Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Sebastiano Costa

dimanche 4 août 2024, par lucien jallamion

Sebastiano Costa (1682-1737)

Avocat et homme politique corse

Il est notamment connu pour ses Mémoires qui racontent le règne de Théodore de Neuhoff dit Théodore 1er dont il fut grand chancelier, secrétaire d’État*.


Né à Ajaccio [1], dans le Palazzo Costa, situé en face de la cathédrale. Il est le fils de Giovanni Valerio et de Francesca Maria Costa. Apparenté aux Bonaparte [2], il porte le prénom de son ancêtre maternel, Sebastiano Bonaparte.

En 1712, il épouse Maria Virgina Baciocchi, apparentée aux Colonna [3] de Bozzi [4] et aux Ornano [5].

Laissant la jouissance du patrimoine familial à son frère cadet, Francesco Maria, il s’établit à Gênes [6], où il exerce la profession d’avocat. Il y fréquente les milieux éclairés et notamment Girolamo Venoroso qui sera gouverneur de la Corse et Doge [7].


Dès 1729, Sebastiano Costa suit de Gênes les événements qui marque le début de la révolution des Corses contre la république de Gênes de 1729 à 1769. Bien informé, il s’indigne des projets des assemblées génoises, des accusations de corruption du prince de Wurtemberg et de l’emprisonnement des chefs insulaires au mépris de la garantie impériale.


Le 29 septembre 1732, il quitte Gênes en renonçant à sa carrière et sa fortune pour s’installer à Livourne [8] où il fréquente le milieu des exilés et tout particulièrement les deux principaux, le général de la nation Corse Luigi Giafferi et le chanoine Erasmo Orticoni . Il se lie d’amitié avec le capitaine Antonio Francesco Giappiconi, venu à Livourne avec le corps expéditionnaire espagnol venu préparer la succession de l’infant Don Carlos le futur Charles III d’Espagne à la succession de Jean Gaston de Médicis.

Il se consacre alors à l’expédition d’armes vers la Corse et aux entreprises de rapprochement de rapprochement des insurgés avec l’Espagne.

L’hiver de 1734, Giafferi, Costa, Orticoni et Giappiconi rencontrent Théodore de Neuhoff à Livourne au moment où les visées espagnoles se reportent de la succession toscane vers la conquête de Naples [9] dans le cadre de la guerre de succession de Pologne [10].


Le jour de Noël 1734, il s’embarque clandestinement pour la Corse en compagnie du capitaine Giappiconi où il débarque pour rejoindre la maison du capitaine le vendredi 31 décembre suivant.

Les deux hommes retrouvent LuigI Giafferi qui les avait précédés et avec lequel il tente de structurer la seconde phase de la révolution et d’organiser un embryon de gouvernement dans les pièves de marine [11].

Costa participe activement à la vie politique insulaire et est notamment élu Auditeur de la Corse au sein d’un gouvernement provisoire placé sous l’autorité de Luigi Giafferi et Hyacinthe Paoli et prépare autant qu’il le peut l’arrivée de Théodore de Neuhoff.


Lors de l’arrivée de ce dernier le 20 mars 1736, il participe activement à son élection. il est très probablement le co-auteur de la constitution du royaume dont il devient grand chancelier et premier ministre de fait.

Le samedi 10 novembre 1736, il s’embarque à Solenzara [12] avec Théodore parti presser et hâter les secours, sans lesquels il ne fallait pas penser que les peuples voulussent agir.

Revenu à Livourne pour y attendre le retour de Théodore en écrivant des Mémoires destinées à raffermir la monarchie qu’il avait contribué à créer, il s’y ’éteint le 7 octobre 1737.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Thierry Giappiconi, De l’épopée vénitienne aux révolutions corses : Engagements militaires et combats politiques insulaires (xve – xviiie siècles), Ajaccio, Albiana, 2018.

Notes

[1] Ajaccio est une commune française, préfecture du département de la Corse-du-Sud et chef-lieu de la Corse. Elle se situe sur la côte ouest de l’île, à 390 km de Marseille. La ville, dont la fondation date d’avant le 6ème siècle, connaît un déclin important durant le Moyen Âge notamment durant les premiers siècles de domination génoise. Les Génois refondent la ville en 1492 qui se développe autour de la citadelle. Ville d’importance moyenne par rapport à Bastia ou même Corte jusqu’au début du 19ème siècle, elle connaît un développement important à partir du Premier Empire lorsque Napoléon 1er décide de faire de la ville la préfecture du département unique de la Corse en 1811.

