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L’histoire pour le plaisir

Susan de Vannes

vendredi 18 décembre 2015, par lucien jallamion

Susan de Vannes (mort après 866)

Évêque de Vannes de 838 à 849

Emblème évêques de VannesLe 24 juin 843, après s’être emparés de la ville de Nantes, des Normands massacrèrent l’évêque Gohard et de nombreux prêtres et fidèles dans la cathédrale, qu’ils incendièrent. Les habitants restaurèrent ensuite quelque peu l’édifice, et le 30 septembre suivant, l’évêque Susan de Vannes vint procéder à la cérémonie de reconsécration.

Susan fut accusé, avec d’autres évêques de Bretagne, de simonie [1]. Selon le récit des “Gesta Sanctorum Rotonensium” [2], l’abbé Conwoïon de Saint-Sauveur de Redon [3] prit l’initiative d’aller dénoncer cette situation auprès du duc Nominoë, et lui demanda d’y remédier. Le duc réunit alors une assemblée des évêques de la province, qui décida que deux évêques élus par leurs pairs, accompagnés par l’abbé Conwoïon, se rendraient à Rome auprès du pape Léon IV. Les deux évêques choisis furent Susan et un autre nommé Félix.

L’auteur des “Gesta Sanctorum Rotonensium” prétend que le pape réunit un concile qui condamna sévèrement la simonie pratiquée. Selon l’auteur de la Chronique de Nantes, plus proche de la vérité sur ce point, Léon IV répondit que l’affaire relevait d’un synode provincial autour de l’archevêque de Tours, dont dépendait la Bretagne. Le souverain pontife envoya en tout cas deux lettres, une adressée à Nominoë, une autre aux évêques bretons.

La délégation envoyée à Rome rentra sans doute en février 849. Au cours du printemps 849, Nominoë organisa une nouvelle assemblée dans une résidence officielle [4] appelée Coëtlou et fit déposer plusieurs évêques. Selon la Chronique de Nantes, ce furent Susan de Vannes, Félix de Quimper, Salocon d’Aleth et Libéral de Léon.

L’évêque Susan n’était toujours pas remplacé le 29 juillet 849. Il l’était le 14 mai 850, par Courantgen.

Les évêques francs s’assemblèrent en concile à l’été 850 autour de Landran, archevêque de Tours, et adressèrent une lettre à Nominoë pour lui reprocher un grand nombre de forfaits : entre autres, le duc aurait refusé de recevoir et de se faire lire la lettre du pape, et aurait ainsi expulsé de leurs sièges des évêques légitimes.

Le concile franc de Soissons réuni du 18 au 25 août 866 écrivit une lettre au pape Nicolas 1er à propos de l’affaire du « schisme » breton : on y apprend que Susan de Vannes était alors toujours vivant.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Ferdinand Lot, « Mélanges d’histoire bretonne. V. Le schisme breton du ixe siècle. Étude sur les sources narratives », Annales de Bretagne, vol. 22, n° 3, 1906, p. 414-452.

Notes

[1] La simonie est, pour les catholiques, l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d’un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique.

[2] Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest de l’abbaye de Redon

[3] L’abbaye Saint-Sauveur de Redon, fondée en 832 par Conwoïon et reconnue le 18 juin 834 par Nominoë, est une ancienne abbaye bénédictine de Bretagne à Redon, dans le département d’Ille-et-Vilaine, dépendante de l’ancien diocèse de Vannes.

[4] aula