À la mort de son prédécesseur Maynard 1er, la présence du duc de Normandie Richard II aux obsèques, hâta l’élection qui devait donner un nouveau pasteur au monastère, en nommant un successeur à son premier abbé.
La vie exemplaire et le caractère élevé, dans lesquels se reflétaient les vertus de Maynard, désignaient au suffrage du couvent son homonyme et son neveu. Ce fut celui que le choix canonique éleva à cette dignité dont il remplit les devoirs, à la satisfaction de ses moines, sous le nom de Maynard II.
Ce prélat consola les religieux de la perte qu’ils venaient d’éprouver en la personne de son oncle par ses vertus et les témoignages de vénération que leur monastère reçut de tous côtés. Dès l’année même, Mayeul, abbé de Cluny en Bourgogne, leur donna plusieurs vignes en Touraine, et Conan 1er, duc de Bretagne, y fut inhumé dans la chapelle Saint-Martin de l’église abbatiale, sur le vœu qu’il en avait exprimé dans son testament.
Respectueux des volontés de son père, et suivant l’inspiration de sa propre piété, Geoffroy 1er , fils et successeur du duc, témoigna lui-même sa dévotion envers ce lieu saint, par la donation qu’il lui fit, en 996, des paroisses de Saint-Méloir [1], de Saint-Benoît-des-Ondes [2], et de Cancale [3], avec le patronage des églises.
le 11ème siècle s’ouvrit pour lui par des calamités. L’apparition, durant 3 mois, d’une comète d’une extrême clarté dut sembler aux esprits superstitieux le présage funèbre des malheurs qui fondirent bientôt sur ce monastère. Un incendie ayant éclaté dans les maisons bâties sur le versant du rocher, les flammes s’élevèrent vers les édifices réguliers, les enveloppèrent dans leurs tourbillons, et les réduisirent en cendres. Seule la cellule de Bernier échappa à leur action dévastatrice.
Grossie par des pluies abondantes, la Sélune [4] déborda ses rivages et se creusa un lit si profond qu’elle offrit quelque temps une barrière infranchissable aux nombreux pèlerins que leur piété guidait vers le Mont Saint-Michel.
Heureux d’avoir pu sauver de l’église tous les objets de prix et de sainteté, vases, ornements et reliquaires, ils se mirent avec ardeur à réparer les ravages de l’incendie. Un corps de logis pour l’habitation des moines et une petite église semblable à la première, sortirent des décombres des anciennes constructions.
Lorsque l’abbé Maynard comprit, par sa vieillesse avancée, qu’il atteignait les limites de la vie, il songea à faire élire le successeur aux mains duquel il désirait confier la direction de son troupeau. Ce fut sur Hildebert 1er , désigné aux suffrages par ses vertus monastiques, que s’arrêta le choix du couvent. L’abbé, immédiatement après cette élection, députa un de ses moines vers Richard pour lui en faire agréer la nouvelle.
Connaissant les mérites de Maynard et d’Hildebert, celui-ci ratifia cette nomination par une charte. La dignité abbatiale de ce monastère ne resta donc pas vacante lors de la mort de Maynard, qui fut, d’après un manuscrit du 14ème siècle, inhumé dans un petit jardin situé près du chœur de l’église monastique.