Il est considéré comme le fondateur de l’historiographie italienne. Il apparaît, à bien des égards, comme le pendant italien de Mabillon
Archiviste-bibliothécaire ducal à Modène [1], travailleur érudit infatigable, Ludovico Antonio Muratori est l’un des plus grands savants italien du 18ème siècle. Il est un des pères de la méthode historique scientifique moderne, construite sur de fortes exigences philologiques et la pratique systématique des références textuelles, bases indispensables de la critique historique.
Après des études à Modène au collège des Jésuites à partir de 1685 et auprès du grand érudit Benedetto Bacchini , bibliothécaire du duc, il se rend, en septembre 1695, à Milan [2], dont il découvre la riche vie intellectuelle.
Il est accueilli en qualité de docteur à la Bibliothèque Ambrosienne [3] ; il tire un extraordinaire profit des innombrables manuscrits qui y sont conservés et commence à s’intéresser à l’histoire médiévale, qui constituera l’une de ses préoccupations essentielles tout au long de sa vie.
De retour à Modène en 1700, il est nommé archiviste et bibliothécaire ducal par le duc Renaud III de Modène . Durant la guerre de Succession d’Espagne [4], alors que Modène est occupé par les Français de 1702 à 1707, les archives entières à peine réorganisées doivent être transférées et c’est à Muratori d’en prendre soin. L’année 1707 est aussi celle d’une intense activité diplomatique qui prépare l’occupation du Comacchio [5] par les armées du prince Eugène. Cette année marque un profond tournant pour Muratori, il découvre l’Histoire et se passionne pour elle.
Ses œuvres majeures datent des années 1723/1743, quand il publie 3 grandes collections de documents, “les Rerum Italicarum Scriptores, les Antiquitates Italiacæ Medii Ævii (1738-1743) et le Novus Thesaurus Veterum Inscriptionum (1738-1743)”, auxquelles il faut ajouter la première grande histoire de l’Italie de l’époque moderne, publiée en italien, “les Annali d’Italia (1743-1749)”.
Parmi ses découvertes importantes, il faut rappeler la mise en valeur d’un fragment de manuscrit qui contient la plus ancienne liste connue à ce jour des écrits du Nouveau Testament [6], appelé de ce fait Canon de Muratori [7].
Malgré sa grande érudition, Ludovico Muratori maîtrisait mal les langues étrangères, ce qui restreignit au fil du temps son réseau épistolaire à l’espace italien. En effet, à cette époque, les langues de communication les plus usuelles étaient le français et le latin. La tendance de Muratori à répondre dans sa langue maternelle à ses correspondants étrangers limita de ce fait l’ampleur de ses échanges avec des érudits non-italophones.