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Philippe Schwarzerd dit Melanchthon

mercredi 6 février 2013

Philippe Schwarzerd dit Melanchthon (1497-1560)

Réformateur allemand

Philippe Mélanchthon en 1543 par Lucas Cranach l'Ancien

Né à Bretten en Allemagne près de Karlsruhe, son père, Georg Schwarzerd, était armurier au service du comte palatin. En 1507, on l’envoya à l’école latine de Pforzheim, dont le recteur, Georg Simler de Wimpfen, l’introduisit à l’étude des poètes latins, grecs et de la philosophie d’Aristote. Mais il fut surtout influencé par son grand-oncle, Johannes Reuchlin, le grand représentant de l’humanisme, qui lui conseilla de changer son nom de famille, Schwarzerd, en Melanchthon, l’équivalent grec. Avant même d’avoir 13 ans, il entra en 1509 à l’Université de Heidelberg où il étudia la philosophie, la rhétorique et l’astronomie mêlée alors à l’astrologie, et acquit la réputation d’un bon érudit en grec. S’étant vu refuser la maîtrise en 1512 à cause de son jeune âge, il alla à Tübingen, où il poursuivit des études humanistes et philosophiques, mais se consacra aussi à l’étude du droit, des mathématiques, de l’astronomie, de l’astrologie et même de la médecine. Quand il eut obtenu le grade de magister en 1516, il commença à étudier la théologie. Sous l’influence d’hommes comme Reuchlin et Érasme, il se convainquit que le véritable christianisme était tout à fait différent de la théologie scolastique telle qu’elle était enseignée à l’Université. Il devint maître d’études et fut chargé d’enseigner aux étudiants plus jeunes. Il fit aussi des cours sur l’art oratoire, sur Virgile et Tite-Live. Ses premières publications furent une édition de Térence en 1516 et une grammaire grecque en 1518, mais il avait écrit auparavant une préface aux “Epistolae clarorum virorum” de Reuchlin en 1514. Comme il sentait une vive opposition du parti scolastique aux réformes qu’il voulait introduire à l’Université de Tübingen, il accepta volontiers un poste de professeur de grec à Wittenberg, où il suscita une grande admiration par son “De corrigendis adolescentiae studiis inaugural”. Il était tenu en haute estime par Luther, dont l’influence le conduisit à l’étude des Écritures. Il assista comme spectateur à la disputation de Leipzig en 1519, mais influença suffisamment la discussion par ses commentaires et ses suggestions pour donner à Jean Eck un prétexte pour l’attaquer. Dans sa “Defensio” il contra Johannem Eckium à Wittenberg en 1519. Il avait déjà clairement développé les principes de l’autorité des Écritures et de la nécessité de leur interprétation. Bientôt, il fut lié encore plus fortement à Wittenberg par son mariage avec Katharina Krapp, la fille du maire, mariage contracté sur les instances pressantes de ses amis, et surtout de Luther le 25 novembre 1520. Au début de 1521 dans son Didymi Faventini versus Thomam Placentinum pro M. Luthero oratio, il défendit Luther en prouvant que ce dernier ne rejetait que les pratiques papales et ecclésiastiques qui contredisaient les Écritures, mais non la vraie philosophie ni le vrai christianisme. Il rédigea le premier exposé synthétique de la doctrine de la Réforme, les “loci communes rerum théologicarum” en 1521, qui devait faire pénétrer partout les idées de Luther. Néanmoins, il continuait son cours de lettres classiques et, après le retour de Luther, il aurait renoncé entièrement à son travail théologique si Luther n’avait pas insisté. Au cours d’un voyage à sa ville natale, en 1524, il fut amené à traiter avec le légat du pape Campeggio qui essaya de l’arracher à la cause de Luther, mais sans succès. Dans son “Unterricht der Visitatoren an die Pfarrherren für das Kurfürstentum Sachsen” en 1528, Melanchthon présenta clairement la doctrine évangélique du salut en jetant les bases de la réforme de la doctrine aussi bien que des règlements des églises et des écoles, mais sans faire la