Né à Fostât [1], médecin de profession, il fait l’objet d’une notice dans le recueil des Vies de médecins d’ Ibn Abi Usaybi’a . Il devint patriarche à l’âge de 56 ans sous le nom d’Abbā Eutychius. Comme il n’avait jamais occupé de fonction ecclésiastique, son élévation au patriarcat suscita une vive opposition, qui dura jusqu’à sa mort. Il avait sans doute été imposé par les autorités musulmanes.
Son œuvre principale est une chronique universelle en arabe, intitulée “Naẓm al-Jawhar” [2] et connue également sous le nom d’Annales. Elle raconte l’histoire du monde depuis la Création jusqu’en 937. Commencée avant l’accession de l’auteur au patriarcat, elle est dédiée à son frère Īsā ibn Baṭrīq, médecin lui aussi.
Bien que l’auteur se targue de s’être appuyé uniquement sur la Bible et des sources sûres, l’ouvrage contient beaucoup de légendes et de traditions hagiographiques inconnues par ailleurs. Il apporte d’autre part des informations précieuses sur le royaume sassanide entre le 5ème et le 7ème siècle, ce qui a pu faire penser qu’il aurait eu accès à une adaptation arabe de la chronique royale “Xwadāy-nāmag” par Ibn al-Muqaffa . Pour la période islamique, il utilise des sources musulmanes.
Le texte d’Eutychius lui-même est connu comme “la recension alexandrine” ; le manuscrit autographe, amputé au début et à la fin, est conservé au Monastère Sainte-Catherine du Sinaï [3]. Il existe aussi une “recension antiochienne” qui est une version du texte considérablement augmentée par d’autres chroniqueurs de l’Église melkite [4] entre le 11ème et le 14ème siècle. Yahyā d’Antioche , notamment, prolongea le récit jusqu’en 1034.
On conserve également d’Eutychius un traité de médecine inédit, “le Konnāš fi’l-ṯebb”. Un ouvrage d’apologétique chrétienne, “al-Jadal bayn al-moḵālef wa’l naṣrānī”, mentionné dans les Annales, semble perdu. Un autre texte du même genre, le “Kitāb al-burhān” [5], a été faussement attribué à Eutychius.