Né à Turin, fils de Charles-Emmanuel II , duc de Savoie et prince de Piémont, et de Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie , duchesse de Genève [1] et d’Aumale.
Il succède à son père à l’âge de neuf ans sous la régence de sa mère. Sur de vives pressions du roi de France Louis XIV qui les exigeait sous menace de guerre à ses États, le règne de Victor Amédée II commence avec les persécutions contre les Vaudois [2] venus de France s’établir en Piémont.
Il épouse en premières noces à Chambéry, le 6 mai 1684, Anne-Marie d’Orléans fille de Philippe de France, duc d’Orléans et d’ Henriette d’Angleterre .
Bien que marié à une nièce de Louis XIV, Victor Amédée prend part à la Ligue d’Augsbourg contre la France, qui envahit ses États. Battu à la bataille de Staffarda [3] en 1690, il envahit le Dauphiné en 1692, mais à nouveau battu à la Marsaille [4] en 1693, il doit signer avec Louis XIV une paix séparée en 1696.
Allié de la France au début de la guerre de Succession d’Espagne, il se joint à l’Autriche en 1703 à la demande de l’Empereur, mais la plupart de ses États sont occupés par le duc de Vendôme .
En 1706, aidé par son cousin Eugène de Savoie, il détruit l’armée française qui avait mis le siège devant Turin, il libère le Piémont. Il envahit le Dauphiné et la Provence, mais cette invasion restera sans lendemain.
En juillet 1707, il attaque Toulon, bloqué par les Anglais. La flotte française se saborde mais, le 23 août, Les troupes de Victor Amédée II lèvent leur siège. Une nouvelle défaite fait perdre la Savoie à Victor Amédée.
Momentanément brouillé avec l’Autriche en 1709 à qui il reproche de ne pas l’avoir soutenu contre les Français, il garde sa neutralité jusqu’aux traités d’Utrecht [5] en 1713 où il finit par faire libérer son duché de Savoie momentanément occupé par l’armée française, recevant de surcroît une partie du Milanais et le royaume de Sicile, ainsi que la titulature royale. Cette île étant trop éloignée pour qu’il puisse la défendre, il doit l’échanger en 1720 avec l’empereur Charles VI contre le royaume de Sardaigne.
Sous son règne, la Sardaigne connaîtra un gouvernement de type absolu, comme ce fut le cas pour beaucoup de pays d’Europe à cette époque. Victor Amédée adopte un moment les théories gallicanes développées dans la Déclaration des Quatre articles rédigée par Bossuet en 1682, selon lesquelles le pape n’a qu’une autorité spirituelle et ne peut ni juger les rois, ni les déposer. Cette Déclaration est enseignée dans les séminaires des États de Savoie jusqu’à leur condamnation par la papauté.
Il abdique en faveur de son fils le 3 septembre 1730, se retire au château de Chambéry [6], puis tente de reprendre la couronne. Son fils Charles-Emmanuel III , qu’il rencontre à Rivoli en 1731, l’assigne à résidence au château de Moncalieri [7], où il meurt en 1732.
Victor Amédée II a laissé une empreinte importante dans l’architecture de Turin. En 1714, il recrute l’architecte Filippo Juvarra , à qui l’on doit notamment la construction de la basilique de Superga [8] achevée en 1731 et celle du pavillon de chasse de Stupinigi [9], ainsi que la façade du palais Madame [10].