moindre attaque directe contre les erreurs de l’Église romaine. En 1529, il accompagna le prince électeur à la Diète de Spire pour représenter la cause évangélique. Au colloque Marburg en 1529, il s’opposa vivement à Zwingli sur la doctrine de l’Eucharistie. L’année suivante, à la diète d’Augsbourg, il fut le porte parole du parti de la réconciliation, mais ses efforts se heurtèrent aussi bien à l’intransigeance des catholiques qu’à la méfiance de ses coreligionnaires. Ses espoirs d’amener le parti impérial à une reconnaissance pacifique de la Réforme ne se réalisèrent pas. Il se repentit plus tard de la sympathie qu’il avait manifestée envers les Suisses à la Diète, il appela la doctrine de Zwingli sur la Cène “un dogme impie” et il confirma Luther dans son attitude de refus. Bien que fondée sur les articles de Luther, ceux de Schwabach et de Marbourg, la confession d’Augsbourg, qui fut présentée devant la Diète d’Augsbourg en 1530, était surtout l’œuvre de Melanchthon. Il est vrai que Luther n’a pas caché le fait que l’attitude irénique de cette confession n’était pas ce qu’il avait souhaité, mais ni lui ni Melanchthon n’étaient conscients de la moindre différence dans la doctrine ; aussi la profession de foi protestante la plus importante est-elle un monument de l’harmonie entre les deux Réformateurs sur les enseignements de l’Évangile. Certains diraient qu’à la Diète, Melanchthon n’a pas montré cette attitude digne et ferme que la foi en la vérité et la justice de sa cause auraient pu lui inspirer, peut-être parce qu’il n’avait pas cherché à jouer le rôle d’un chef politique, de même qu’il a peut-être manqué de la connaissance nécessaire de la nature humaine, aussi bien que d’énergie et de décision. L’Apologie de la Confession d’Augsbourg, également l’œuvre de Melanchthon, était aussi une exposition claire des doctrines contestées, tirées immédiatement de l’expérience et des Écritures. Il prit une part importante aux discussions sur la Cène qui commencèrent en 1531. Il approuva totalement la Concorde de Wittenberg, envoyée par Bucer à Wittenberg et, à l’instigation du Landgrave de Hesse discuta de la question avec Bucer à Cassel, à la fin de 1534. Maintenant dans une tranquillité relative, Melanchthon pouvait se consacrer à ses travaux universitaires et littéraires. Le travail théologique le plus important de cette période furent les “Commentarii in Epistolam Pauli ad Romanos” en 1532, un ouvrage remarquable en ce que pour la première fois, il établissait la doctrine que l’expression “être justifié” signifiait “être regardé comme juste”, alors que l’Apologie plaçait toujours côte à côte les deux significations “être rendu juste” et “être regardé comme juste”. La réputation croissante de Melanchthon fut l’occasion pour lui de recevoir plusieurs appels honorables à Tübingen en septembre 1534, en France et en Angleterre, mais son respect pour le prince électeur l’incita à les refuser. Après la mort de Zwingli et le changement de la situation politique, ses premiers scrupules concernant une union perdaient leur poids. il discuta les vues de Bucer avec les partisans de Luther les plus importants, mais Luther lui-même ne voulut pas accepter qu’on voilât simplement le différend. Les relations entre Melanchthon et Luther ne furent pas troublées par son office de médiateur, bien que Luther eût un moment pensé que Melanchthon était “presque de l’opinion de Zwingli”. Dans la deuxième édition de ses Loci en 1535 il abandonna sur le déterminisme la stricte doctrine qu’il avait d’abord défendue et qui allait même au-delà de celle d’Augustin, et à la place enseigna plus clairement ce qu’il appelait le synergisme. Au cours de son séjour à Tübingen en 1536 il fut sévèrement pris à partie par Cordatus, prédicateur à Niemeck, parce qu’il avait enseigné que les œuvres sont nécessaires pour le salut. Il réfuta les attaques de Cordatus dans une lettre à Luther et