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Les bâtards des rois de France au 16ème siècle

dimanche 17 février 2013

Les bâtards des rois de France au 16ème siècle

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Le Jardin de Catherine de Médicis à Chenonceau

Sous l’Ancien Régime, le sort des bâtards nés dans le peuple n’était guère enviable mais il s’améliorait à mesure que s’élevait la classe sociale de leurs pères. En effet, en bien des châteaux, les enfants naturels étaient élevés avec les légitimes. Dans l’immense lignée de Capétiens, le bâtard, s’il était reconnu, bénéficiait partiellement du prestige et même du caractère sacré, quasi magique "Sang de France". Il était d’ailleurs soumis à la hiérarchie dynastique. C’est ainsi qu’il y eut entre autres un "Grand" Bâtard de Bourgogne, un "Grand"Bâtard de Bourbon. Ce titre dû à l’aînesse ne donnait naturellement aucun droit à la succession royale ou ducale. Mais le plus illustre des bâtards fut celui que la postérité devait connaître sous le nom duc comte de Dunois bien qu’il ait reçu ce titre seulement à 36 ans.

De sa chère Agnès Sorel, le roi Charles VII eut trois filles. L’une d’entre elles, Charlotte de France, épousa le comte de Brézé, qui la tua après l’avoir surprise en flagrant délit d’adultère, d’où un scandale retentissant.

Le fils aîné de Charlotte, Louis de Brézé, épousa Diane de Poitiers, de 40 ans sa cadette. Par une des filles de ce couple étrange, la duchesse d’Aumale marié à un Guise, Charlotte devait être l’ancêtre direct de Louis XV et des derniers Bourbon régnants.

Ensuite, pendant une longue période, il n’y eut aucun bâtard royal reconnu, même issu de François 1er malgré ses nombreuses amours. Tout changea avec Henri II. Lorsque ce dernier avait seulement 14 ans et s’appelait le duc d’Orléans, il fut marié à une petite italienne du même âge, Catherine de Médicis. Cette union resta stérile pendant plusieurs années, grave sujet d’inquiétude car entre temps, le jeune prince était devenu l’héritier du trône. On se demandait lequel des deux époux ne pouvait avoir d’enfant.

Henri dissipa les doutes. Pendant la campagne en Italie, il violenta une jeune Piémontaise de grande beauté, Filippa Duc.

Une fille naquit qu’on se hâta d’enlever tandis que sa mère se perdait au fond d’un couvent. On la baptisa Diane et, lorsque la chose devint publique, on se demanda longuement s’il ne s’agissait pas d’une fille de Diane de Poitiers, déjà toute puissante sur le cœur et l’esprit d’Henri. Bien différent fut son demi-frère, le Bâtard d’Angoulême qu’Henri II avait eu en 1550 d’une belle Ecossaise, Lady Flemming, à la grande fureur de Diane de Poitiers. C’était un tueur qui participa férocement aux guerres de Religion et compta parmi les assassins de Coligny. De Nicole de Savigny, Henri II eut encore un fils qu’il titra Baron de Valois Saint-Rémy et qui fut sans histoire.

En 1573, la reine Elisabeth d’Autriche, épouse de Charles IX, et Marie Touchet, sa maîtresse, eurent chacune un enfant : la reine une fille, la favorite un fils. "Tant mieux pour le royaume !" dit Charles IX. Il avait raison. Ce Charles de Valois fut un seigneur redoutable. Avare, il ne voulait pas payer ses domestiques et les envoyait détrousser les passant sur le pont-Neuf. Sa tante, Marguerite, femme d’Henri IV, se prit de querelle avec lui et la chose faillit se terminer fort mal car Charles tenta de la faire enlever, voire de l’assassiner. Plus tard, il conspira contre Henri IV devenu le maître du royaume. Son dessein ayant échoué, ce fut encore la Reine Margot, maintenant divorcée du Vert Galant et réconciliée avec lui, qui permit de faire capturer le coupable et Charles sauva sa tête de justesse.

Sous Louis XIII, il fut titré duc d’Angoulême. Il accomplit une importante ambassade en Allemagne pendant la guerre de Trente Ans et reçut le commandement de l’armée qui assiégea La Rochelle. Sa postérité s’éteignit pendant le règne de Louis XIV.

