Né à East Knoyle [1] dans le Wiltshire [2], célèbre pour son rôle dans la reconstruction de Londres après le Grand incendie [3] de 1666. Il est connu en particulier pour la conception de la cathédrale Saint-Paul de Londres [4], considérée comme étant son chef-d’œuvre, une des rares cathédrales construites en Angleterre après la période médiévale, ainsi que la seule cathédrale classique et baroque dans le pays.
Fils de Christopher Wren et Mary Cox. En 1634, son père se voit offrir le poste de doyen de Windsor, occupé jusqu’alors par son frère Matthew Wren , qui vient d’être nommé évêque de Hereford [5]. Durant son enfance, Christopher sera compagnon de jeu du prince de Galles Charles 1er.
À l’âge de neuf ans, il est envoyé à la Westminster School [6] de Londres. La famille Wren, aux convictions royalistes affirmées, souffre de quelques difficultés dans la période troublée de la guerre civile anglaise.
Matthew Wren, alors évêque d’Ely [7] est emprisonné pendant 8 ans à la Tour de Londres. Son père lui-même est obligé de quitter Windsor pour se réfugier à Bristol, mais, lorsque Christopher a 11 ans, sa sœur aînée se marie avec le mathématicien William Holder et la famille Wren vient s’installer à Bletchingdon [8] dans l’Oxfordshire [9], chez les Holder. William Holder est alors le précepteur de Christopher qu’il encourage à découvrir l’astronomie.
En 1646, au sortir de la Westminster School, Wren n’entre pas aussitôt à l’université. Durant les trois années suivantes, durant lesquelles certains prétendent que sa santé est précaire, il assiste le docteur Charles Scarborough , le futur médecin royal, dans différentes études anatomiques, et fait aussi, pour son propre compte, des travaux mathématiques sur le cadran solaire, une maquette du système solaire où il met à l’œuvre tant ses connaissances scientifiques que ses aptitudes artistiques.
Il entre au Wadham College [10] à Oxford le 25 juin 1649 et obtient sa licence le 18 mars 1651 et sa maîtrise en 1653. Il est élu Fellow [11] de l’université All Souls [12] la même année et vit dans ses locaux jusqu’en 1657. Il continue ses expérimentations en anatomie, dessinant des croquis du cerveau humain pour la Willis’s Cerebri anatome [13], faisant la démonstration d’une transfusion sanguine entre deux chiens. Il fait preuve à cette époque d’une inventivité débordante dans un grand nombre de domaines.
Il est ensuite nommé professeur d’astronomie au Gresham College [14] à Londres en 1657. Il avait commencé des observations de la planète Saturne à partir de 1652 dans le but d’expliquer son étrange apparence. Il expose ses hypothèses dans « le De corpore saturni » lorsque Christian Huygens présente sa théorie sur les anneaux de Saturne. Wren reconnaît immédiatement que cette théorie est plus satisfaisante que la sienne et ne publie pas.
Il fait partie d’un groupe de discussion scientifique de l’université de Gresham qui, en 1660, organise des réunions hebdomadaires formelles, et il joue un rôle incontestable dans la genèse de ce qui deviendra la Royal Society [15]. Sa grande diversité d’intérêts entraîne de multiples échanges d’idées entre savants et ses conférences sont des réunions qui préfigurent celles de la Royal Society.
Il en est donc l’un des membres fondateurs et il en sera le président de 1680 à 1682. Il devient, en 1661, professeur à Oxford, titulaire de la chaire savilienne d’astronomie, poste qu’il conservera jusqu’en 1673. C’est à cette époque qu’il produit ses plus importantes contributions aux mathématiques. Isaac Newton, pourtant avare de compliments, affirme dans ses “Philosophiae Naturalis Principia Mathematica” que Wren est, avec John Wallis et Christian Huygens, parmi les plus grands mathématiciens de son temps. En 1662, ce groupe de distingués gentlemen reçoit une charte royale des mains de Charles II et The Royal Society of London for the Promotion of Natural Knowledge [16] est fondée. On n’a aucune certitude sur l’origine de l’intérêt de Wren pour l’architecture, bien que l’on sache que lors de sa période 1646-1649, il ait fait des recherches sur la manière de défendre les villes et fortifier les ports.
Il a certainement lu, alors qu’il était un étudiant à Oxford, “De Architectura” de Vitruve . En 1661 il est invité à travailler aux fortifications du port de Tanger et, bien qu’il ait décliné cette offre, à cette date, il est considéré comme quelqu’un qui peut diriger un projet architectural d’une telle importance.
