Membertou avait forgé entre les Micmacs [1] et la France une alliance durable, cruciale pour la traite des fourrures. Il avait de plus contribué à l’établissement permanent de la colonie française, en Acadie [2], en offrant protection à l’Église catholique.
Membertou était le sagamo [3] d’une bande micmaque qui chassait et pêchait dans le district de Kesputwitk [4].
Membertou était également autmoin de sa tribu, ce qui lui conférait des pouvoirs de guérison et de prédiction de l’avenir.
Après l’échec de Sainte-Croix [5] et le déménagement de l’établissement à Port-Royal [6] en 1605, Français et Micmacs se retrouvent au contact sur un même territoire mais les rapports sont aussitôt cordiaux.
Les Français furent accueillis par le grand chef des Micmacs, Membertou.
Membertou se lie d’amitié avec les colons et participe régulièrement aux festins de l’Ordre du Bon-Temps [7] au cours desquels, grâce à ses rudiments de français, il charme l’auditoire par sa parole imagée, sa franche gaîté et surtout le récit de ses aventures.
En 1607, la France abolit le monopole de Pierre Dugua de Mons pour le commerce des fourrures ; en conséquence, les colons durent quitter l’habitation de Port-Royal. Le 11 août 1607, la garde de Port-Royal est confiée à Membertou, qui pendant 3 ans protègera l’établissement des pillages, jusqu’au retour de Jean de Poutrincourt en 1610.
Membertou a été le premier autochtone à être baptisé en Amérique du Nord, le 24 juin 1610, avec 21 membres de sa famille par l’abbé Jessé Fléché . M. de Pontrincourt, qui le tint sur les fonts baptismaux, le nomma du prénom de Henri, en l’honneur du roi de France Henri IV.
Une polémique provoquée par des jésuites fit jour 2 ans plus tard car ils estimaient que les préparatifs préalables à un baptême n’avaient pas été respectés, Membertou ne comprenant pas assez le français et l’abbé Fléché ne parlant pas le micmac.
Membertou meurt de dysenterie à Port-Royal le 18 septembre 1611. Charles de Biencourt, alors responsable de Port-Royal, lui fit des obsèques solennelles, à l’image de celles rendues en France aux seigneurs et aux grands capitaines.
Les missionnaires Jésuites parviennent à dissuader Membertou de se faire enterrer auprès de ses ancêtres. Peu avant sa mort, il demande à être enterré parmi les Français. Ses dernières volontés sont que ses enfants demeurent de fervents chrétiens. La conversion du grand chef au catholicisme influence de façon durable la culture micmaque. Ses restes reposent dans le vieux cimetière catholique de Port-Royal.