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Gaspard de Châtillon dit Gaspard de Coligny

lundi 6 octobre 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 18 novembre 2012).

Gaspard de Châtillon dit Gaspard de Coligny (1519-1572)

Seigneur de Coligny et Amiral de France

Gaspard de Châtillon dit Gaspard de Coligny Seigneur de Coligny et Amiral de France

C’est vers 1540 qu’arrive à la cour ce fils de maréchal de France [1] et il devient l’ami de François de Guise. S’il participe en 1544 à la bataille de Cérisoles [2], ce n’est qu’après la mort de François 1er qu’il obtient, grâce à son oncle, Anne de Montmorency, les plus hautes charges militaires. En 1552, il est amiral de France [3]. Fait prisonnier en 1557 à Saint-Quentin [4], il se convertit à la réforme après sa libération, l’année suivante. A la mort d’Henri II, il se retire sur ses terres. A la fin du mois d’août 1560, il répond à l’appel du roi François II qui réunit à Fontainebleau [5] l’Assemblée des notables. Il plaide pour la liberté de culte. Après la mort de François II, il soutient les démarches d’apaisement de Catherine de Médicis et de son chancelier Michel de L’Hospital, mais le massacre de Wassy [6] l’amène à reprendre les armes. Les Guises l’accusent d’être à l’origine de l’assassinat, le 18 février 1563, de François de Guise. La haine qu’ils lui portent est inextinguible.

Après la mort deCondé, Coligny devint le chef de l’armée huguenote. Ce n’est qu’après avoir rejoint la cour en septembre 1571 que, entré au Conseil, il exerce son influence sur le roi Charles IX. Pour réconcilier catholiques et protestants, il incite le roi à entrer en guerre contre l’Espagne. Catherine de Médicis n’admet pas plus cette politique qu’elle ne tolère la main mise du huguenot sur son fils. Elle laisse à Henri de Guise la bride sur le cou, lorsque celui-ci se propose de faire assassiner l’amiral. Le 22 août 1572, il n’est que blessé mais l’attentat précipite les choses. Il est l’une des premières victimes de la nuit de la Saint-Barthélemy [7].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Nicolas Breton, « Une mauvaise lecture politique et religieuse : Gaspard de Coligny et le colloque de Poissy », Parlement(s) : revue d’histoire politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, vol. 30, no 3,‎ 2019, p. 155-170 (DOI 10.3917/parl2.030.0155).

Notes

[1] Depuis la création du titre, en 1185, il y a eu 342 maréchaux de France. L’office de maréchal n’est devenu militaire que depuis le début du 13ème siècle. À son origine, le maréchal de France n’a qu’un rôle d’intendance sur les chevaux du roi. Son office devient militaire au début du 13ème siècle, tout en étant subordonné au connétable. Le premier à porter le titre de maréchal du roi de France avec une fonction militaire était Albéric Clément, seigneur de Mez, désigné par Philippe Auguste, en 1185. Après l’abolition de l’office de connétable par Richelieu en 1624, les maréchaux deviennent les chefs suprêmes de l’armée. Parfois le roi crée une charge de maréchal général des camps et armées du roi, qu’il confie au plus prestigieux de ses maréchaux. Outre leurs fonctions militaires, les maréchaux ont aussi la responsabilité du maintien de l’ordre dans les campagnes, par l’intermédiaire des prévôts des maréchaux, d’où l’appellation de « maréchaussée » donnée à l’ancêtre de la gendarmerie. Jusqu’en 1793, date de l’abolition de cette charge, il y eut 263 maréchaux de France.

[2] La bataille de Cérisoles a lieu le 11 avril 1544 lors de la neuvième guerre d’Italie près du village piémontais de Cérisoles (actuelle ville de Ceresole Alba). Elle oppose les Français, parmi lesquels le jeune Gaspard II de Coligny, commandés par François de Bourbon, comte d’Enghien, aux troupes de Charles Quint commandées par Alfonso de Ávalos, marquis del Vasto.

