Fils de Brian Garnett et oncle de saint Thomas Garnet, le jeune Henry étudie au collège de Wincester [1] et travaille comme apprenti dans une imprimerie pendant 1 an avant d’entreprendre le voyage à Rome pour y entrer dans la Compagnie de Jésus [2], le 11 septembre 1575.
Après son ordination sacerdotale Garnet enseigne les mathématiques et l’hébreu au Collège Romain [3], où il remplace pendant 2 ans Christophe Clavius, âgé et devenu infirme.
Le 8 mai 1586, il quitte Rome en compagnie de Robert Southwell et débarque clandestinement en Angleterre, à Folkestone [4], le 18 juillet. Sa première tâche est d’organiser, avec Southwell, le travail pastoral clandestin des prêtres revenus dans leur pays, et de préparer des filières pour envoyer à l’étranger, jeunes et séminaristes qui veulent se préparer au sacerdoce.
Les risques sont grands : la grande majorité des quelque 150 prêtres entrés en Angleterre entre 1581 et 1586 ont été arrêtés et exécutés. Garnet lui-même, dès le 3 août 1586, doit remplacer comme Supérieur de la mission, William Weston, qui a été arrêté. Il le restera jusqu’à son arrestation, 20 ans plus tard, en 1606.
Bien que perpétuellement en danger, sans résidence fixe et adoptant divers déguisements, Garnet fait montre de grand dynamisme : le nombre de jésuites qui échappent à l’arrestation augmente, il ouvre une imprimerie à Londres comme façade à ses autres activités [5], il organise une filière de sortie du pays pour des jeunes qui veulent devenir jésuites, il organise un fonds de secours pour les prisonniers catholiques. Il trouve même le temps de rédiger des opuscules de dévotions.
Les lettres périodiquement envoyées au Supérieur Général Claudio Acquaviva donnent des informations détaillées sur les persécutions subies par les catholiques anglais durant les 20 dernières années du règne d’Élisabeth 1ère, les aventures des prêtres traqués, ses entrevues secrètes avec eux, les arrestations et exécutions. Elles parlent également de sa profonde amitié avec Robert Southwell.
Depuis 1604, un groupe de catholiques anglais, insatisfaits de ce que le roi Jacques Stuart, contrairement à ses promesses, ne rétablit pas les catholiques dans leurs droits, organise un complot qui vise à éliminer le roi ainsi qu’un grand nombre de personnalités protestantes en faisant sauter le parlement durant sa session d’automne 1605.
Un des comploteurs consulte un jésuite en confession sur la licéité de causer la mort involontaire d’innocents pour une cause grave et juste. Garnet, auquel le casus conscienciae est référé met en garde contre les conséquences de ce complot, entré dans l’histoire sous le nom de conspiration des poudres.
Le complot est découvert et échoue. Les comploteurs sont arrêtés. Sous la torture, un comploteur révèle que le père Garnet était au courant du complot. Celui-ci est arrêté le 27 janvier 1606. Il est accusé de complicité.
Au procès, le père Garnet se défend en invoquant le secret de la confession. Il n’était pas en mesure de parler, et ne connaissait d’ailleurs pas les détails de la préparation de l’attentat.
Le procès est conduit de façon peu régulière. Beaucoup estiment qu’il est innocent. Il n’en est pas moins condamné à être pendu et démembré. Le père Garnet est exécuté le 3 mai 1606.