On ne sait combien d’enfants naquirent de toutes les conquêtes faites par le Vert Galant pendant sa tumultueuse jeunesse. En 1592, tandis qu’il luttait pour conquérir son royaume, il souffrit d’un mal vénérien à la suite duquel le médecin d’Aliboust lui annonça qu’il ne pourrait plus procréer. C’était une catastrophe nationale, d’autant que le fils posthume de son cousin, le prince de Condé, qui aurait dû être son héritier, avait la solide réputation d’être un bâtard. Aussi quelle joie, à l’automne 1593, quand Gabrielle d’Estrées, maîtresse en titre du Vert Galant, se retrouva enceinte !

Le médecin persista imprudemment dans son diagnostique. Il mourut peu après, empoissonné, dit-on par un des familiers de la favorite. Celle-ci avait un amant de cœur, le beau Belle-Garde, et l’opinion presque unanime lui attribua la paternité de l’enfant. Le roi qui devait avoir ses raisons n’en fut pas moins persuadé du contraire.

Il le considéra immédiatement comme son fils et qu’il nomma César à l’issu d’un baptême princier. Or un mariage blanc unissait Gabrielle au sieur de Liancourt dont César aurait dû porter le nom. Qu’à cela ne tînt ! En janvier 1595, l’official d’Amiens prononça la nullité de ce lien. Henri qui s’était entre temps rendu maître de Paris arracha au Parlement la légitimation de César, métamorphosé du coup en Bourbon. Peu après, Gabrielle lui donna une fille, Catherine Henriette, à laquelle la sœur humiliée du monarque fut contrainte de servir de marraine.

En 1598, Henri IV n’avait plus qu’un ennemi en France, le puissant et très riche duc de Mercoeur, maître de la Bretagne. Son ralliement fut scellé par le mariage de sa fille héritière avec César âgé de cinq ans auquel le roi offrit en présent de noces le duché de Vendôme.

A la veille de l’édit de Nantes, Gabrielle donna encore le jour à un garçon et Henri, transporté le prénomma Alexandre et lui confia dès le berceau le gouvernement de Lyon. Seule, la mort brutale de Gabrielle empêcha que la Belle devînt reine et que ses fils fussent aptes à régner, ce qui aurait pu provoquer une nouvelle guerre civile. Les Vendôme ne s’en consolèrent jamais et furent sous Louis XIII d’éternels conspirateurs. Le roi les haïssait. Alexandre, dit le Grand Prieur, mourut en prison.

Son frère, le duc de Beaufort, surnommé le roi des Halles, fut un des principaux chefs de la Fronde et manqua d’assassiner Mazarin. Ayant fait sa soumission, il mourut en combattant les Turcs devant Candie. Les plus glorieux des Vendôme fut le maréchal de ce nom que Louis XIV combla de faveurs et qui fut un grand capitaine. C’est lui qui maintint Philippe V sur le trône d’Espagne. Saint Simon, ennemi juré des bâtards, a tracé un portait hallucinant de ses vices, de sa saleté et de sa maladie vénérienne.

Il faut maintenant revenir à Henri IV. Pendant qu’il négociait son second mariage avec Marie de Médicis, il tomba dans les filets d’une adolescente perverse, Henriette d’Entragues, fille de l’ancienne maîtresse de Charles IX, qui l’ensorcela au point qu’il lui promit par écrit de l’épouser si elle lui donnait un fils. Un orage sauva la France de nouveaux troubles car la foudre fit accoucher la favorite d’un enfant mort. Lorsque le second, Henri Gaston de Bourbon naquit en 1604, Marie de Médicis avait déjà donné un dauphin au royaume. Henri Gaston reçut l’évêché de Metz à 6 ans, mais il n’embrassa pas l’état ecclésiastique et devint marquis de Verneuil.

Henriette ne se priva pas de clamer qu’il était l’héritier légitime de la couronne. Elle rassembla les mécontents, parmi lesquels notre Charles de Valois, et ourdit un complot. Henri IV devait être assassiné et le petit bâtard intronisé. Tout fut heureusement découvert à temps. Henriette, pardonné, n’en continua pas moins de tourmenter le roi jusqu’à sa mort.

Elle fut accusée d’avoir eu sa part de responsabilité dans le crime de Ravaillac, mais la reine, sa rivale étouffa l’affaire. Autre bâtard d’Henri IV, le comte de Moret, fils de Jacqueline de Bueil, eut une destinée bien différente. Il conspira beaucoup contre Richelieu et mourut à la bataille de Castelnaudary qui coûta la liberté au duc de Montmorency. Le Vert Galant eut encore 2 filles de Charlotte des Essarts. Quoique légitimées, elles entrèrent en religion et n’eurent pas d’histoire.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire du 16ème siècle/ Le 16ème siècle en France (archives Ljallamion, petit mourre, encyclopédie imago mundi, l’histoire, ect....)