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L’histoire pour le plaisir

Guifred le Velu

mercredi 23 octobre 2019

Guifred le Velu (vers 840-897)

Comte d’Urgell et de Cerdagne de 870 à 897-Comte de Conflent de 896 à 897-Comte de Barcelone et Gérone de 878 à 897 et d’Ausona de 886 à 897

Fils de Sunifred 1er de Barcelone , il est considéré comme le premier comte de Catalogne [1] au 9ème siècle.

Le personnage historique de Guifred le Velu est rapidement oublié au profit de sa construction mythologique. Posé comme origine de la lignée des comtes de Barcelone [2], les rois d’Aragon [3] cherchent à en tirer une légitimité et lui donnent le titre de Père de la patrie.

Il est nommé comte de Barcelone au concile de Troyes, en 878. Louis le Bègue destitue Bernard de Gothie, comte de Barcelone, au profit de Guifred qui prend le titre de Comte de Barcelone et de Gérone [4], alors que son frère Miron 1er dit Miron le Vieux prend celui de Comte du Roussillon [5].

Guifred développa la plaine de Vic [6]. Vers 885, il crée le comté d’Ausona [7]. Il rétablit l’évêché sur les territoires reconquis sur les musulmans. Il édifie des abbayes : Santa Maria de Ripoll [8], Sant Joan de les Abadesses [9], tandis que son frère crée Saint-Michel de Cuxa [10] en 879 dans le Conflent [11].

Guifred le Velu meurt le 11 août 897, en combattant contre le chef musulman Lubb ibn Muhammad de la famille muladí  [12] des Banu Qasi [13]. Il est enterré au monastère Sainte-Marie à Ripoll.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du livre de Ramon d’Abadal i de Vinyals, Els primers comtes catalans, Vicens-Vives, 1958 (reed. 1991) (ISBN 84-316-1804-3)

Notes

[1] La Catalogne est une communauté autonome et une région historique d’Espagne, régie par un statut d’autonomie. En 718, elle est passée sous contrôle musulman et est devenue une partie d’al-Andalus, une province du Califat omeyyade. Ensemble de comtés qui forment la marche d’Espagne de l’Empire carolingien depuis la conquête par Charlemagne (785-801), la Catalogne naît au 9ème siècle. Le « père fondateur » de la Catalogne serait Guifred le Velu, nommé comte de Barcelone en 878 au concile de Troyes. Guifred le Velu est l’ancêtre de la dynastie de Barcelone, qui construit peu à peu l’État catalan autour du comté de Barcelone, en ignorant la suzeraineté des rois francs considérés de plus en plus comme incapables d’assurer la protection comme en témoigne la prise de Barcelone en 985 par les troupes maures d’Almanzor sans que le roi Lothaire, pourtant appelé à l’aide par le comte Borrell II, n’intervienne. Ces comtés sont également parmi les lieux de naissance de la paix de Dieu à la fin du 10ème siècle, et surtout de la trêve de Dieu qui en découle au 11ème siècle, ainsi que de leur institutionnalisation sous le contrôle des Églises locales et de leurs prélats (évêques et abbés réformateurs). La pratique de ces « assemblées de paix » (qui préfigurent les corts) comme le maintien d’une forte culture juridique de l’écrit (attestée par la rédaction de conventions ou convenientiæ) vont constituer les bases de cet État catalan en construction, dans une société profondément féodalisée depuis la crise du 11ème siècle

[2] Le comté de Barcelone est à l’origine une subdivision du royaume wisigoth en Hispanie. Conquis par les Maures à la fin du 8ème siècle, reconquis par Charlemagne en 801, il est intégré à la marche d’Espagne, province frontière face aux musulmans d’Al-Andalus. Des comtes nommés par les souverains carolingiens se succèdent à la tête de ce comté, considéré comme le plus important de la marche. À l’extinction de la dynastie carolingienne, les comtes se succèdent de façon héréditaire dans la descendance du comte Guifred, dit le Velu. Cette dynastie domine également les comtés de Girone et de Ausone, et rassemble peu à peu sous son autorité directe ou indirecte tous les comtés formant l’actuelle Catalogne : Besalú, Cerdagne, Empuries, Pallars, Roussillon et Urgell.

[3] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[4] Gérone est une ville située dans le nord-est de l’Espagne en Catalogne. Elle est la capitale de la province de Gérone ainsi que de la comarque du Gironès.