[2] La famille Bonaparte est une famille patricienne corse originaire d’Italie, reconnue noble en France sous l’Ancien Régime et devenue maison impériale à la suite de l’élévation de Napoléon Bonaparte à la dignité d’empereur des Français le 18 mai 1804. Avec Francesco Bonaparte, la famille s’implante dès la fin du 15ème siècle en Corse et plus précisément à Ajaccio. Francesco Bonaparte, dit Moro ou encore Moro de Sarzane (le Maure), soldat dans la cavalerie génoise, et arrière-petit-fils de Giovanni Bonaparte et d’Isabella Calandrini, est mentionné dans cette ville dès 1490 comme arbalétrier. Les Bonaparte, citadins et membres du conseil des Anciens d’Ajaccio à partir de 1616, exercent principalement des fonctions de juristes et d’administrateurs pour la république de Gênes ou pour les seigneurs locaux. On comptera parmi eux des notaires, des hommes de loi, des greffiers, des militaires (mercenaires, arbalétrier, soldat). Ils siégeront au conseil des Anciens d’Ajaccio. Ils s’allieront à des familles occupant des charges similaires.

[3] La famille Colonna est une famille princière italienne de la Rome médiévale et renaissante, ayant fourni trois papes (Jean XII, Benoît IX, Martin V) et de nombreux cardinaux, et qui avait les Orsini pour rivaux.

[4] branche des Cinarchesi, rameau de la maison d’Ornano. Cette seigneurie disparaît progressivement à partir de 1615. Son château, qui dominait la vallée du Taravo, était édifié sur le territoire de la commune actuelle de Guitera-les-Bains.

[5] La famille d’Ornano est une famille subsistante de la noblesse française, d’ancienne extraction, originaire de Corse. Plusieurs de ses membres se sont illustrés en France à partir de François 1er, sous Henri IV, Louis XIII et les deux empereurs, Napoléon 1er et Napoléon III, dont notamment trois maréchaux de France.

[6] Gênes est une ville italienne, capitale de la Ligurie, premier port italien et deuxième port de la mer Méditerranée. Gênes est située sur le golfe de Gênes, partie septentrionale de la mer de Ligurie. La ville correspond à l’inclinaison de l’arc de cercle formé à cet endroit par la côte. Au nord de la ville commencent les Apennins, débouchant à proximité sur la plaine du Pô. Gênes offre une façade méditerranéenne au nord de l’Italie, à 193 km de Nice au sud-ouest, à 155 km de Milan au nord et à 518 km de Rome au sud-est.

[7] À Gênes, la dignité de doge fut créée en 1339 et fut d’abord conférée à vie, le tout premier doge fut Simon Boccanegra ; le doge devait être de famille plébéienne et de la faction gibeline. En 1528, Andrea Doria fit décréter qu’on élirait un nouveau doge tous les deux ans et qu’il serait choisi parmi les familles aristocratiques, ce doge devait partager le pouvoir avec un conseil de 400 membres, le Sénat, choisis dans la noblesse et un censeur et deux consuls. Les Spinola, les Doria, les Grimaldi, les Imperiali, les Durazzo, les Balbi, les Pallavicino mais aussi les Lomellini, les Brignole-Sale sont les plus célèbres de ces derniers doges. Gênes cessa d’avoir des doges en 1797, le dernier fut Giacomo Maria Brignole Sale, seul doge élu deux fois, en 1779 et en 1795, lors de l’occupation de cette république par les armées françaises. En 1802, à l’image de la France, la République ligurienne se dota d’un doge, membre de la famille des Durazzo.

[8] Livourne est une ville d’Italie, située en Toscane. Livourne était à son origine un petit village de pêcheurs, sur la côte Tyrrhénienne, dans une petite baie naturelle, à quelques kilomètres au sud de l’embouchure de l’Arno et de la ville de Pise. Il faudra attendre 1500 et l’arrivée des Médicis, Grand-duc de Toscane, pour assister à l’explosion démographique et commerciale de Livourne. En 1587, Ferdinand 1er, frère de François 1er de Médicis et fils de Cosme 1er, prend la charge de grand-duc. C’est à lui que la ville doit son statut de port franc, et dès lors, les échanges commerciaux connurent une augmentation vertigineuse.

[9] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[10] La guerre de Succession de Pologne eut lieu de 1733 à 1738. À la mort d’Auguste II en 1733, son fils, Auguste III, et Stanislas 1er, ancien roi de Pologne déchu en 1709, beau-père de Louis XV, se disputent le trône.

[11] le versant maritime de la Castagniccia

[12] Sari-Solenzara est une commune française située dans la circonscription départementale de la Corse-du-Sud et le territoire de la collectivité de Corse. La commune portait le nom de Sari-di-Porto-Vecchio jusqu’en 1985. Constituant l’extrémité septentrionale de l’ancienne piève de Porto-Vecchio, la commune littorale de Sari-Solenzara se trouve à mi-chemin entre Porto-Vecchio et Aléria, au pied des aiguilles de Bavella.