement noire pour les prêtres et les autres clercs.

[24] La Déclaration des Quatre articles rédigée par Jacques-Bénigne Bossuet, fut adoptée en 1682 par l’assemblée extraordinaire du clergé du royaume de France, convoquée par Louis XIV dans le conflit qui l’opposait au pape Innocent XI au sujet du droit de régale.

[25] Le gallicanisme est une doctrine religieuse et politique française qui cherche à organiser l’Église catholique de façon autonome par rapport au pape. Il s’oppose à l’ultramontanisme. D’une part, le gallicanisme réduit l’intervention du pape au seul pouvoir spirituel, et ne lui reconnaît pas de rôle dans le domaine temporel. D’autre part, s’il reconnaît au pape une primauté spirituelle et juridictionnelle, il cherche à la limiter fortement, au bénéfice des conciles généraux dans l’Église (c’est le conciliarisme), des évêques dans leurs diocèses et des souverains dans leurs États. En pratique, cela se traduit surtout par une mainmise étroite du souverain français sur les nominations et les décisions des évêques. Jean Delumeau distingue le gallicanisme ecclésiastique, qui est une position théologique et ecclésiologique antérieure et ultérieure à la Réforme, le gallicanisme régalien et le gallicanisme parlementaire, qui est une doctrine politique et administrative. Très largement partagée par les juristes français de l’Ancien Régime et du 19ème siècle, cette troisième grande tendance du gallicanisme a contribué à la construction doctrinale de l’État moderne

[26] La Régale ou droit de régale est l’ensemble des droits que le roi de France avait sur les diocèses catholiques qui temporairement n’avaient pas d’évêque titulaire. On distinguait la régale temporelle qui donnait au roi les revenus de l’évêché et la régale spirituelle qui permettait au roi de pourvoir pendant la vacance aux bénéfices qui étaient à la collation de l’évêque.

[27] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[28] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.

[29] Une année sainte est, dans l’Église catholique romaine, une célébration ordinaire destinée à raviver la foi des catholiques et prenant place tous les 25 ans.