[5] Le comté de Roussillon est une ancienne principauté féodale située dans les Pyrénées orientales. Le comté de Roussillon serait né à l’époque wisigothique comme une subdivision administrative du royaume wisigoth. Ses limites correspondaient à la civitas Ruscinonensis antique (d’où il tient son nom), c’est-à-dire l’actuel département des Pyrénées-Orientales sans la Cerdagne ni le Capcir. Probablement détruit par l’invasion arabe de 721, le comté renaquit au moment de la reconquête carolingienne, et fut intégré à la Marche d’Espagne, puis au marquisat de Gothie. Le Roussillon est alors aux mains de comtes nommés ou reconnus par le pouvoir impérial, mais cette tutelle se fait moins forte au cours du 9ème siècle, et après la fin de la dynastie carolingienne, il est considéré comme un bien patrimonial qui passe au tout début du 10ème siècle aux mains de la dynastie d’Empuries. À ce moment, son territoire se réduit à la partie orientale de l’actuel département des Pyrénées-Orientales. La capitale de ce comté est d’abord Château-Roussillon, puis la ville de Perpignan. Le comté reste dans les mains de cette dynastie jusqu’en 1172, à la mort du comte Girard II de Roussillon, qui lègue son comté à son parent et suzerain le roi Alphonse II d’Aragon.

[6] Vic est une municipalité espagnole, capitale de la comarque catalane d’Osona dans la province de Barcelone. Le nom de cette commune s’écrivait auparavant Vich en catalan. La ville est située au milieu d’une plaine à qui elle donne son nom, la Plana de Vic, à équidistance de la frontière franco-espagnole et de Barcelone. Son territoire s’étend sur 31 km².

[7] Le comté d’Ausone ou d’Ausona (Osona en catalan) a été un comté vassal du royaume franc à la fin du 9ème siècle. Il était situé au nord-ouest du comté de Barcelone et à l’ouest du comté de Gérone. Le comté a existé à partir de la fin du 9ème siècle. Il forme une union de lois communes avec d’autres comtés indépendants voisins au 12ème siècle, c’est la Principauté de Catalogne.

[8] Le monastère de Santa Maria de Ripoll est un monastère bénédictin situé à Ripoll, dans la province de Gérone en Catalogne (Espagne). Il s’agit de l’un des principaux complexes roman de la région.

[9] Sant Joan de les Abadesses est une commune d’Espagne dans la communauté autonome de Catalogne, province de Gérone, de la comarque du Ripollès.

[10] L’abbaye de Saint-Michel de Cuxa est un monastère bénédictin situé au pied du Canigou, sur la commune de Codalet dans les Pyrénées-Orientales. Il fait partie de la province espagnole de la congrégation de Subiaco (confédération bénédictine).

[11] Le comté de Conflent était un comté catalan du Moyen Âge faisant partie de la Marche d’Espagne. Il est situé dans l’actuel Roussillon. Il correspond historiquement à la vallée de la Têt (Tet en catalan) et ses alentours entre Rodès et Mont-Louis (Montlluís). En amont, c’est la Cerdagne (Haute Cerdagne), en aval, le Ribéral (Riberal). Sa capitale est Prades (Prada). Le Conflent est dominé par le Canigou (Canigó).

[12] Le mot muladi vient de l’arabe, muwallad, qui signifie : adapté ou métis. Le terme possède deux significations proches qui tendent à définir l’identité d’une personne non arabe mais souvent européenne convertie à la foi musulmane à l’époque d’al-Andalus

[13] Les Banu Qasi ou Banu Kazi ou Banū Qāsī, fils du seigneur Cassius, sont une importante famille d’origine vasconne et wisigothique. Devenue muladí, elle joua un rôle politique et militaire de premier plan dans la Marche supérieure d’Al-Andalus, pendant les premières guerres de la Reconquista et lors des nombreux soulèvements que connut l’émirat de Cordoue, entre les 8ème et 10ème siècles. Cette famille, originaire de Tudela, dans le sud de la Navarre, étendit son autorité sur la région de Tarazona, Ejea de los Caballeros et Nájera. La famille donna également des gouverneurs à Pampelune, du fait de leurs alliances avec les rois de Navarre. Musa ibn Musa, dans la première moitié du 10ème siècle, fut, par sa mère, le demi-frère d’Eneko Arista, roi de Pampelune.