[3] La dignité d’amiral de France a été créée en 1270 par Louis IX, au cours de la 8ème croisade. Sous l’Ancien Régime, l’amiral de France est titulaire d’un grand office de la couronne de France équivalent à celui du connétable de France. Chef en titre de la flotte royale, il n’a en réalité qu’un pouvoir limité. L’amiral de France a la charge des côtes de Picardie, de Normandie, d’Aunis et de Saintonge. Sa charge va s’étendre au début du 17ème siècle, à la Guyenne puis à la Provence. En temps de guerre, il est chargé de rassembler les navires marchands français pour constituer la flotte. Il doit armer, équiper et ravitailler les navires pour la course, donner les lettres de marque aux corsaires (la course est alors la forme principale de guerre maritime). En temps de paix, il s’occupe de l’entretien de la flotte royale, quand elle existe, mais surtout du commerce maritime et de la flotte marchande.

[4] La bataille de Saint-Quentin (10 août 1557) est une victoire espagnole sur la France. Par cette victoire d’Emmanuel-Philibert de Savoie, lieutenant général du roi Philippe II d’Espagne, sur les troupes du roi de France, Henri II, aux ordres du connétable de Montmorency, qui y est capturé, Saint-Quentin passe aux Espagnols. La route de Paris est ouverte. Mais l’armée de Philippe II, pourtant forte de 60 000 hommes, ne marchera finalement pas sur la capitale des rois de France. La résistance des Saint-Quentinois conduits par Gaspard de Coligny, parvenu dans la ville dans la nuit du 2 au 3 août 1557 avec 500 hommes armés, fut héroïque et dura 17 jours, mais le massacre qui eut lieu sous ses murs laissa sa trace dans l’histoire.

[5] Le château royal de Fontainebleau est un château de styles principalement Renaissance et classique, jouxtant le centre-ville de Fontainebleau (Seine-et-Marne), à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Paris. Haut lieu de l’histoire de France, le château de Fontainebleau a été l’une des demeures des souverains français depuis François 1er (qui en fit sa demeure favorite) jusqu’à Napoléon III.

[6] Le massacre de Vassy est un événement survenu le 1er mars 1562 à Vassy (bourg de la principauté de Joinville dont le seigneur est le duc de Guise) au cours duquel une cinquantaine de protestants furent tués, et environ 150 blessés par les troupes du duc de Guise. Cette affaire ouvre l’ère des guerres de religion en France. Le massacre de Vassy intervient 6 semaines après la signature de l’édit de janvier 1562 par lequel le roi autorisait les protestants à se rassembler publiquement à l’extérieur des villes pour célébrer leur culte.

[7] Le massacre de la Saint-Barthélemy est le massacre de protestants déclenché à Paris, le 24 août 1572, jour de la saint Barthélemy, prolongé pendant plusieurs jours dans la capitale, puis étendu à plus d’une vingtaine de villes de province durant les semaines suivantes. Cet événement des guerres de Religion résulte d’un enchevêtrement complexe de facteurs, aussi bien religieux et politiques que sociaux. Il est la conséquence des déchirements militaires et civils de la noblesse française entre catholiques et protestants, notamment de la vendetta entre le clan des Guise et celui des Châtillon-Montmorency. Il est le résultat d’une sauvage réaction parisienne, ultra-catholique et hostile à la politique royale d’apaisement. Il reflète également les tensions internationales entre les royaumes de France et d’Espagne, avivées par l’insurrection aux Pays-Bas. Pendant longtemps, la tradition historiographique a fait du roi Charles IX et de sa mère, Catherine de Médicis, les principaux responsables du massacre. Faute de sources, les historiens sont restés longtemps partagés sur le rôle exact de la couronne. Ils retiennent aujourd’hui que seuls les chefs militaires du clan protestant étaient visés par l’ordre royal. Dès le matin du 24 août, Charles IX avait ordonné l’arrêt immédiat des tueries mais, dépassé par la fureur du peuple, il n’avait pu les empêcher.