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L’histoire pour le plaisir

Michel Servet

lundi 5 juillet 2021 (Date de rédaction antérieure : 9 novembre 2012).

Michel Servet (1509-1553)

Médecin

Michel Servet Médecin

Il est né à Villanueva de Sigena [1] en Espagne. Il entrevoit le premier le système de la circulation sanguine. Mais il ne s’en tient pas à des recherches scientifiques et se laisse happer par les guerres religieuses de son temps, entre catholiques et protestants.

Dès l’âge de 20 ans, il développe des idées très personnelles sur le dogme de la Sainte Trinité dans un petit livre publié en 1531 sous le titre “De trinitatis erroribus”.

Il entame une correspondance discrète avec le réformateur protestant Jean Calvin et publie en 1553 “Christianismi restitutio” en réplique au livre fondamental de Calvin “L’Institution chrétienne”. Ses détracteurs l’accusent d’aller dans ce livre jusqu’à nier la divinité du Christ, comme les arianistes [2] du 4ème siècle.

Tandis qu’il sert l’évêque de Vienne en Dauphiné [3] en qualité de médecin, un ami de Calvin le dénonce à l’Inquisition catholique en dévoilant la correspondance entre les deux hommes. Il est arrêté mais arrive à s’échapper et ne trouve rien de mieux que de se cacher à Genève [4], où Calvin impose au nom de la Réforme protestante une très sévère discipline morale.

Il est arrêté encore une fois. Son procès donne lieu à un débat très vif. Le Grand Conseil de Genève consulte les autres villes suisses avant de prononcer la condamnation à mort. Calvin se rallie aux partisans de la condamnation faute de pouvoir faire autrement. L’époque ne se prête guère à la tolérance et à la libre discussion, tant du côté protestant que du côté catholique.

Le 26 octobre 1553, il est condamné au bûcher comme hérétique par le Grand Conseil de la république de Genève. Il est brûlé le lendemain à Champel [5], aux portes de la ville.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Valentine Zuber, Les conflits de la tolérance. Michel Servet, entre mémoire et histoire, Paris, Honoré Champion, 2004.

Notes

[1] Villanueva de Sigena est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon comarque de Monegros.

[2] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[3] L’archidiocèse de Vienne est un ancien archidiocèse de l’Église catholique en France. Le diocèse de Vienne est le plus ancien de Gaule crée par Saint-Crescent au milieu du 1er siècle. Il est érigé en archidiocèse au milieu du 3ème siècle. Son premier évêque attesté est saint Avit, élu vers 475, mort vers 525. Cet archidiocèse est supprimé par la Constitution civile du clergé et n’est pas rétabli à la suite du Concordat de 1801.

[4] Genève, ville suisse située à l’extrémité sud-ouest du Léman. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich. Elle est le chef-lieu et la commune la plus peuplée du canton de Genève. Dès 1526, des marchands allemands propagent à Genève les idées de la Réforme luthérienne parmi les commerçants genevois ; la même année, Genève signe un traité de combourgeoisie avec Berne et Fribourg. Sous l’influence de Berne, Genève accepte de laisser prêcher des prédicateurs dans la ville, dont Guillaume Farel en 1532. Le 10 août 1535, la célébration de la messe catholique est interdite et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents s’attribue le droit de battre monnaie à sa place alors que la ville est à nouveau menacée par la Savoie. La Réforme est définitivement adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l’obligation pour chacun d’envoyer ses enfants à l’école. Genève devient dès lors le centre du calvinisme et se trouve parfois surnommée la « Rome protestante »

[5] Champel est un quartier résidentiel de la ville de Genève, en Suisse. C’est sur cette colline que Michel Servet fut brûlé vif le 27 octobre 1553. Un monument expiatoire y a été élevé en 1903.