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Fravitta dit Flavius Fravitta ou Flavius Fravitus

mercredi 9 août 2017, par lucien jallamion

Fravitta dit Flavius Fravitta ou Flavius Fravitus (mort en 402/403)

Militaire et homme politique romain d’origine wisigothe

Appartenant à la noblesse gothique [1], Fravitta est un païen, contrairement à la majorité des Goths qui ont basculé dans l’arianisme  [2] , raison pour laquelle il sera encensé par le rhéteur grec Eunape , hostile au christianisme.

Très jeune, il se met vers 380 au service de l’Empire romain et sera chargé notamment d’éradiquer le brigandage dans les provinces romaines d’Orient, depuis la Cilicie [3] jusqu’en Palestine [4].

À la tête de troupes gothiques, Fravitta devient bientôt le chef de file des Wisigoths [5] favorables à une alliance durable avec l’empereur Théodose et à leur assimilation dans l’Empire. Il s’oppose alors à un autre chef wisigoth, Eriulf, un arien qui reste hostile à l’Empire et refuse la politique d’assimilation.

En 391, sortant ivre du banquet où l’avait convié l’empereur, Eriulf est suivi hors du palais par Fravitta qui l’assassine pour mettre fin à son projet de rébellion contre Théodose. Cette preuve de dévouement à l’Empire lui valut des récompenses et il fut successivement élevé à divers postes éminents. En 395, il sera notamment nommé magister militum per Orientem [6].

En 400, il commande la flotte de l’empereur romain d’Orient Arcadius et vainc de façon décisive en Thrace [7] le rebelle goth Gaïnas dont les vaisseaux furent coulés alors qu’il tentait de passer en Asie Mineure. En récompense pour cette victoire, Fravitta demanda à l’empereur l’autorisation d’adorer librement les dieux païens. Arcadius lui accorda son souhait et le nommera consul l’année suivante en 401.

Cependant, il tombe rapidement en disgrâce, victime des intrigues de Cour. En effet, avec la révolte du général romain d’origine gothique Gaïnas, la politique byzantine envers les Goths changea et Fravitta fut injustement accusé de trahison. Arrêté, il est mis à mort.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Herwig Wolfram, History of the Goths, University of California Press, 1998, ISBN 0520069838

Notes

[1] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[2] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[3] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[4] Durant la période romaine, la province de Palestine fut divisée en trois régions, la Judée, la Samarie et la Galilée, qui est la plus large région, située au nord. Durant la période romaine, sous l’Empereur romain Auguste (de 30 av. jc à 14 ap. jc) alors que l’empire est divisé en provinces sénatoriales et impériales par l’Empereur Octave, la province impériale de Palestine est divisée en quatre parties (tétrarchies)

[5] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[6] Le magister militum est un officier supérieur de l’armée romaine durant l’Antiquité tardive. Son nom est souvent traduit par « maître de la milice » ou « maître des milices ». À l’origine, on distinguait le magister peditum ou commandant de l’infanterie et le magister equitum ou commandant de la cavalerie. Les deux fonctions furent à l’occasion réunies et leur titulaire prit le titre de magister utriusque militiae. Le commandant des corps demeurant à la disposition de l’empereur près de la capitale fut appelé magister militum praesentales. En Orient, la fonction cessa d’exister avec la création des thèmes où le gouverneur (strategos), cumula les fonctions militaires et civiles.

[7] *