Spartacus

Ancien Berger devenu soldat dans un corps auxiliaire romain, il déserta, fut repris, réduit en esclavage et vendu comme gladiateur [1] à un entraîneur de Capoue, Lentulus. En 73 av jc, il s’évada avec 70 compagnons, appela aux armes les esclaves et se retrancha avec une nombreuse troupe sur les pentes du Vésuve [2]. Il battit plusieurs armées romaines mais se rendit compte qu’il ne pourrai se maintenir indéfiniment en Italie et tenta de se diriger vers les alpes pour passer en Gaule ou en Germanie [3]. Entraînant à sa suite plus de 70 000 anciens esclaves mais aussi des petits paysans et des bergers, il réussit à arriver en Gaule Cisalpine [4], mais ses hommes, refusèrent d’aller plus loin, préférant continuer à pilier l’Italie.
Rome ne le reconnaît pas en tant que menace et le sous-estime grandement. Les romains n’envoient que 2 légions pour stopper sa rébellion. Les autres légions étant accaparées par la révolte de Sertorius en Hispanie [5] et le conflit contre Mithridate VI en Orient.
Tandis que le gladiateur Crixus est battu et tué lors d’un 1er engagement, Spartacus décide de remonter vers le nord et vainc les unes après les autres les légions engagées contre lui, dont l’une était dirigée par le consul Lucius Gellius Publicola. 300 soldats romains faits prisonniers sont contraints de s’entretuer dans un combat de gladiateurs pour venger la mort de Crixus.
Il se dirige ensuite vers Rome, vainc de nouveau les consuls, mais renonce à marcher sur Rome et se replie dans le sud de l’Italie.
A Rome le sénat romain confère à Crassus, le commandement d’une armée avec 6 nouvelles légions. Crassus engage les opérations en octobre, et il les finances sur ses deniers. Il ne cherche pas à engager le combat avec l’armée de Spartacus, dont il se contente de contrecarrer les raids qu’il lance pour se ravitailler. Son légat, désobéissant à ses ordres, attaque une partie des troupes de Spartacus, avec 2 légions, mais subit un désastre. Pour faire un exemple et impressionner les esprits, Crassus n’hésita pas à remettre en usage un châtiment qui n’était plus pratiqué, celui de la décimation.
Refoulé dans le Brutium [6] et cerné aux environ de Rhegium [7], Spartacus tenta vainement de passer en Sicile [8] et, après avoir obtenu encore quelques succès, il voulut gagner Brindes [9] pour franchir l’Adriatique [10], mais fut écrasé et tué par Crassus près du Silare [11]. Pompée qui acheva de nettoyer l’Italie des derniers groupes d’esclaves révoltés, s’attribua tout le mérite de la victoire.
Notes
[1] Les gladiateurs (du latin gladiatores, de gladius, glaive, signifiant « combattants à l’épée », ou « épéistes ») sont des combattants qui s’affrontent généralement par paires bien définies, chacun des deux adversaires appartenant à une catégorie appelée armatura, dotée d’armes, d’une panoplie et de techniques de combat spécifiques. Il s’agit de combats d’hommes athlétiques, plus rarement de femmes (les gladiatrices) et exceptionnellement de nains ou d’enfants.
[2] L’éruption du Vésuve en 79 est la plus célèbre des éruptions du Vésuve, un volcan de Campanie (Italie). Les historiens en ont aujourd’hui connaissance grâce au récit d’un témoin oculaire, Pline le Jeune, administrateur romain. Elle se produisit probablement en octobre et non en août comme le pensa longtemps la tradition historiographique. Très destructrice, l’éruption ensevelit sous les éjectas volcaniques un certain nombre de localités de la Campanie antique situées autour du volcan dans la baie de Naples, parmi lesquelles Pompéi et Herculanum. En outre, elle occasionna la mort de Pline l’Ancien, auteur de l’Histoire naturelle, témoin du début de l’éruption. Cette éruption avait été précédée par un tremblement de terre en 62, séisme considéré comme banal, car les Romains tenaient le Vésuve pour un volcan éteint, sa dernière éruption datant probablement de 217 av. jc.
[3] La Germanie est le nom donné, dans l’Antiquité, à la région d’Europe centrale séparée du monde romain par le Rhin et le Danube et s’étendant approximativement, à l’est, jusqu’à la Vistule. Le territoire de la Germanie était peuplée par les Celtes avant que divers peuples germaniques ne s’y installent au cours du 1er millénaire av. jc. La Germanie antique ne correspond pas à l’Allemagne actuelle, même si certains territoires importants des unes et des autres peuvent se superposer. Le nom de Germanie est utilisé par les Romains, avec différents qualificatifs, incluant des territoires qui ne sont pas aujourd’hui allemands d’une part, et des contrées actuellement allemandes sans aucune équivoque possible, qui n’étaient pas d’un point de vue administratif en Germanie romaine, d’autre part. Les anciens, depuis le 2ème siècle av. jc jusqu’à l’arrivée massive des peuples slaves au vie siècle, nommaient Germanie l’espace limité au nord par la mer Baltique et la mer du Nord, au sud par les Beskides occidentales et le nord des Alpes, à l’est par la Vistule et à l’ouest par le Rhin.
[4] La Gaule cisalpine est la partie de la Gaule qui couvrait l’Italie du Nord. Elle était ainsi nommée par les Romains en raison de sa position en-deçà des Alpes (par opposition à la Gaule transalpine, s’étendant au-delà).
[5] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.
[6] Bruttium ou Brutium, ancien nom de la Calabre
[7] Rhêgion ou Rhegium est une colonie grecque d’Italie fondée vers 723 av. jc par des Zancléens secondés des Chalcidiens menés par Antimnestos, peut-être accompagnés de Messéniens du Péloponnèse sous la conduite d’Alcidamidas. C’est aujourd’hui Reggio de Calabre. Cette fondation jouit d’une position stratégique face au détroit de Messine et complète ainsi Zancle fondée quelques années auparavant. Elle est soumise par Denys l’Ancien, tyran de Syracuse de 388 à 351 av. jc, puis par les Romains en 270 av. jc.
[8] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.
[9] Brindisi
[10] La mer Adriatique est une mer séparant la péninsule italienne de la péninsule balkanique. L’Adriatique s’étend sur 138 595 km2 de l’embouchure du Pô, de la lagune de Venise et du golfe de Trieste jusqu’au canal d’Otrante qu’elle inclut et où elle rejoint la mer Ionienne. Si l’on exclut le bassin pontique, l’Adriatique est le bras de la Méditerranée situé le plus au nord.
[11] Le Sélé est un fleuve de de la région Campanie en Italie. Il prend sa source au mont Paflagone, à une altitude de 420 m, près de la commune de Caposelle dans la province d’Avellino. Cette rivière est le lieu de la bataille de Silarus où Hannibal remporte une victoire importante sur les Romains, et c’est aussi le lieu de la bataille dans laquelle Spartacus se révolte contre les Romains et y trouve la mort.