Ézéchias
13ème roi du royaume de Juda indépendant de 716 à 687 av. jc
Pendant son règne, le royaume israélite du nord fut envahi par les troupes assyriennes [1] et sa population fut déportée. Le royaume de Juda [2] a ainsi accueilli à cette époque de nombreux réfugiés israélites.
Roi sage et pieux, Ézéchias suit dès son avènement les conseils des prophètes Isaïe et Michée , ses contemporains. Il fait prospérer le commerce et l’agriculture, fait fortifier Jérusalem, y fait acheminer l’eau potable, fait fructifier le trésor royal et fait orner le temple de Salomon [3]. Sur le plan religieux, il renverse les idoles auquel son père rendait le culte et célèbre le vrai Dieu
Le récit du règne d’Ézéchias est raconté dans la Bible hébraïque [4] dans le Deuxième livre des Rois [5], le Livre d’Isaïe [6] et le deuxième Livre des Chroniques [7]. Ces sources le décrivent comme un roi grand et bon, suivant l’exemple de son aïeul Ozias .
Il introduisit des réformes politiques et religieuses dont la centralisation du culte au temple de Salomon par la destructions de divers lieux saints où l’on pouvait auparavant sacrifier localement. Les louanges envers ce roi ne manquent pas dans le livre des Rois. Le récit biblique raconte la guérison miraculeuse du roi Ézéchias, qui lui valut la visite de délégations nombreuses, dont celle du roi de Babylone [8] Merodach-Baladan II ; cette dernière ambassade inspire à Isaïe une prophétie : toutes les richesses d’Ézéchias seront un jour emportées à Babylone [9]
Ézéchias souhaite rompre avec la domination assyrienne, et ce malgré la désapprobation du prophète Isaïe et l’erreur déjà commise par le roi d’Israël contemporain Osée , conduisant à l’anéantissement de son royaume en 722 av. jc.
Profitant de la mort de Sargon II avant la prise de pouvoir de son fils et successeur, Ézéchias demande à l’Égypte sinon le concours de son armée, du moins l’envoi de chevaux pour combattre l’envahisseur. Pour rompre avec les Assyriens, le roi Ézéchias cesse alors d’envoyer son tribut à Ninive [10].
La réaction assyrienne ne se fait pas attendre et Sennacherib , le successeur de Sargon II, envoie vers 701 av. jc ses troupes armées sur Juda et sur l’Égypte, dont l’accès est rendu facile en raison de la soumission des Araméens [11], des Phéniciens [12] et des Israélites du nord. Les troupes de Koush [13] se seraient alors alliées pour défendre Jérusalem.
Pour se préparer à l’invasion punitive assyrienne, Ézéchias fait construire des fortifications, notamment sur l’Ophel [14], et un tunnel, dit tunnel d’Ézéchias [15], de 533 mètres pour permettre l’approvisionnement en eau depuis la source de Gihon [16] à la cité de David [17] en cas de siège. Après la prise de Lakhish [18], Sennachérib assiège Jérusalem. Ézéchias, voyant la détermination du roi d’Assyrie, aurait proposé alors de verser un important tribut, employant pour cela les richesses du Temple de Jérusalem.
Le long siège assyrien sur la ville aura probablement usé les troupes assyriennes et la promesse d’un tribut a pu rendre inutile une offensive plus décisive contre la ville et les alliés de Koush et d’Égypte. Le récit biblique raconte qu’à la veille de l’assaut assyrien contre Jérusalem, l’ange de Yahvé aurait tué 185 000 des assaillants. Hérodote précisa plus tard que les Assyriens auraient été victimes d’une épidémie.
Le royaume de Juda, bien qu’affaibli par Sennachérib qui mourra assassiné par son fils 17 ans plus tard, réussira néanmoins à maintenir son autonomie jusqu’en 587 av. jc.
