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Théodote 1er Cassitéras ou Théodote Mélissène dit l’étameur

mercredi 17 août 2016, par lucien jallamion

Théodote 1er Cassitéras ou Théodote Mélissène dit l’étameur (mort en 821)

Patriarche de Constantinople de 815 à sa mort

Patriarcat œcuménique de ConstantinopleFils du patrice Michel Mélissène, un proche de l’empereur iconoclaste [1] Constantin V, qui fut nommé stratège du thème des Anatoliques [2] en 766/767 et qui épousa une sœur d’Eudocie, troisième épouse de Constantin V, couronnée Augusta en 768.

Théodote était donc neveu de l’impératrice Eudocie. Avant son accession au patriarcat, Théodote, fonctionnaire laïc, portait le titre de spatharo [3].

Le 13 mars 815, l’empereur Léon V l’Arménien, résolu à rétablir l’iconoclasme comme doctrine religieuse officielle, mais se heurtant au refus du patriarche Nicéphore 1er, le déposa à la suite d’une émeute populaire contre le palais patriarcal, et l’exila en Bithynie [4].

Jusque-là, les ecclésiastiques qui avaient été en pointe, depuis le printemps 814, dans l’opération de rétablissement de l’iconoclasme avaient été Jean le Grammairien, alors higoumène [5] du monastère urbain Saints-Serge-et-Bacchus, et Antoine Cassymatas, évêque de Syllaion [6] en Pamphylie [7].

Théodote Mélissène dut sa nomination au patriarcat à son illustre parenté, qui le rattachait au glorieux empereur Constantin V, dont le souvenir, après les désastres subis contre les Bulgares en 811 et 813, sous-tendait l’entreprise de retour à l’iconoclasme.

Investi de sa charge le 1er avril 815, Théodote 1er présida au cours de ce mois, dans la cathédrale Sainte-Sophie, un concile purement byzantin, sans prétention œcuménique, qui annula le 2ème concile de Nicée [8] et rétablit officiellement l’horos du concile de Hiéreia [9]. Ce tournant de la politique religieuse rencontra peu d’opposition visible, même dans le clergé, sauf celle de Théodore Studite, qui envoya des lettres partout pour appeler à la résistance et fut immédiatement arrêté et incarcéré dans une forteresse en Bithynie, d’ Euthyme de Sardes et de quelques autres figures du monde monastique.

L’empereur et le patriarche s’employèrent à rallier les opposants un à un, et la correspondance angoissée de Théodore Studite, dans la période suivante, montre qu’il ne resta bientôt plus qu’une poignée, d’opposants irréductibles persécutés et incarcérés.

La littérature postérieure, de parti-pris iconodoule [10], a transmis une image très négative de ce patriarche, accusé notamment d’entretenir un train de vie très mondain, et d’organiser au palais patriarcal des réceptions frivoles, peu compatibles avec sa charge. Après l’assassinat de Léon V le 25 décembre 820, il couronna Michel le Bègue , sorti de prison et acclamé par ses partisans. Il mourut au cours du mois suivant.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Michel Kaplan, La chrétienté byzantine du début du viie siècle au milieu du ixe siècle, Éditions SEDES, 1997.

Notes

[1] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[2] Les Anatoliques ou le thème des Anatoliques sont un thème de l’Empire byzantin situé en Asie Mineure (Turquie actuelle). Après la division de l’Opsikion au milieu du 8ème siècle, il devient le plus important des thèmes de l’empire.

[3] candidat dans la hiérarchie palatine

[4] La Bithynie est un ancien royaume au nord-ouest de l’Asie Mineure, actuellement situé en Turquie. Située au bord du Pont-Euxin, la Bithynie était limitée par la Paphlagonie à l’est, la Galatie et la Phrygie au sud, la Propontide et la Mysie à l’ouest. Les villes principales de Bithynie sont Nicomédie (actuelle Izmit) et Nicée, qui se disputent le titre de capitale selon l’époque, ainsi qu’Héraclée du Pont, Pruse (actuelle Bursa) et Chalcédoine. On compte aussi Byzance qui, bien que sise en Thrace, dépend sporadiquement de la province de Bithynie, notamment durant le mandat de gouverneur de Pline le Jeune.

[5] Un higoumène ou hégoumène est le supérieur d’un monastère orthodoxe ou catholique oriental. Le terme équivaut à celui d’abbé ou d’abbesse dans l’Église latine.

[6] Sillyon était une importante forteresse et ville près d’Attaleia en Pamphylie, sur la côte sud de la Turquie moderne. La forme native greco-pamphylienne était Selyniys, peut-être dérivé du hittite Sallawassi. Son nom moderne turc Yanköy Hisarı ou Asar Köy

[7] La Pamphylie est le nom donné dans l’Antiquité à une région historique du sud de l’Asie Mineure située entre la Lycie au sud, la Cilicie à l’est, la Pisidie au nord et la Phrygie à l’ouest.

[8] Le deuxième concile de Nicée est un concile œcuménique qui eut lieu en 787. Convoqué par l’impératrice Irène, il avait pour objectif de mettre un terme au conflit politico-religieux provoqué par l’iconoclasme. Le concile a affirmé la nécessité de vénérer les images et les reliques : l’honneur n’est pas rendu aux images, ni aux reliques mais, à travers elles, à la personne qu’elles représentent.

[9] Le concile de Hiéreia est le premier concile iconoclaste, convoqué du 10 février au 8 août 754 dans le palais suburbain de Hiéreia sur la rive asiatique du Bosphore, par l’empereur Constantin V pour faire condamner la production et la vénération des images. Les actes du concile sont condamnés par la suite lors du premier rétablissement du culte des images au 2ème concile de Nicée en 787 convoqué par l’impératrice Irène : ils sont donc perdus et ne subsistent que par les citations qui en sont faites dans ce dernier concile.

[10] L’iconodulie ou iconodoulie, est un courant de pensée qui est en faveur des images religieuses ou icônes et de leur vénération, en opposition au courant iconoclaste.