à ses autres collègues, en déclarant qu’il n’avait jamais abandonné leurs enseignements communs sur ce sujet, et dans la controverse de 1537 sur l’antinomisme il fut en harmonie avec Luther. Les relations personnelles entre les deux grands Réformateurs durent résister à bien des épreuves pendant ces années-là, du fait qu’Amsdorf et quelques autres essayaient de monter Luther contre Melanchthon, si bien que son séjour à Wittenberg sembla par moments presque insupportable à Melanchthon. Vers cette époque eut lieu l’épisode bien connu du deuxième mariage de Philippe de Hesse. Melanchthon, qui, tout comme Luther, considérait cette affaire comme un cas exceptionnel, assista au mariage, mais conseilla à Philippe de garder la chose secrète. En octobre 1540, Melanchthon prit une part importante au colloque religieux de Vers, où il défendit de façon claire et ferme les doctrines de la Confession d’Augsbourg. Il faut noter que Melanchthon utilisa comme base de discussion une édition de la Confession d’Augsbourg qui avait été révisée par lui en 1540 et fut appelée par la suite Variata. Bien qu’Eck eût montré le changement assez substantiel de l’Article X concernant la Cène, les protestants n’en furent pas offensés. Le colloque n’échoua pas, comme certains l’affirment, en raison de l’obstination et de l’irascibilité de Melanchthon, mais à cause de l’impossibilité de faire aux catholiques davantage de concessions. Le colloque de Ratisbonne en mai 1541 fut aussi infructueux, par suite de l’adhésion ferme de Melanchthon aux articles sur l’Église, les sacrements et la confession auriculaire. Ses vues concernant la Cène, développées en union avec Bucer à l’occasion d’un projet de réformation pour l’Électorat de Cologne en 1543, lui valurent une critique sévère de la part de Luther. Depuis sa chaire, Luther laissa libre cours à son déplaisir, et Melanchthon s’attendait à être chassé de Wittenberg. Seuls les efforts du Chancelier Bruck et de l’électeur réussirent à tempérer sa colère, mais à partir de ce moment, Melanchthon dut souffrir de la mauvaise humeur de Luther, alors qu’il était affligé par divers problèmes domestiques. La mort de Luther, le 18 février 1546, l’affecta de la façon la plus pénible, non seulement à cause de ce qu’ils avaient vécu en commun pendant leurs vies et dans leurs luttes, mais aussi parce qu’il la considérait comme une grande perte pour l’Église protestante. La dernière partie de sa vie fut remplie de difficultés et de souffrances ; cela commença avec les controverses sur les Intérims et les adiaphora en 1547. Au vrai, Melanchthon avait rejeté l’Intérim d’Augsbourg, que l’empereur avait essayé d’imposer aux protestants vaincus ; mais au cours des négociations concernant ce qu’on appelle l’Intérim de Leipzig il fit des concessions que sur bien des points il est difficile de justifier, même si l’on tient compte de sa position difficile, opposé qu’il était à l’électeur et à l’empereur. En acceptant certains usages romains, Melanchthon partait de l’opinion qu’il s’agissait d’adiaphora si rien n’était changé dans la pureté de la doctrine et des sacrements institués par Jésus, mais il ne voyait pas que les concessions faites dans de telles circonstances devaient être regardées comme un reniement des convictions évangéliques. Melanchthon lui-même prit conscience de ses fautes avec le temps et les regretta, ayant dû peut-être souffrir plus qu’il n’était juste du mécontentement de ses amis et de la haine de ses ennemis. Désormais jusqu’à sa mort il fut pénétré de trouble et de souffrance. Après la mort de Luther il devint le “chef théologique de la Réformation allemande”, chef contesté cependant : les Luthériens avec Matthias Flacius à leur tête, l’accusaient d’hérésie et d’apostasie, lui et ses disciples. Melanchthon supporta toutes les accusations et toutes les calomnies avec une patience, une dignité et une maîtrise de lui-même admirables.