La politique de résistance anti-assyrienne d’Ézéchias lui vaut des chants de louange de la part des rédacteurs bibliques. Ces rédacteurs ne font pas œuvre d’historien mais présentent une théologie de l’histoire orientée vers tout ce qui symbolise les promesses de l’Alliance qui unit le dieu d’Israël à son peuple. La politique d’Ézéchias se révèle en fait assez suicidaire car elle a mené à une occupation et une réduction drastique du territoire du petit royaume
Notes
[1] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.
[2] Le royaume de Juda est un petit royaume du Proche-Orient ancien établi par les Israélites à l’âge du fer. Selon la Bible, il existe de 931 à 586 av. jc, concomitamment avec le royaume d’Israël et en rivalité avec lui. L’archéologie permet de tracer l’existence de Juda en tant que royaume à partir du 8ème siècle av. jc. N Selon la Bible, sa création serait le résultat d’un schisme après la mort du roi Salomon. Après une période d’essor sous la domination de l’empire néo-assyrien, il est détruit par les Babyloniens sous le règne de Nabuchodonosor II dans un contexte de guerre entre Égyptiens et Babyloniens.
[3] Le Temple de Salomon, également connu comme le premier temple de Jérusalem est selon la Bible hébraïque (I Rois 6-8 & II Chroniques 3-5), un lieu de culte édifié par le roi Salomon sur le mont Moria et détruit lors du siège de Jérusalem par l’armée babylonienne de Nabuchodonosor II.
[4] Tanakh. Les livres inclus dans le Tanakh étant pour la plupart écrits en hébreu, on l’appelle également la Bible hébraïque. Bien que l’araméen se soit introduit en bonne partie dans les livres de Daniel et d’Esdras, ainsi que dans une phrase du Livre de Jérémie et un toponyme de deux mots dans le Sefer Bereshit (Livre de la Genèse), ces passages sont écrits dans la même écriture hébraïque. Selon la tradition juive, le Tanakh est constitué de vingt-quatre livres : la Torah contenant cinq livres, les Nevi’im huit, et les Ketouvim onze.
[5] Le Deuxième Livre des Chroniques est un livre de l’Ancien Testament. Il suit le Premier Livre des Chroniques, qui retrace l’histoire du monde de la Création à la royauté de David. À l’origine ces deux livres n’en formaient qu’un, appelé Livres des Chroniques, mais ils ont été divisés probablement pour des raisons d’encombrement
[6] Le Livre d’Isaïe, ou Livre d’Ésaïe, est un livre du Tanakh (l’Ancien Testament pour le christianisme). Il traite de la déportation du peuple juif à Babylone puis de son retour et de la reconstruction du Temple de Jérusalem sur les ordres du Grand Roi achéménide Cyrus II. Il est le premier des grands prophètes inclus dans les Nevi’im.
[7] Le Deuxième Livre des Chroniques est un livre de l’Ancien Testament. Il suit le Premier Livre des Chroniques, qui retrace l’histoire du monde de la Création à la royauté de David. À l’origine ces deux livres n’en formaient qu’un, appelé Livres des Chroniques, mais ils ont été divisés probablement pour des raisons d’encombrement
[8] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.
[9] Babylone était une ville antique de Mésopotamie. C’est aujourd’hui un site archéologique majeur qui prend la forme d’un champ de ruines incluant des reconstructions partielles dans un but politique ou touristique. Elle est située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du 2ème millénaire av. jc, cette cité jusqu’alors d’importance mineure devient la capitale d’un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà, sous le règne de Hammurabi dans la première moitié du 18ème siècle av. jc.
[10] Ninive une ancienne ville de l’Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est du Tigre, au confluent du Khosr, dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l’autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines de Kuyunjik et de Nebī Yūnus. Ninive est l’une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu’elle est devenue l’une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d’en faire la capitale de son grand empire au début du 7ème siècle av. jc. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L’espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée.