En 1663, Christopher Wren visite Rome où il effectue une étude complète du théâtre de Marcellus [17], travaillant tant sur les ruines du théâtre que sur les dessins le montrant dans sa forme originale. Ce travail aura de profondes répercussions dans les conceptions architecturales de Wren et l’influence du théâtre est clairement évidente dans ses premières réalisations. Un séjour à Paris, en 1665, pour échapper à la peste qui sévit dans la capitale anglaise, laisse sa marque aussi sur le futur architecte de Londres, particulièrement après ses visites aux églises de la Sorbonne et des Invalides.
En 1663, il construit la chapelle de l’université de Pembroke [18] à Cambridge, missionné par son oncle alors évêque d’Ely. La même année, il soumet à la Société royale une proposition de construction pour le Sheldonian Theatre [19] à Oxford, un bâtiment dont l’érection débute en 1664 et qui est le premier de ses projets comportant un dôme. Wren le mathématicien est devenu Wren l’architecte. Il continue en 1668 avec la chapelle de l’Emmanuel College [20] à Cambridge et le Garden Quadrangle de Trinity College [21] à Oxford.
Mais, la grande occasion de faire ses preuves de maître architecte vient lorsqu’il faut procéder à la reconstruction de Londres après le Grand incendie de 1666. Nommé Commissioner for Rebuilding the City of London [22] en cette même année, il effectue un relevé de la zone détruite par l’incendie avec l’aide de trois arpenteurs, l’un étant Robert Hooke . Wren redessine le plan de la ville entière, prévoyant de larges avenues rayonnant depuis un espace central, mais les propriétaires des terrains feront échouer la mise en application de ce plan directeur. Il dirige aussi la reconstruction de 51 églises, et malgré la lourdeur de la charge, reste titulaire de sa chaire d’astronomie à Oxford.
En 1669, Wren est nommé “Surveyor of St Paul’s Cathedral”. Il avait déjà été impliqué dans les travaux de réparation de l’ancienne cathédrale en 1663 et tout naturellement ce poste lui revient depuis qu’il est devenu Surveyor-General of the King’s Works [23], cette même année. Cette situation officielle lui permet aussi de penser au mariage et il épouse Faith Coghill, une vie commune qui ne durera que 6 ans, son épouse mourant en septembre 1675, peu de temps après avoir donné naissance à leur second enfant. En 1677, Wren épouse, en secondes noces, Jane Fitzwilliam, mais celle-ci meurt de la tuberculose en 1679 après lui avoir donné deux nouveaux enfants.
Wren est surtout connu aujourd’hui comme l’architecte de la cathédrale Saint-Paul de Londres. En mai 1666, peu avant le grand incendie qui va ravager Londres en septembre et la cathédrale en particulier, il est chargé d’étudier son remplacement, car elle est en très mauvais état. Son premier projet est refusé par le London City Council [24] parce qu’on considère qu’il manque de grandeur et Wren présente alors en 1674 un second projet, un plan accompagné d’une maquette, qui est rejeté par le clergé, car sa conception est trop inspirée par l’architecture grecque antique ce qui est considéré comme inapproprié pour une église chrétienne. Malgré les drames de sa vie personnelle, à cette époque, Wren se remet au travail et produit un troisième projet en forme de croix latine et surmonté d’un large dôme. C’est ce dernier qui est à la base de la construction actuelle, mais Wren qui n’est pas satisfait de sa conception originale et obtient la permission royale de la modifier, le fera tout au long des travaux qui dureront 35 ans.
Âgé de 43 ans au moment du début des travaux, il n’espérait pas voir le bâtiment achevé, mais sa longévité remarquable, il décèdera à 90 ans, lui permettra de voir son œuvre terminée en 1711, soit 12 ans avant sa mort. Cette même année 1675, il est missionné par le roi Charles II pour construire l’Observatoire royal de Greenwich [25], pour John Flamsteed qui vient d’être nommé premier Astronome Royal d’Angleterre. Mais le trésor royal n’est pas au mieux et on demande à Wren de faire preuve d’économie. Plutôt qu’à faire des observations astronomiques, ce centre est destiné à effectuer des recherches sur le problème du calcul de la longitude, sa résolution pouvant offrir à l’Angleterre un avantage important dans la conquête des mers.
Il attrape un refroidissement et meurt en 1723. Il est enterré dans la cathédrale Saint-Paul, dans l’aile sud du chœur, côté est.
Ses réalisations auront une certaine influence en France et l’on trouve notamment, en Bretagne des églises inspirées de la cathédrale Saint-Paul de Londres.