Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 16ème siècle > Henri Membertou ou Mabretou

Henri Membertou ou Mabretou

vendredi 18 octobre 2024, par lucien jallamion

Henri Membertou ou Mabretou (1510-1611)

Sagamo d’une bande micmaque près de Port-Royal en Nouvelle-Écosse actuelle

Membertou avait forgé entre les Micmacs [1] et la France une alliance durable, cruciale pour la traite des fourrures. Il avait de plus contribué à l’établissement permanent de la colonie française, en Acadie [2], en offrant protection à l’Église catholique.

Membertou était le sagamo [3] d’une bande micmaque qui chassait et pêchait dans le district de Kesputwitk [4].

Membertou était également autmoin de sa tribu, ce qui lui conférait des pouvoirs de guérison et de prédiction de l’avenir.

Après l’échec de Sainte-Croix [5] et le déménagement de l’établissement à Port-Royal [6] en 1605, Français et Micmacs se retrouvent au contact sur un même territoire mais les rapports sont aussitôt cordiaux.

Les Français furent accueillis par le grand chef des Micmacs, Membertou.

Membertou se lie d’amitié avec les colons et participe régulièrement aux festins de l’Ordre du Bon-Temps [7] au cours desquels, grâce à ses rudiments de français, il charme l’auditoire par sa parole imagée, sa franche gaîté et surtout le récit de ses aventures.

En 1607, la France abolit le monopole de Pierre Dugua de Mons pour le commerce des fourrures ; en conséquence, les colons durent quitter l’habitation de Port-Royal. Le 11 août 1607, la garde de Port-Royal est confiée à Membertou, qui pendant 3 ans protègera l’établissement des pillages, jusqu’au retour de Jean de Poutrincourt en 1610.

Membertou a été le premier autochtone à être baptisé en Amérique du Nord, le 24 juin 1610, avec 21 membres de sa famille par l’abbé Jessé Fléché . M. de Pontrincourt, qui le tint sur les fonts baptismaux, le nomma du prénom de Henri, en l’honneur du roi de France Henri IV.

Une polémique provoquée par des jésuites fit jour 2 ans plus tard car ils estimaient que les préparatifs préalables à un baptême n’avaient pas été respectés, Membertou ne comprenant pas assez le français et l’abbé Fléché ne parlant pas le micmac.

Membertou meurt de dysenterie à Port-Royal le 18 septembre 1611. Charles de Biencourt, alors responsable de Port-Royal, lui fit des obsèques solennelles, à l’image de celles rendues en France aux seigneurs et aux grands capitaines.

Les missionnaires Jésuites parviennent à dissuader Membertou de se faire enterrer auprès de ses ancêtres. Peu avant sa mort, il demande à être enterré parmi les Français. Ses dernières volontés sont que ses enfants demeurent de fervents chrétiens. La conversion du grand chef au catholicisme influence de façon durable la culture micmaque. Ses restes reposent dans le vieux cimetière catholique de Port-Royal.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Eric Thierry, La France de Henri IV en Amérique du Nord. De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Honoré Champion, 2008.

Notes

[1] Les Micmacs ou Mi’kmaq ou Mi’gmaq sont un peuple autochtone de la côte nord-est d’Amérique, faisant partie des peuples algonquiens. Il y a aujourd’hui 29 groupes distincts de cette ethnie au Canada, et une seule bande, la « Aroostook Band of Micmacs (bande de Micmacs d’Aroostoock) », aux États-Unis. Arrivés il y a plus de 10 000 ans, ces « premiers humains », comme ils se nommaient, venus de l’Ouest via le détroit de Béring, étaient déjà présents dans cette partie du monde bien avant l’arrivée des Vikings puis des Européens. Les Micmacs se sont progressivement installés dans la péninsule de la Gaspésie au Québec. Puis, ils conquirent plusieurs régions du Canada, à savoir : la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, une partie du Nouveau-Brunswick et l’île de Terre-Neuve.

[2] Nouvelle-France

[3] Grand Chef

[4] un des 7 districts micmacs de l’époque et correspondait au sud de la Nouvelle-Écosse actuelle (comtés de Digby, Annapolis, Queens, Shelburne et Yarmouth

[5] L’île Sainte-Croix est un site historique international situé maintenant aux États-Unis, situé près de l’embouchure du fleuve Sainte-Croix, qui forme une partie de la frontière internationale séparant l’État américain du Maine de la province canadienne du Nouveau-Brunswick. L’aristocrate français Pierre Dugua sieur de Mons a établi une colonie sur l’île Sainte-Croix en juin 1604 sous l’autorité du roi de France. Ce poste était la première tentative française de colonisation permanente dans le territoire qu’ils ont appelé l’Acadie. Samuel de Champlain faisait partie de l’expédition de Mons sur la petite île. Le printemps suivant, après un hiver dur et la mort de 35 hommes, soit le tiers de l’équipage, dû au scorbut, l’établissement fut transféré sur un nouvel emplacement sur terre ferme appelé Port-Royal. En 1608, Samuel de Champlain ainsi que de nombreux colons ont transféré leur établissement plus loin sur le Saint-Laurent qui deviendra plus tard la ville de Québec.

[6] Port-Royal fondée en 1605, fut la capitale de l’Acadie jusqu’en 1710 quand, après sa capture par les Anglais, elle fut renommée Annapolis Royal. Port Royal devient l’endroit le plus peuplé de l’Acadie durant les premiers cent ans de son existence. Port-Royal fut victime de la lutte pour la conquête de l’Amérique du Nord. Elle changea souvent de souverains jusqu’en 1710 où elle devient britannique. La population fut déportée par les Britanniques à l’automne 1755.

[7] L’Ordre de Bon Temps est instauré par Samuel de Champlain durant l’hiver 1606-1607. Son but premier était d’insuffler de la vie et de l’activité dans l’Habitation de Port-Royal. Il s’agissait surtout de faire profiter les hivernants de Port-Royal des plaisirs de la table. Il est considéré comme le premier club social et gastronomique de l’Amérique. Les viandes cuisinées provenaient de la chasse au gibier dans les alentours de Port-Royal, à savoir colvert, oie, perdrix, orignal, caribou, castor, loutre, ours, lapin, chat sauvage et raton laveur.