[11] Les Araméens sont un ensemble de groupes ethniques du Proche-Orient ancien qui habitaient des régions de la Syrie et de la Mésopotamie au 1er millénaire av. jc. De petits États araméens se sont développés à partir du 11ème et 10ème siècle av. jc. durant les premiers temps de l’Âge du Fer. Les Araméens n’ont pourtant jamais développé une culture ou un État unifié. Ils sont devenus au milieu du 1er millénaire un élément important de la population de l’Assyrie et de la Babylonie, au point que leur langue, l’araméen, s’est répandue dans tout le Proche-Orient ancien.
[12] Le territoire de la Phénicie correspond au Liban actuel auquel il faudrait ajouter certaines portions de la Syrie et de la Palestine. Les Phéniciens étaient un peuple antique d’habiles navigateurs et commerçants. Partis de leurs cités États en Phénicie, ils fondèrent dès 3000 av jc de nombreux comptoirs en bordure de la Méditerranée orientale, notamment Carthage en 814. Rivaux des Mycéniens pour la navigation en Méditerranée au 2ème millénaire av jc, ils furent d’après ce qu’on en sait les meilleurs navigateurs de l’Antiquité. L’invasion des Peuples de la Mer va ravager les cités phéniciennes, de même que Mycènes et les autres territoires qu’ils traversent, mais c’est ce qui va permettre aux Phéniciens de trouver leur indépendance vis-à-vis des puissances voisines qui les avaient assujettis puisque celles-ci seront elles aussi détruites par ces invasions. La chute de Mycènes en particulier va leur permettre de dominer les mers. Après avoir supporté les assauts des Athéniens, des Assyriens, de Nabuchodonosor puis de Darius III, la Phénicie disparut finalement avec la conquête par Alexandre le Grand en 332 av jc.
[13] Le royaume de Koush est l’appellation que les Égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne. On a longtemps considéré cette culture à l’aune de la civilisation égyptienne et de ce fait peu d’études eurent lieu à son sujet, la reléguant alors soit au stade d’une principauté dépendante du royaume des pharaons ou encore à celui d’un avatar de cette civilisation, ne lui reconnaissant donc aucune spécificité voire une valeur relative.
[14] L’Ophel est une colline située au sud du mont du Temple à Jérusalem au Proche-Orient. Elle est notamment occupée par les ruines de la cité de David.
[15] Le tunnel d’Ézéchias ou tunnel de Siloé, a été construit à Jérusalem avant 701 av. jc sous le règne d’Ézéchias, roi de Juda, pour ravitailler la ville en eau en cas de siège
[16] La source de Gihon (appelé aussi « Fontaine de la Vierge ») est le nom de la seule source naturelle dans la région de Jérusalem, située à l’est de la cité de David, qu’elle alimentait grâce au tunnel d’Ézéchias, lequel rejoignait le bassin de Silwan (près duquel a été découvert un ossuaire supposé être celui de Jacques le frère de Jésus). Avant le creusement du tunnel, l’eau printanière de la source coulait parfois dans la vallée de Cédron située immédiatement à l’est de celle-ci. Avant le tunnel d’Ézéchias, il a existé deux autres conduites plus anciennes qui permettaient d’alimenter Jérusalem en eau potable depuis la source du Gihon
[17] La Cité de David est, selon les références bibliques, l’emplacement d’origine de la vieille ville de Jérusalem à l’époque du roi David. Elle était située au sud du Mont du Temple, entre le Tyropœôn à l’ouest, et la vallée de Cédron à l’est (celle-ci la sépare du quartier arabe de Silwan, au sud-est, auquel elle est souvent assimilée).
[18] Lakish ou Lachish, Lakhish, parfois orthographiée Lakis dans la tradition française, est une ville souvent citée dans l’histoire biblique. Elle a été le cadre de nombreuses batailles et assiégée à diverses reprises, ce dont on a des échos dans les littératures anciennes et l’archéologie du Moyen-Orient. Elle se situe dans la Shéphélah à 40 kilomètres au sud-ouest de Jérusalem en Israël.