Marie Anne de Bourbon (1678-1718)
Duchesse de Vendôme-Duchesse d’Étampes
Fille du prince de Condé. En tant que membre de la maison régnante de Bourbon, elle était princesse de Sang. Elle était la duchesse de Vendôme par mariage.
Dans sa jeunesse, elle était connue sous le nom de mademoiselle de Montmorency, dérivé de l’un des titres de son grand-père. Son père, le duc de Bourbon et le premier prince de Sang, était le fils du Grand Condé.
Marie Anne est née et a vécu à l’Hôtel de Condé [1], à Paris, où son père l’a abusé ainsi que sa mère Anne de Bavière . Il les battait fréquemment.
En 1704, son père avait voulu qu’elle épouse Charles III Ferdinand de Mantoue , duc de Mantoue [2] et Montferrat [3], mais la proposition ne se concrétise pas et Ferdinand Charles se marie plutôt avec Suzanne Henriette de Lorraine connue sous le nom de mademoiselle d’Elbeuf.
Avec l’aide de sa sœur Louise Bénédicte duchesse du Maine, et sans l’autorisation de leur mère leur père et leur frère étant morts à cette époque, Marie Anne épousa son cousin lointain, Louis Joseph, duc de Vendôme, arrière-petit-fils de Henri IV et de sa maîtresse Gabrielle d’Estrées .
Le couple s’est rendu le 21 mai 1710 dans la chapelle du Château de Sceaux [4], la maison de Louise Bénédicte. Bien que la princesse de Condé Marie-Thérèse de Bourbon ne fut pas informée du mariage, elle était présente lors de la cérémonie à Sceaux avec Louis IV Henri de Bourbon-Condé et sa femme Marie-Anne de Bourbon-Conti et ses enfants Louis-Armand de Bourbon-Conti et mademoiselle de La Roche-sur-Yon Louise-Adélaïde de Bourbon .
Deux jours après le mariage, Vendôme quitta sa femme à Sceaux pour se retirer au château d’Anet. Il lui laissa le titre et les successions du duché d’Étampes [5]. Quand elle est morte, ses biens allèrent à sa nièce, Louise Élisabeth de Bourbon, princesse de Conti .
Louis Joseph est mort en 1712. En 1714, Marie Anne commença des améliorations et des extensions à l’ Hôtel de Vendôme à Paris [6], où elle décède en 1718, âgée de 40 ans. Elle fut enterrée dans le couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques à Paris [7].
Notes
[1] L’hôtel de Condé est un ancien hôtel particulier parisien, détruit à la fin du 18ème siècle, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel quartier qui s’étend autour du Théâtre de l’Odéon. L’hôtel de Condé prit la suite du somptueux hôtel construit par Jérôme de Gondi, fidèle écuyer de Catherine de Médicis en 1582-1583 par un architecte non connu, avec des fortes présomptions par un membre de la famille du Cerceau ou Claude Vellefaux. La famille de Gondi s’installe dans l’hôtel en 1586. Un grand jardin est aménagé avec la construction d’une orangerie en 1603-1604. Après une ascension sociale fulgurante grâce à la protection de la reine, avait connu des difficultés financières et, entre 1609 et 1612, Jean-Baptiste II de Gondi dut vendre ses biens immobiliers parisiens. L’hôtel fut donné en 1610 à Henri II de Bourbon-Condé par Marie de Médicis qui voulait le récompenser d’avoir consenti à épouser Charlotte-Marguerite de Montmorency. L’hôtel fut restauré et rebâti en grande partie par le nouveau propriétaire. De modestes travaux sont d’abord entrepris par Clément II Métezeau, Jacques Lemercier, en 1641, et François Levé.
À la mort du prince de Condé, en 1646, sa veuve entreprend un grand chantier qu’elle confie à François Mansart. Il construit une extension pour accueillir de grands appartements doubles. C’est un pavillon construit entre deux jardins placés presque au milieu de la propriété et permettant de relier tous les bâtiments dispersés. François Mansart intervient dans une seconde campagne, en 1664-1665. Il s’agit d’agrandir le pavillon qu’il avait construit et de la transformation de l’appartement du prince avec une re-construction partielle de l’élévation. Il travaille avec Jacques Gabriel. Le plan masse de l’hôtel n’a plus évolué jusqu’à sa démolition
[2] Le duché de Mantoue était une principauté située en Lombardie, dans le nord de l’Italie actuelle, vassale du Saint Empire romain germanique. Créé en 1530 pour le marquis de Mantoue Frédéric II, le duché exista de 1530 à 1797. Le 2 avril 1707, les Autrichiens ont pris possession du duché, qui est passé ainsi de la Maison Gonzague, qui le gouvernait depuis sa création, aux Habsbourg, qui possédaient aussi le duché de Milan, et avec lequel il se trouvait en continuité territoriale.
[3] Le Duché de Montferrat était un État impérial du Saint-Empire romain germanique dans le nord du royaume d’Italie. Après la mort sans héritier du marquis Jean Georges de Montferrat (Maison Paléologue), le marquisat fut quelque temps sous domination espagnole de 1533 à 1536, avant de passer dans la famille des Gonzague, déjà ducs de Mantoue. En 1574, Maximilien II du Saint Empire érige le marquisat en duché. Avec la guerre de Succession de Mantoue de 1628 à 1631, une partie du duché passe à la Maison de Savoie, et le reste en 1708, lorsque Léopold 1er du Saint Empire acquiert le Duché de Mantoue.
[4] Au début du 17ème siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII. C’est une famille de bourgeois qui finiront par devenir ducs : ducs de Tresmes et ensuite ducs de Gesvres. Sceaux est érigée en châtellenie en 1612 et en baronnie en 1619-1624 pour le fils cadet de Louis, Antoine Potier de Sceaux, greffier des ordres du Roi. En 1670, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, qui souhaite disposer d’un domaine près de Paris et non loin de Versailles, pour y établir sa maison de campagne, achète la terre de Sceaux aux trois héritiers de René Potier, marquis de Gesvres, duc de Tresmes.
[5] Le Comté-Pairie d’Etampes est érigé en 1327 à partir de la Baronnie d’Etampes, appartenances et dépendances. En 1536, le Comté d’Etampes est érigé en Duché d’Etampes.
[6] L’ Hôtel de Vendôme est un hôtel particulier conçu par Jean-Baptiste Alexandre Le Blond et achevé en 1707. L’Hôtel de Vendôme est le principal vestige de ce qui était autrefois le couvent le plus populaire de Paris, la Chartreuse de Vauvert. Fondée par Saint-Louis et célèbre pour son vignoble appelé le Clos de la Forge, sur lequel se trouve actuellement l’école des mines. De 1706 à 1707, les Chartreux, sous la surveillance du Blond, font construire une grande maison aux dépens d’Antoine de La Porte, chanoine de Notre-Dame. L’hôtel fut loué en 1714 par la duchesse douairière de Vendôme qui le fit modifier à son état actuel 2 ans plus tard par Le Blond. La duchesse était la veuve de Louis Joseph de Bourbon arrière petit-fils de Gabrielle d’Estrées ; elle était aussi la plus jeune petite-fille du Grand Condé. Aujourd’hui, l’hôtel est le siège de l’École nationale supérieure des mines de Paris.
[7] Le couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques, dit Carmel de l’Incarnation, est le premier couvent des Carmels déchaussés à Paris. Fondé en 1603 rue Saint-Jacques, il devient la maison-mère de cet ordre en France et attire des religieuses appartenant à la grande noblesse. Il est fermé à la Révolution française et rasé en 1797.