Il est principalement connu pour ses démêlés avec Jean Chrysostome.
Pour quelque raison inconnue, il délaissa vers 400 son évêché de Gabala [1] pour se rendre avec, dit-on, dans ses bagages de nombreuses homélies prêtes à être prononcées à Constantinople, capitale de l’empire.
Bien accueilli par l’archevêque Jean dont il su gagner la confiance, il pu prêcher à la Grande Église [2] devant la famille impériale. Son accent très provincial nuisait à son éloquence, mais sa connaissance des Écritures compensait cet handicap. Il fut un orateur apprécié du peuple et de l’empereur.
Au moment de régler la succession de l’évêque Antonin d’Éphèse accusé de simonie [3], Jean dû quitter Constantinople, il partit confiant, laissant toute liberté à Sévérien de prêcher, lui confiant son église.
Mais un incident fit basculer cette situation à l’équilibre de plus en plus précaire, Sérapion, diacre [4] de la Grande Église, omit de se lever en signe de respect au passage de l’évêque Sévérien. Ce dernier s’en émut excessivement au point de prétendre excommunier Sérapion en s’écriant : Si Sérapion finit ses jours en tant que chrétien, c’est que le Christ n’est pas incarné !. L’affaire est portée devant Jean qui chasse cet hôte qui se montre par trop importun. La nouvelle fait le tour de la ville, et déjà l’on chansonne l’évêque trop mondain qui se voyait déjà archevêque.
Il faudra toute l’insistance personnelle de l’impératrice Eudoxie pour que, dans une homélie à la rhétorique prudente, Jean invite ses paroissiens au nom de la paix à recevoir à nouveau Sévérien. De fait, cependant, la rupture est consommée. Et Lorsque Théophile d’Alexandrie s’en prend à Jean pour le faire déposer au Synode du Chêne [5] en 403, on voit Sévérien siéger parmi les juges accusateurs.
Il est encore présent comme accusateur au second Synode qui se tint à Constantinople, pour réhabiliter Chrysostome et qui aboutit à son exil définitif. Sévérien mourut en 408, ou peu après.
Son attitude lui valut une réputation d’habile intrigant, de rancunier, de prédicateur de talent mais sans âme et de courtisan des puissants. Jugement dur, mais pas totalement infondé, et son nom, couvert d’opprobre après la réhabilitation posthume de Jean Chrysostome, posa problème aux copistes qui mirent plusieurs de ses homélies sous le nom de Chrysostome. C’est donc celui qu’il avait contribué à faire exiler qui préserva les textes de Sévérien.